Ce soir je tiens à vous présenter un stylo plume sans marque. Je le tiens de ma Grand-Mère dont les quatre-vingt dix-huit ans ont sonné le mois dernier. Elle l’a utilisé dès sa jeunesse. Sans doute a-t-il servit a écrire des lettres destinées à mon Grand-Père durant la seconde guerre mondiale. Il était alors prisonnier derrière les lignes de front.
Lorsque ma Grand-Mère me l’a confié, l’ébonite était terne, le conduit était brisé et la plume manquait. En l’ouvrant, le sac ou plutôt de la poussière de caoutchouc et d’encre séchée s’est échappée. Tout comme elle, il a traversé le temps avec ses peines, ses joies.
Ma Grand-Mère m’a pour ainsi dire élevé. Je ne peux rien faire pour ma Grand-Mère ; si ce n’est lui apporter de l’Amour et de la joie de vivre. Alors je lui ai promis de prendre soin de son stylo plume. Je l’ai nettoyé. Une application de Miror (celui destiné à l’argenterie) lui a redonné un peu d’éclat, mais pas trop, pour lui préserver son intégrité. Je l’ai ensuite confié à Monsieur Mora qui lui a retrouvé un conduit, une plume or et un sac sans dénaturé l’instrument d’écriture.
C’est curieux, en remettant le stylo dans les mains de ma Grand-Mêre son regard s’est illuminé. Elle était heureuse, ses yeux me disaient merci. Mais elle ne s’en souvient déjà plus.
Aujourd’hui ce stylo est mien et grâce à ma Grand-Mère ce stylo plume reprend son chemin. Je lui cherche désormais un socle.

