Pas de bol, les derniers flacons arrivés étaient encore emballés dans le carton. Il me fallut patienter quelques affreuses heures et y retourner en sortant du bureau. Heureusement, que je suis à 5 mn à pied !
Je l'essaye sur place en la comparant à l'autre gris, la Fuyu-Syogun. Mais je reste sur la Kiri-Same.
Je m'aperçois alors que le flacon a l'air d'avoir déjà été en bonne partie utilisé, car le niveau est un bon centimètre sous l'épaule du flacon ! J'en fais part à la vendeuse qui s'en étonne aussi. Mais comme il n'en ont qu'un seul flacon, je le prends malgré tout. De plus, je sais déjà ce qui se passe, pour en avoir discuté. A ce moment, je sens que, tel Rouletabille, je vais élucider un mystère.
Bon, en fait, on en a déjà parlé ici, mais pas très clairement et voici les preuves.
Alors voilà. Tout est dans le verre. Un flacon en verre, même fabriqué industriellement, n'a pas une production parfaitement régulière. Il faut savoir que le verre est au départ une goutte en fusion qu'on laisse échapper du four et qui dévale une longue gouttière, passant par des aiguillages, pour arriver dans un des moules. Cette goutte n'a pas un poids parfaitement régulier. Par contre, comme elle est moulée et soufflée, le verre est plaqué sur les parois du moule. Ses dimensions extérieures, elles, sont à peu près régulières.
Mais au moment du soufflage, le verre se répartit de manière un peu aléatoire, selon le savoir faire de l'ouvrier, selon le choc thermique entre le verre en fusion et le moule refroidi, selon la température de l'air soufflé, etc.
Bref, si le volume externe du flacon est régulier, il n'en va pas de même pour le volume interne qui peut varier de plusieurs millilitres.
Maintenant, observez mes deux flacons. Celui de Kiri-Same n'a servi qu'une fois. Celui de Yama-Budo a déjà permis de remplir plusieurs fois des stylos.
Déjà, vous pouvez voir que la semelle de verre, l'épaisseur sous l'encre n'est pas la même dans les deux flacons. Celle de la Kiri-Same est plus basse.
Puis, vu du dessus, vous pouvez voir aussi que les épaisseurs n'ont pas la même répartition.
Tout cela fait qu'en vue de face, il paraît y avoir plus de volume interne dans la Kiri-Same. Mais ce n'est qu'une impression.
Si vous prenez un contenant quelconque et souple et que le pressez, vous voyez le niveau monter. C'est la même chose ici. L'épaisseur de verre vue du dessus n'est pas la même, ce qui change la surface projetée en vue de devant.
Je pense que ces encriers sont remplis industriellement et la variation de volume d'encre ne peut être que très faible. Tout est dans le verre.



