
Mon plaisir d’écrire au stylo plume ne date pas d’hier. Mes professeurs en sont sans doute à l’origine. Dès la primaire, ils exigeaient l’utilisation de cet instrument. J’essayais tous les stylos plume de mes camarades de classe. Du bon, du moins bon. Sans regrets aucun, je revenais toujours à mon Waterman. Mes quelques années d’études m’ont permis notamment de façonner, d’assouplir sa plume acier. A tel point que sa pointe semble légèrement usée par la tenue en main. Aujourd’hui, je n’utilise plus l’encre bleue effaçable qui nous était imposée. Cette couleur a été remplacée par une encre noire.
Une bonne partie de mon premier salaire a été amputée par l’achat d’un stylo à l’Etoile blanche. Il fallait bien marquer le coup. Un modèle fin avec le capuchon clipsable (Meisterstuck n° ??). Lignes pures, classiques et indémodable

Près de vingt années ont passées. Un jour le Waterman, un autre jour le MB. Le temps passe vite (disent les hommes. Les hommes passent vite, dit le temps). Jusqu’au jour ou je découvre un Graf en argent massif


Oui mais voilà, suite à une longue histoire d’eau ma sœur décide de me faire un cadeau. Eau me direz-vous ? Ni une, ni deux : eau = marine = ce sera un Sailor pour son Histoire et son ancre (et son encre). Hmmmmmmm ! Une pure merveille de glisse et de douceur…

Après l’eau, l’air. Un air palmé pour ne pas boire la tasse. Le livre qu’un certain caviste parisien me met entre les mains m’oriente fortement dans ma nouvelle chasse. Le bougre. Le volatile apparaît en pleine page, là, impudique dans sa robe transparente et son long bec. Il me lance 1005 appels : vient me voir… vient essayer ma plume souple et douce… Pan ! Me voilà pris au piège dans le nid de l’oiseau. Je suis cuit (cui, trop facile. Pardon.). Je suis faible.

Après le l’air, le feu. Le feu ? tilt ! Ebonite. Matière chauffée, caoutchouc vulcanisé. Feu = F. FF j’hésite. Pas longtemps. Le côté artisan amoureux de la matière conduit mes pas sur les chemins de Saint Maximin la Sainte Baume. La-bas je fais la rencontre heureuse d’un passionné généreux. Nous discutons longuement. Le contact est sensuel. La matière vit. (Je parle des stylos plume nous sommes bien d’accord, hein ?


Mon plaisir est aujourd’hui grandissant. Je prends conscience peu à peu que la main, la plume, l’encre et le papier ne font plus qu’un. Pour notre plus grand bonheur. Je dit ‘’notre’’ car aujourd’hui, en vous lisant je ne me sens plus seul. Grâce à vous, je mets des mots sur mes sensations. Je peux enfin les exprimer pour les partager voir les transmettre.

Mes filles commencent à me comprendre et prennent plaisir à tracer des lettres et sentir la caresse de l’écriture. La maladie est contagieuse, mais je n’ai pas envie de me soigner.

Merci à vous.
