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Les celluloids
Posté : 13 juin 2010 18:43
par jpeg
J’en attends un
> comme celui-là >, dans cette belle, classique et très connue couleur Moss agate.
Du coup, plongé dans la contemplation des celluloids anciens, je me demande une fois de plus pourquoi les fabricants n’utilisent plus, à de rares exceptions près, ces matériaux superbes aujourd’hui alors qu’il en est toujours de disponibles (par exemple
http://www.americanartplastics.com , l’excellent David Nishimura si je me souviens bien). Je sais bien qu’ils sont plus chers, moins faciles à fabriquer en grande série, qu’ils ont quelques inconvénients bien connus. Je sais bien que les temps ont changé, que les formes ont évidemment évolué, que les goûts sont différents, qu’on travaille et apprécie d’autres matières.
Mais bon. Quand on a en mains certaines pièces des années 30, même sans parler de pièces extraordinaires, même en restant dans la production courante de l’époque, peu de plastiques soutiennent aujourd’hui la comparaison. Richesse sans égal des couleurs et des motifs, relief incroyable, transparence, profondeur, subtilité, toucher incomparable (ah, la main d’un celluloid...). Même les simples noirs sont beaux, beaucoup plus beaux, plus profonds et plus agréables dans la main avec leur toucher doux et chaud que leurs équivalents modernes en plastique ordinaire ou en "résine précieuse"

. Il en est qu’on ne se lasse pas de regarder, on plonge dans des motifs quasi-vivants, et les photos, même les meilleures, ne leur rendent pas souvent justice.
Parmi les beaux plastiques auxquels je pense, Conway Stewart par exemple utilise de belles résines. Mais même là, on n’atteint souvent pas la finesse de certains celluloids.
Parmi les fabricants modernes, Brian Gray d’Edison utilise le celluloid (il y a sur son site un bon article sur les matériaux). De tête, comme ça au débotté, il ne m’en vient pas d’autres, vous en voyez quelques-uns ? En dérivant, en dehors des matériaux classiques, ébonite, etc..., je me demandais quels matériaux d’aujourd’hui vous paraissaient intéressants.
Jimmy
Re: Les celluloids
Posté : 14 juin 2010 12:23
par jpeg
J'avais oublié Omas et quelques italiens.
Une des multiples choses qui rend plaisant le celluloid classique, c'est la finesse avec laquelle on peut tourner le matériau. Sur le lien américain ci-dessus, on voit une "binde" de Pelikan, qui doit faire à peu près 3/10ème de mm d'épaisseur. Quand on compare par exemple les Conway Stewart en acrylique, le capuchon est très épais et donne une impression de forme assez lourde là où les vieux capuchons en celluloid sont bien plus minces.
J
Re: Les celluloids
Posté : 15 juin 2010 05:57
par Loositen
En fait quels sont les matériaux privilégiés aujourd'hui dans la construction des stylos? la résine non? je n'y connais pas grand chose je dois dire...
Re: Les celluloids
Posté : 15 juin 2010 08:50
par jpeg
Pour faire simple sinon simplet, je ne suis pas chimiste, quelqu'un corrigera ou complètera peut-être, la plupart de ce qu'on trouve, qu'on appelle "plastique" ou plus noblement '"résine", (une des bases du commerce, on ne dit pas plastique, on dit "résine"

), doit être une variation d'acrylique. Ce qu'on trouve aujourd'hui sous l'appellation de celluloid est souvent de l'acétate de cellulose quand le celluloid d'antan est du nitrate de cellulose.
En plus du lien du premier message où on trouve quelques explications simples et des pages sur la mise en oeuvre de chaque matériau, celluloid, caséine..., quelques autres qui traînent dans mes favoris, d'intérêt inégal :
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L'article de Brian Gray, lien déjà donné ici.
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Un message sur FPN. Il y en a plein d'autres en cherchant, certains assez bien documentés.
Je voulais en mettre d'autres, je pensais quelque part en avoir pas mal sur le sujet, mais il faudrait que je remette la main dessus.
J
Re: Les celluloids
Posté : 15 juin 2010 12:40
par Moskva
jpeg a écrit :
Du coup, plongé dans la contemplation des celluloids anciens, je me demande une fois de plus pourquoi les fabricants n’utilisent plus, à de rares exceptions près, ces matériaux superbes aujourd’hui alors qu’il en est toujours de disponibles (par exemple
http://www.americanartplastics.com , l’excellent David Nishimura si je me souviens bien). Je sais bien qu’ils sont plus chers, moins faciles à fabriquer en grande série, qu’ils ont quelques inconvénients bien connus. Je sais bien que les temps ont changé, que les formes ont évidemment évolué, que les goûts sont différents, qu’on travaille et apprécie d’autres matières.
