Pourquoi me direz vous ? Il ne s'agit que d'un stylo. Oui mais !
Un Mont Blanc Meisterstück 149, c'est le flagship, le navire amiral de cette marque.
Il n'a pas changé, depuis toujours un gros cigare noir avec un grain de beauté blanc en forme d'étoile à son sommet. ( Furoncle pour certains

Une forme est très élégante, innovatrice pour l'époque, elle n'est toute fois pas la signature de Montblanc. Elle était dans l'air du temps des 50 et elle l'est encore, il suffit de regarder les Aurora 88, Pilot et Sailor qui la font leur aussi.
Un monument dans le monde des stylos-plume, le meilleur, le plus beau le plus grand ...
celui que tout le monde aime ou déteste.
Un monument, une légende, je vous dis, l'Etoile de la Mort.
Il a été utilisé par les plus grands, il a signé les plus grand traités,

et il fût même admiré par un président français.

Alors je vais commencer par démystifier la bête, les miens ils signent les cahiers de notes de mes enfants et écrivent la liste des courses.
Le grand chef d’œuvre, il m'accompagne dans le train et sert à compléter les sudoku et mots croisés. Fidèle et toujours prêt !
Il est vraiment mon ami allemand.
Un peu d'histoire :
La famille des 140 succède à la gamme des 130 en 1948.
Ce nombre désignant le modèle a alors une signification,
- les centaines représentent la gamme : 1 pour Meisterstück, chef d’œuvre est donc le haut de gamme.
les dizaines le modèle : 3 pour alimentation à piston.
et les unités la taille de plume : 10 tailles, la 9 est l’extrême réservé au Meisterstück uniquement donc à la série 1xx.
Mais en 1948, point de flagship pour les 140, c'est encore le 139.
Ils sont disponibles en noir (on ne peut faire sans

Ils portent tous la mention Meisterstück ou Masterpiece, il semblerait qu'il y a des "chef d’œuvre" mais très rare. Les 3 bagues dorées sont présentes car c'est le haut de gamme que sont les Meisterstück.
En 1952 apparaît le 149, le modèle ultime qui continuera sa carrière jusqu'à ce jour, sans changement, alors que les autres s'arrêteront dans 60.
Il aura les mêmes attributs dorés que ses petits frères, mais sur les Masterpieces on trouve des modèles avec les bagues extérieures en argenté.
Il existe des modèles modernes ou anciens en or, ou en différents matériaux précieux. Moi, je l'aime en noir.
Sans changement, dites-vous ?
Ici, si on veut être précis, il faudrait parler des 149s et pas du 149 car le modèle va garder sa ligne mais changer du tout au tout.
Ne cherchez pas à réparer un 1950 avec des pièces de 2011 car plus rien ne correspond.

A titre d'exemple, la plume va évoluer de très flexible au modèle sans variation actuel, passant du 14C tricolore au 18k tricolore en passant par les 14C 2 couleurs, 14k 2 couleurs, 18k 2 couleurs ...

Le corps du stylo ne sera plus constitué d'une partie mais de 2, diminuant l'épaisseur de la paroi du réservoir et l'allégeant du même coup.


La taille variera aussi, en s'agrandissant sensiblement.
Le piston aura 3 variations, laiton, plastique, et métal doré.
Le bloc d'alimentation passera de l'ébonite ( avec plusieurs géométries) au plastique.
L'agrafe, elle-même, évoluera dans le temps mais par des détails.
On pourra même voir d'authentiques 149 sans l'étoile ! Trop "étoile de David" pour certains, je vous laisse seul juge.
Voici donc un vintage à destination des marchés musulmans :

Donc pris à part, toutes les versions se ressemblent mais l'une à côté de l'autre, on peut distinguer des différences, les savourer et se dire qu'un 149 ne suffit pas.
Pour identifier l'âge d'un 149, vous pouvez vous reporter sur cet excellent graphique sur FPN.
Ceux en ma possession :
Il s'agit d'un stylo-plume massif, rien à voir avec un Waterman CF :
Avec un taille de presque 15 cm de long, de 1,6 cm bague comprise, ce n'est pas petit. Et la plume fait 2,7 cm.
Mais je trouve qu'il tombe bien en main (et je ne les ai pas particulièrement larges) et pas si lourd, on le sent en main mais pas tant que cela. A mon goût, il ne s'agit pas d'un défaut, mais certains ne l'apprécieront pas suite à cela.
Les informations complémentaires :
Pour le diamètre du corps : environ 14 mm
Pour le poids : environ 30 gr avec le capuchon et 20 gr sans celui-ci. ( mais il y avait de l'encre dedans, la moitié à priori)
C'est donc un piston, et de grande contenance, il le faut vu que l'encre coule facilement. Ici, s'arrêteront les adeptes des cartouches, à tort car il peut en écrire des pages avant d'être vide. Il se remplit aisément, le système est simple : on dévisse, il se vide, on visse, il se remplit. Il faut seulement comme sur tous les modèles à piston garder la plume immergée dans le divin liquide.
Les 2 en ma possession sont des modèles des 80s (mi 80 et fin 80 pour être exact ) mais des "deux pièces", tout deux avec le bloc d'alimentation en ébonite, un 14C et un 14K.
La plume 14C (le 149 le plus ancien) est une fine semi flexible, mais elle est un peu plus sèche que l'autre, il semble que ce soit un défaut encore présent sur les EF et F. Je me félicite qu'un membre de ce forum s'en soit séparé, je l'en remercie encore, il se reconnaîtra.

La plume 14k est assez rigide mais douce comme du beurre, et aussi grasse que ce dernier. Elle glisse sur les feuilles, dispensant un flot régulier et abondant d'encre. Un régal, juste un peu trop épaisse à mon goût.
Donc d'excellentes plumes, cependant depuis la fréquentation de ce forum, mes goûts ont encore évolué : je chasse la plume "pinceau" ultra flexible ...
Ceci dit, faire un choix entre les deux, tout bonnement impossible, ce serait un "Le choix de Sophie" et pour être franc, d'autres 149 suivront ... il faudra attendre l'occasion et tomber sur une super flexible des années 50. ( quoiqu'un 139 mais trop cher

Mon grand regret au niveau des modernes, il n'est pas disponible en platinium, comme le 146.
Conclusion :
En dehors du battage médiatique, du fait que le commun des mortels ne connait que lui,
le 149 était, est et reste un superbe et très agréable stylo-plume.
Un "grand écrivain" fiable et facile, très loin de la star capricieuse qu'on peut s'imaginer.
Des concurrents, pour moi le King of Pen ( un objectif futur ), d'autres en trouveront dans la gamme de Pilot, Nakaya, Waterman, ...
mais surtout le 146 qui tel le phénix est réapparu en 1974 dans la gamme de Montblanc, en profitant au passage pour grandir, ceci est une autre histoire.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le démon.
L'excellent article de Barry Gabay n'est plus disponible sur FPN, le lien est mort mais j'ai posté le fichier.
Le graphique pour dater votre 149. de DKbRS sur FPN, un travail tout bonnement remarquable et très pratique.
Je tiens à remercier chaleureusement Daniele de FPN qui m'a autorisé à utiliser ses photos pour illustrer les modèles de 149.