Pas grand bruit dans la rue ce soir. Tout le monde doit regarder la bande à Evra tricoter des gambettes. Ma première Coupe du monde, c’était Wembley en 66. Charlton et Beckenbauer dans une télé qu’il fallait alimenter avec des pièces de monnaie. La Coupe du monde, c’est d’abord un truc de gamins.
J’ai ressorti mon Pelikan M400, > celui essayé ici >. Il y a bien quatre mois qu’il dormait avec un paquet d’autres, en vrac dans un couvercle de boîte. Bon dieu, comment ai-je pu oublier comme nous étions si bien ensemble ? On regarde vaguement de gros stylos bien chers et bien compliqués quand un petit stylo de quelques grammes, remonté avec une très belle plume facile, moelleuse et énergique des années 50 fait si bien le travail. Je rêvasse, j’écris durant une heure sans presque m’en apercevoir, je copie un beau paragraphe d’Alessandro Baricco.
J’ai mis de la Callifolio Inti dedans. J’ai reçu l’autre jour plusieurs bruns, l’Inti est de loin ma préférée. Les Callifolio sont parfois un peu aqueuses à mon goût, celle-ci va bien à l’humeur du soir. C’est un brun très chaud, doré, très léger, transparent, presque de l’aquarelle. Comme toutes les couleurs qui tirent vers le jaune, elle apparaît bien plus claire, fragile, dans la lumière artificielle de la nuit. Elle sera plus foncée demain matin à la lumière du jour. Cette teinte légère va bien à l’humeur du soir. Inti. Ca sent le soleil, un soleil léger du matin sur les hauts plateaux, le voyage. Je préfère les encres un peu plus soutenues, mais la légèreté et la douceur de celle-ci sont parfaites ce soir.
J’ai un peu de mal à écrire en brun en ce moment. Trop terreux, les bruns m’ennuient. Difficile d’en trouver un qui garde de l’éclat comme je les aime. Même la Copper burst, trop inconstante, ne trouve pas grâce à mes yeux depuis un moment. Il est difficile de trouver un brun bien équilibré.
J’ai acheté un seul stylo en 6 mois. C’est bien, hein ? Hier, j’ai craqué pour un joli petit Waterman 92 en celluloid rouge, or et noir des années 30. Et je négocie pied à pied pour un beau 94. Merde, ça va recommencer !
Du coup, je repense à un vieux fil que j’avais écrit sur ce forum « Si je ne devais en garder que 20 ». Ce soir, je vivrais très bien avec deux ou trois. Allez, disons 6, et je vous l’emballe

Tiens, rien que pour emmerder Tumulus

Jimmy
Plus tard : tiens encore, j’ai trouvé une comparaison pour cette jolie Inti. Une de mes clientes m’apporte ce matin de minuscules mandarines qu’elle a élevées, grosses comme l’ongle du pouce, atrocement amères et immangeables, qu’elle a fait confire en désespoir de cause. Un pur délice à présent, la suavité du fruit et la longueur en bouche du reste d’amertume. On se croirait en Orient. L’Inti ressemble exactement à une de ces mandarines confites, un brun très orangé transparent. Sa couleur est juste un peu moins intense et acidulée. Fin de la promenade gastronomique à travers les encres.