Pour ma part, j'ai envisagé ce SDD "stylo-plume et technologie" ainsi : écrire au stylo-plume avec la technologie de notre temps.
Diriger la plume du stylo sur la feuille, et voir l’encre s’y déposer, concrétise au sens propre la matérialisation de la pensée.
Parfois, tout semble facile, les phrases se succèdent sans effort. D’autres fois, c’est laborieux : les ratures et ajouts envahissent le papier.
Ces remords et repentirs font pour moi partie de l’agrément, puisque, comme nous tous, aficionados qui arpentons ce forum, j’aime regarder et utiliser mon stylo et me régale du rendu de l’encre sous l’effet combiné du stylo-plume, du papier et de sa propre alchimie.
En tous les cas, à mon sens, l’utilisation apaisée du stylo-plume est propice à la réflexion, à la qualité de la rédaction.
Je le sais bien, il peut sembler plus simple d’utiliser les outils modernes de traitement de texte pour rédiger puis diffuser une prose - et c’est bien ce que je fais quotidiennement dans un contexte professionnel - il n’empêche, dès que cela m’est possible, surtout si c’est important, je reviens toujours à mon stylo-plume pour un premier jet rédactionnel ; A mon travail, j’ai pour cela un petit kaweco sport plume B bien commode.
Voici donc un scripteur bien traditionaliste et versant peut-être même dans le déni de son l’époque !
Et bien non, car, fan de science-fiction depuis toujours, j’ai eu le sentiment soudain, avec l’avènement du smartphone, de basculer dans un univers d’anticipation parallèle.
Et donc, je me sers de mon smartphone tout le temps et pour toutes sortes d’activités, comme consulter le forum SPO, ou bien virtualiser ce fameux texte que j’aurai pris tant de plaisir à coucher puis triturer sur le papier avec mon stylo plume.
Pour cela, j’ouvre sur mon précieux compagnon électronique une page Word vierge qui s’enregistre automatiquement dans le cloud et je dicte au programme de reconnaissance vocale.
C’est bluffant : orthographe, grammaire et conjugaison sont de mieux en mieux transposées par les IA tapies au fond du World Wide Web.
(Il faut dire que je trouve la recopie au clavier fastidieuse).
A gauche pendant la dictée, sous le smartphone, la première version toute raturée ; à droite le texte enregistré sur le cloud :
Il ne me reste plus qu’à m’asseoir face à l’ordinateur pour retrouver mon texte, qui ne demande plus que quelques corrections et mise en forme. (je peux aussi les appliquer depuis le smartphone, mais c'est moins rapide).
Parfois, le texte non aboutit mais beaucoup trop raturé repart pour une nouvelle étape de stylo-plume : j’imprime avec de grandes marges et, plutôt que de rester à mon clavier, je reprends avec plaisir le stylo pour une nouvelle version, quitte à en reporter ensuite les corrections au clavier, ou à les reprendre au smartphone pour une autre dictée si elles sont conséquentes :
Je laisse ensuite le texte finalisé poursuivre son existence virtuelle : doté du pouvoir de scissiparité, il pourra se dupliquer instantanément, sur un forum de calamophile par exemple …
Bon, ce résultat propre et lisible obtenu grâce à l’harmonieuse collaboration du stylo-plume, du smartphone, de l’ordinateur et de l’imprimante, me laisse un peu sur ma faim, car j’ai l’impression que mon texte est maintenant comme emprunté : trop propre et trop lisse.
Alors, si l’écrit me convient, je boucle la boucle en le recopiant soigneusement - disons du mieux qu’il m’est possible - au stylo-plume dans un joli carnet de papier japonais :
