* "Chet’ dun s’té z’âcries au bourié !" : Va donc déposer ces vieux objets démodés à la déchetterie ! (Le saintongeais des îles est une langue concise.)
Je vais donc élucubrer quelques lignes et quelques photos pour ce vilain petit canard qui fera tâche au milieu de toutes les conversations consacrées à des volatiles souvent bien plus prestigieux et cossus.

Capuchon ébréché, attributs plus ou moins oxydés, son corps fatigué est gravé de la marque PULSA PEN.

Une petite recherche me permet de trouver cette "réclame" qui m’apprend que le Pulsa Pen fut le fruit de la "synthèse des qualités premières de 4 grandes marques… de renommée mondiale". Je vous laisse examiner cette affiche empruntée à un vendeur ebay.
Je laisse discrètement pendant quelques jours, si les modérateurs le permettent, ce lien vers sa vente pour me faire pardonner cet emprunt sans permission.

Ce document nous apprend que le système de remplissage "à pulsation" faisait toute l’originalité de cet outil. Voyons cela.
Le système consiste en un soufflet de caoutchouc surmonté d’un réservoir en plastique transparent. A l’intérieur du soufflet se trouve une tige rigide qui en limite la compression. Un tube en aluminium ceinture le dispositif, ne laissant dépasser que la partie transparente. Pour remplir le stylo, on doit exercer une série de "pulsations" de haut en bas sur l’extrémité du mécanisme, jusqu’à ce que l’encre apparaisse à travers le plastique. Cet exemplaire est en bon état et semble, jusqu'à aujourd'hui, parfaitement étanche.
Au bout du compte, je ne sais pas si ce système était vraiment révolutionnaire en 1956 mais la contenance, sans être exceptionnelle, est effectivement relativement importante. La promesse publicitaire semble globalement tenue.


Bon, jusqu’à présent pas de quoi justifier une poussée de fièvre acheteuse. Le meilleur est à venir.
La "drôle de plume" de ce stylo a attiré mon attention. Je n’ai en effet encore jamais croisé de modèle similaire. Il convient cependant de mesurer cet enthousiasme à l’aune de mon inexpérience calamophile. Les habitués s'amuseront sans doute de ma naïveté.
Cette plume en très bon état est "Made in France", marquée d’un grand "R", "Warranted" on ne sait trop de quoi, or 14 Ct peut-être mais le marquage serait caché sous la section. Si c’est du plaquage, il est de bonne qualité et n’a pas encore disparu. La gravure reste cependant assez grossière. La pointe est protégée par une jolie goutte d’iridium. Ce qui fait, de mon point de vue, l’originalité de cette plume est qu’elle présente quatre "dents" (je ne sais pas si on dit comme cela), les deux dents centrales formant une pointe fine et souple.

Abreuvée d'encre Callifolio Bleu Ultramarine, la plume est juteuse, sans excès. Elle chuchote doucement au grain du papier, sans l'accrocher, glisse impeccablement. Elle présente beaucoup plus de flexibilité que ce à quoi je suis accoutumé.


J’ai pu écrire plusieurs pages sans fatigue. Malheureusement, je ne sais tirer parti de cette curieuse plume qui ne convient pas à mon écriture. Je me sens comme une poule ayant trouvé un couteau.
Après quelques recherches, j’ai trouvé une demi-douzaine de photos de ce stylo prises par un participant au forum fountainpennetwork. Son écriture est sensiblement plus agréable que la mienne et il semble bien s’amuser avec cette plume atypique; je vous laisse apprécier son exemple en suivant ce lien.
