La Résurrection selon St Matthieu
Posté : 07 juin 2024 21:43
Certes, nous ne sommes plus en période pascale. Pourtant voici une histoire de résurrection miraculeuse.
Ou comment deux Waterman's centenaires littéralement crucifiés par le passage du temps sont revenus à la vie...
Tout commence un matin de janvier sur une brocante, à la fraîche, pour ne pas dire à la lueur de la lampe électrique...
J'y découvre une plaque de marbre ébréchée et fendue sur laquelle trône un petit taureau de bronze et deux "desk pens"...
L'un est encore fiché dans le petit cône en laiton qui lui servait de support. L'autre se balade la plume à l'air, sans pudeur...
Je jette un oeil intéressé : Waterman's Ideal 5, Canada...
La plaque de marbre et le taureau sont en trop mauvais état et la brocanteuse en demande une fortune. Mais j'emporte les deux stylos pour une poignée d'euros... en me demandant ce que je vais bien pouvoir en faire. D'autant que je constate qu'une des deux sections est en miettes...
Une fois rentré chez moi, j'éparpille le lot façon puzzle (comme dirait Bernard Blier) pour me retrouver face à ça :

Tous les Desk Pens avaient un filetage au cul pour y visser une extension. Quand on ne l'utilisait pas, le filetage était masqué par un "blind cap". Inutile de dire que l'extension et le blind cap ont disparu... Quant au filetage, il est complètement explosé...
Ah oui, j'oubliais : il manque aussi les deux capuchons qui permettaient de transformer les deux desk pens en stylos nomades.

Bref, je me retrouve avec deux corps de Waterman's 55 habillés d'un laiton très fatigué, une section, deux conduits... et deux plumes n°5 miraculeusement préservées.
A cet instant j'oscille entre espoir et perplexité.
C'est là que je décide, comme chez Jean-Pierre Foucault, d'utiliser "l'appel à un ami".
Je dirais même plus : l'appel à un ami ALSACIEN. Oui, c'est le détail qui change tout...
Et non seulement je l'appelle, mais je lui écris aussi :

Qui dit résurrection dit renaissance...
Qui dit renaissance dit gestation...
Qui dit gestation dit attente...
Longue attente...
Les deux grands blessés sont désormais partis en convalescence vers l'Est.
Ils attendent leur tour dans l'antre de l'Artisan qui saura leur redonner vie.
Et puis un beau jour de printemps, je reçois une série de photos sur mon téléphone :

Le processus est en cours... Matthieu Faivet, tel Victor Frankenstein, est en train de reconstruire les membres manquants des deux Waterman's.
Et quelques jours plus tard, un 6 juin pour être historiquement précis, ledit Matthieu Faivet fait son débarquement, non pas sur les côtes normandes mais directement à Paris.
Matthieu a pris pour prétexte quelques centaines d'iridiums à retailler chez Points Plume. Mais moi JE SAIS qu'il est venu dans la capitale pour me donner mes deux Waterman's en mains propres (bien que tachées d'encre turquoise).
Et lorsque je les vois enfin, là dans leur petite marmotte, je ne peux m'empêcher de hurler en plein Champs Elysées :
ALLELUIA, ILS SONT RESSUSCITES !!!

Voici donc deux Desk Pens Waterman's 55 datant des années 1920 avec habillage en laiton - à ne pas confondre avec l'habillage en letton qui se dit : ģērbšanās (oui, je parle le letton couramment)...
Comme les Desk Pens n'ont ni pas de vis ni capuchon vissant, Matthieu a réalisé des répliques de capuchon à friction.
Tout est plus vrai que nature. Et il est rigoureusement impossible de distinguer la section originale de la section créée de toutes pièces.

Admirez cette merveilleuse ligne épurée. Rien pour venir la perturber. Aucune gêne pour les doigts.
Matthieu a dissimulé les culs abîmés derrière deux cabochons eux aussi en ébonite.

Et maintenant une petite comparaison avec un 55 que je possédais déjà :


Pour conclure, Matthieu a réalisé un travail d'une qualité exceptionnelle. Il s'agit autant d'une restauration que d'une création.
Ces deux plumes n°5 - très différentes l'une de l'autre, le méritaient, de même que ces corps habillés de laiton tout à fait uniques.
Nous avons beaucoup de chance d'avoir un artisan pareil en France. MERCI MAESTRO.