[...]
Parmi les fabricants modernes, Brian Gray d’Edison utilise le celluloid (il y a sur son site un bon article sur les matériaux).
De tête, comme ça au débotté, il ne m’en vient pas d’autres, vous en voyez quelques-uns ? En dérivant, en dehors des matériaux classiques, ébonite, etc..., je me demandais quels matériaux d’aujourd’hui vous paraissaient intéressants.
Mora Stylos en utilise quelques variantes pour sa marque Oldwin ; Les celluloids proviennent egalement de la societe American Art Plastics, tout comme pour Edison. Il semble meme qu'a l'occasion des 80 ans de la marque, la gamme se soit legerement etendue.
A vrai dire, je ne desespere pas d'obtenir un stylo dans ce fameux celluloid "Dark Tortoise" - la matiere du stylo pour lequel mon experience s'est mal deroulee aupres d'Edison - et il se peut que l'instrument provienne finalement de Mora Stylos a la faveur d'un prochain passage sur Paris.
Re: Les celluloids
Posté : 16 juin 2010 13:58
par loic
Moskva a écrit :
Mora Stylos en utilise quelques variantes pour sa marque Oldwin.
Les Celluloids utilisés chez Mora Stylos, comme les résines, sont réellement fabuleuses. Ce sont des couleurs vraiment originales car André Mora se procure des stocks de matières non suivis pour la plupart. Du coup on trouve chez lui des coloris originaux qui sortent vraiment des couleurs "habituelles".
Pour le celluloid, je trouve personnellement que c'est la transparence qui reste l'atout numéro 1, largement devant la sensation tactile qui est pour moi en tout cas comparable à celle de la résine voire de la laque urushi ; il n'y a guère qu'avec des matériaux comme le bois, l'argent et l'ébonite sans laque urushi où je trouve une vraie différence tactile.
Le celluloid permet d'être traité en feuille que l'on replie et que l'on "colle" : il y a donc beaucoup plus de transparence car la feuille peut être très fine ce qui est moins le cas dans un bloc de matière qui est évidé à l'intérieur et à l'extérieur pour créer le corps et le capuchon (tournage).
Dès qu'il y a un peu de lumière, le celluloid devient translucide ; avec la résine, c'est souvent plus sombre à lumière identique. L'inconvénient de la feuille qui est assemblée, c'est que l'on voit la ligne de jointure comme sur la photo ci-dessous : il s'agit des Platinum en celluloid.

De gauche à droite, les noms sont : Calicot, Jade, Koi, Tortoise. Plus le motif est important, plus la ligne est visible. Sur le modèle Jade il est très difficile de la repérer.
Re: Les celluloids
Posté : 16 juin 2010 14:11
par jpeg
Je ne suis pas totalement d'accord sur le toucher : certains celluloids ont vraiment un toucher particulier, différent de la résine. C'est subtil, certes, mais c'est là. Je ne sais pas, c'est peut-être dû aussi aux irrégularités ou au tournage, il y a souvent une sensation très différente d'une résine injectée.
Vos Platinum sont-ils collés sur un support, ou assemblés "de bout" ? De bout, la surface de collage serait certainement trop petite, même avec une mise en forme préalable. Il y a peut-être alors aussi la possibilité, comme avec le bois, de faire des assemblages en biais, ce qu'on appelle scarf, les deux parties à coller biseautées pour offrir plus de surface de collage ? Je parlais de capuchons très minces, ou de d'entourage de corps très minces, là, ils sont tournés.
On voit dans le lien d'American art plastic plus haut des blocs utilisés pour les stylos de M. Mora.
J
Re: Les celluloids
Posté : 16 juin 2010 14:30
par loic
jpeg a écrit :Vos Platinum sont-ils collés sur un support, ou assemblés "de bout" ? De bout, la surface de collage serait certainement trop petite, même avec une mise en forme préalable. Il y a peut-être alors aussi la possibilité, comme avec le bois, de faire des assemblages en biais, ce qu'on appelle scarf, les deux parties à coller biseautées pour offrir plus de surface de collage ? J
En regardant attentivement ils sont bien collés sans biseaux : le responsable Platinum m'avait d'ailleurs signalé toute la difficulté technique pour réaliser cet assemblage. Ce n'est de toute façon pas très épais et cela doit être difficile de faire un biseau ?
