Un stylo très léger, sans aucun renflement : on peut espérer une machine à écrire longuement et sans fatigue rapide.

Mais dans un stylo, il n’y a pas que la forme, le toucher, la matière, l’odeur et la couleur, il y a aussi la plume bien sûr. J’aurais parié sur une Bock courante, de ces bonnes plumes qu’on voit partout mais à propos desquelles on ne peut pas s’empêcher de grognasser rituellement par réflexe quand on en reçoit une, et qu’elles sont toutes pareilles et qu’on sent rien et ragnagna et tout et tout.
Eh ben non, perdu. J’avais demandé une fine à Fred, il m’en a proposé une travaillée et affinée par Bock selon ses spécifications (je sais que pas mal d’entre vous utilisent également cette même plume), très fine et plus souple que les autres. Eh ben mes cocos, cette plume est une petite merveille. Une longue plume n° 6 très fine, très douce, bien alimentée. Elle trace un trait très net, elle est aussi très moelleuse. Je sais qu’il est d’usage de parler pour un oui pour un non aujourd’hui de semi-flexible. Si on peut en appuyant bien obtenir une bonne variation de la largeur du trait - je ne considère pas en ce qui me concerne qu’appuyer fort soit particulièrement agréable - je retiens surtout le moelleux de cette plume et sa précision en écriture normale rapide. Je n’ai pas grand chose à faire de la flexibilité, si on veut jouer un peu des pleins et des déliés, on peut sans aucun problème, mais je demande d’abord une plume vivante, nette, avec du répondant, qui se contrôle bien, qui puisse permettre de conserver une écriture légère sans appuyer. Je suis comblé avec cette plume. J’ai bien ragnassé durant une heure quand je l’ai reçue, obligé avec une Bock, on est vraiment injuste avec ces plumes, rançon de leur quasi-hégémonie, parce que je trouvais qu’on ne sentait pas grand chose, je la trouvais trop douce pour une fine, enfin vous voyez le truc, quoi. Et puis c’est parti. Prise en mains progressive du Pétrarque après les petites crampes du début, je ne le lâche plus à présent. Il n’est jamais loin, il m’arrive de le sortir pour griffonner trois mots. Plus ça va, plus j’ai de plaisir à m’en servir, plus cette plume me plaît, et pourtant je fais l’intéressant en jouant les difficiles. Vraiment, et je pèse mes mots, cette plume fine est une petite merveille, qui de plus accepte parfaitement les quelques encres différentes dont j’ai rempli le convertisseur. J’ai commencé par de la Private reserve Copper burst assortie à la couleur de l’ébonite pour après d’autres essais stabiliser avec de la Syo-Ro, mon encre préférée, magnifique sous cette plume, ce qui n’était pas gagné avec une très fine.
Une très heureuse surprise, quoi. Il y a peu de stylos avec lesquels j’aurai ressenti une telle affinité. Quelques vieux Waterman, Sheaffer, Pelikan ou Montblanc, quelques Pilot/Namiki, mes Optima chéris…

Il faut bien un petit bémol : jusqu’ici, j’ai trouvé la couleur de l’ébonite assez triste. J’ai demandé à Fred s’il serait possible d’éventuellement laquer le stylo - c’est évidemment possible - mais je crois que je commence à m’habituer à cette couleur qui par ailleurs est plus lumineuse et vivante sous un éclairage artificiel chaud qu’en lumière du jour. On verra bien. Je crois que j’aimerais bien un jour changer l’agrafe pour une faite à la cire.
Il y a quelques années, quand j’avais vu les premiers Pétraque (pétard, j’arrive pas à écrire PétraRque !), je me demandais comment Fred, même avec un stylo parfaitement réfléchi, allait s’en sortir avec un stylo aussi simple au milieu de la meute flamboyante et clignotante. On connaît une de ses réponses : le travail acharné d’artisan, la recherche sur la laque et maintenant la cire perdue. Et j'avoue que du coup, je suis bien curieux du PKS.
Une photo vite fait sans tralala pour accompagner ces lignes et rendre le blabla moins austère. Je remets aussi celle aussi trop vite faite un autre soir, déjà postée.
Enfin, j’ai déjà dû le dire, le nom du stylo lui va si bien…
Jimmy