Ou comment deux Waterman's centenaires littéralement crucifiés par le passage du temps sont revenus à la vie...
Tout commence un matin de janvier sur une brocante, à la fraîche, pour ne pas dire à la lueur de la lampe électrique...
J'y découvre une plaque de marbre ébréchée et fendue sur laquelle trône un petit taureau de bronze et deux "desk pens"...
L'un est encore fiché dans le petit cône en laiton qui lui servait de support. L'autre se balade la plume à l'air, sans pudeur...
Je jette un oeil intéressé : Waterman's Ideal 5, Canada...

La plaque de marbre et le taureau sont en trop mauvais état et la brocanteuse en demande une fortune. Mais j'emporte les deux stylos pour une poignée d'euros... en me demandant ce que je vais bien pouvoir en faire. D'autant que je constate qu'une des deux sections est en miettes...
Une fois rentré chez moi, j'éparpille le lot façon puzzle (comme dirait Bernard Blier) pour me retrouver face à ça :

Tous les Desk Pens avaient un filetage au cul pour y visser une extension. Quand on ne l'utilisait pas, le filetage était masqué par un "blind cap". Inutile de dire que l'extension et le blind cap ont disparu... Quant au filetage, il est complètement explosé...
Ah oui, j'oubliais : il manque aussi les deux capuchons qui permettaient de transformer les deux desk pens en stylos nomades.

Bref, je me retrouve avec deux corps de Waterman's 55 habillés d'un laiton très fatigué, une section, deux conduits... et deux plumes n°5 miraculeusement préservées.

A cet instant j'oscille entre espoir et perplexité.
C'est là que je décide, comme chez Jean-Pierre Foucault, d'utiliser "l'appel à un ami".
Je dirais même plus : l'appel à un ami ALSACIEN. Oui, c'est le détail qui change tout...
Et non seulement je l'appelle, mais je lui écris aussi :

Qui dit résurrection dit renaissance...
Qui dit renaissance dit gestation...
Qui dit gestation dit attente...
Longue attente...
Les deux grands blessés sont désormais partis en convalescence vers l'Est.
Ils attendent leur tour dans l'antre de l'Artisan qui saura leur redonner vie.
Et puis un beau jour de printemps, je reçois une série de photos sur mon téléphone :

Le processus est en cours... Matthieu Faivet, tel Victor Frankenstein, est en train de reconstruire les membres manquants des deux Waterman's.

Et quelques jours plus tard, un 6 juin pour être historiquement précis, ledit Matthieu Faivet fait son débarquement, non pas sur les côtes normandes mais directement à Paris.
Matthieu a pris pour prétexte quelques centaines d'iridiums à retailler chez Points Plume. Mais moi JE SAIS qu'il est venu dans la capitale pour me donner mes deux Waterman's en mains propres (bien que tachées d'encre turquoise).

Et lorsque je les vois enfin, là dans leur petite marmotte, je ne peux m'empêcher de hurler en plein Champs Elysées :
ALLELUIA, ILS SONT RESSUSCITES !!!

Voici donc deux Desk Pens Waterman's 55 datant des années 1920 avec habillage en laiton - à ne pas confondre avec l'habillage en letton qui se dit : ģērbšanās (oui, je parle le letton couramment)...
Comme les Desk Pens n'ont ni pas de vis ni capuchon vissant, Matthieu a réalisé des répliques de capuchon à friction.
Tout est plus vrai que nature. Et il est rigoureusement impossible de distinguer la section originale de la section créée de toutes pièces.

Admirez cette merveilleuse ligne épurée. Rien pour venir la perturber. Aucune gêne pour les doigts.
Matthieu a dissimulé les culs abîmés derrière deux cabochons eux aussi en ébonite.

Et maintenant une petite comparaison avec un 55 que je possédais déjà :


Pour conclure, Matthieu a réalisé un travail d'une qualité exceptionnelle. Il s'agit autant d'une restauration que d'une création.
Ces deux plumes n°5 - très différentes l'une de l'autre, le méritaient, de même que ces corps habillés de laiton tout à fait uniques.
Nous avons beaucoup de chance d'avoir un artisan pareil en France. MERCI MAESTRO.