Je demanderai quand même plus de détails sur la façon dont les parties du celluloid sont assemblées chez Platinum...
Re: Les celluloids
Posté : 16 juin 2010 15:05
par jpeg
loic a écrit :Je demanderai quand même plus de détails sur la façon dont les parties du celluloid sont assemblées chez Platinum...
Si ce n'est pas un secret d'état, je serais curieux de savoir comment ils font. N'étant pas technicien, ces collages sur des surfaces très réduites m'étonnent toujours. Il est vrai que comme le plastique est mis en forme avant, les contraintes doivent être réduites, mais quand même, on raboute des surfaces minuscules.
J
Re: Les celluloids
Posté : 20 juin 2010 09:14
par jpeg
Je ne sais pas si vous avez posé la question aux gens de chez Platinum, j'avais oublié l'autre jour de vous demander si cette feuille de celluloïd mise en forme et collée constituait à elle seule le corps même du stylo ou si cette feuille mince était collée sur un tube-support ? D'autre part, comment est réalisée l'extrémité effilée et arrondie des stylos, j'imagine qu'elle est tournée et qu'il y a un raccord visible avec le corps ?
Quand je regarde les anciens, ils sont tournés. Visuellement, ce n'est pas la transparence qui me frappe d'abord, c'est l'impression de relief, de profondeur, de netteté, l'impression que des matériaux différents se mélangent, se déplacent lentement, se repoussent et finalement s'harmonisent, que des morceaux de couleur et de matières flottent, tourbillonnent, se déforment et tournent les uns autour des autres, passent les uns au-dessus des autres. C'est une impression que je retrouve plus rarement sur les celluloïds modernes, comme si les celluloïds anciens étaient plus "riches", plus nets tout en se fondant ensemble.
Plus riches : quand je regarde la classique couleur moss agate dont je parle dans la revue du Waterman 94, j'y trouve des verts différents, nacrés, du bronze pailleté, des veines de noir très nets. Même chose pour le rouge et or. J'avais eu un choc le jour où j'avais reçu le Chilton dont je parle aussi dans la rubrique Vintage tellement ce motif est beau. C'est la même chose quand je regarde le Doric et son celluloïd ligné, son indéfinissable bleu. Quand on voit des Leboeuf, on est à genoux. J'ai l'impression de rarement retrouver cette richesse aujourd'hui même si les couleurs sont belles. Ce n'est peut-être qu'une impression parce que je les connais moins bien. Les celluloids modernes que j'ai aperçu me donnent souvent l'impression, peut-être fausse, d'être plus proches des belles résines qu'on connaît (je parle en général, il en est de nets), comme la très belle Heather de mon Conway Stewart : beaucoup de transparence, quelque chose de plus flou, de plus fondu et de moins tranchant que les celluloids dont je parle.
Jimmy
Re: Les celluloids
Posté : 03 août 2010 11:12
par loic
Voici en complément la photo et le commentaire de Monsieur Fukuoka chez Platinum : on voit mieux les différentes étapes dans la réalisation du celluloid assemblé comme une feuille.
Ce qui est surprenant, c'est la façon dont ils assemblent la feuille de Celluloid pour faire le capuchon.

Re: Les celluloids
Posté : 03 août 2010 11:21
par jpeg
Vraiment super, merci. Ca pose plus de questions à présent que ça n'en résoud ! C'est très étonnant. Quand est-ce qu'on va faire une visite au Japon ?
Jimmy
Re: Les celluloids
Posté : 04 août 2010 09:37
par Leibniz
par contre les explications ne sont pas en anglais... Ça y ressemble mais la grammaire n'est pas au rendez-vous
En tout cas c'est intéressant de voir comment ils font!
Re: Les celluloids
Posté : 04 août 2010 10:33
par loic
Oui l'anglais version Japon laisse parfois un peu à désirer ; du coup la traduction oblige à prendre un parti pris et je préfère laisser à chacun le choix de l'interprétation. Il n'empêche que l'on peut aussi demander des explications complémentaires. En ce qui me concerne, tout n'est pas très clair : pourquoi la masse de celluloloid au départ n'intègre pas de blanc ? J'imagine qu'elle est mélangée avec une masse de celluloid identique mais blanche ? Bref, pas de mal de questions en suspens encore...