Parfois, au détour d'un chemin, la chance vous sourit.
La découverte.
08 juillet 2013. La chaleur intense de cette belle journée d’été ne pousse pas à l’effort. Pourtant ma petite troupe s’engage dans les ruelles de Bonifacio (Corse du sud) à la recherche des curiosités locales. La ville est chargée d’Histoire et d’histoires. La visite se fait donc au rythme de nos découvertes à un pas lent mais décidé.
Soudain, la vitrine d’une boutique présentant des objets d’hier et d’autrefois me tend les bras. Ni une ni deux, je replace mes globes oculaires dans leurs orbites et ma langue alors tombée par terre. Je motive mon petit monde avec un argument de poids : la fraîcheur de la boutique !
Je pousse la porte. L’odeur caractéristique des objets anciens m’envahit, m’enivre. Immédiatement mon œil se positionne en mode ‘’Recherche’’. Il scanne centimètre par centimètre la boutique. La voûte arrondie abrite des armoires, des étagères, des vitrines, des tables basses, exposant une foultitude de choses. Tous sont examinés un à un.
Mon regard s’arrête devant une des vitrines. Paf, tel le chien de chasse je me fige. Il est là, placé dans un pot en métal argenté. L’excitation monte d’un cran, je perds mes mots : Excusez-moi de vous demander pardon, serait-il possible de voir plus près le chichemoutte qui guiz guiz dans le vrout vrout ? Je n’y tiens plus, l’aimable commerçante n’en finit pas de trouver la bonne clef.
Rester calme, ne pas trembler. Enfin, le précieux est dans mes mains! Il porte les inscriptions suivantes Stylomine 303 Made in France. Je dévisse le capuchon et découvre une plume dorée en bon état. J’entreprends alors de découvrir son mécanisme. La chance du débutant ! le sac accordéon, la capsule et sa protection métallique sont présentes et en excellent état. Je contiens mon émotion péniblement avant de poser la question qui tue (le prix). Gloups ! je m’attends au pire. Nouvelle surprise ! C’est décidément mon jour de chance, je sors le petit billet demandé. L’objet enveloppé glisse dans ma pochette avec moultes précautions.
La remise en état.
30 juillet 2013. L’objet est en bon état général (du moins à mon avis). Cependant j’entreprends de le démonter afin de le nettoyer. Le démontage du sac accordéon révèle la présence du tube de remplissage. Passage léger au chiffon doux humecté d’un peu de Miror pour les différentes pièces du corps, de la section et du bouchon. Trempage-rincage du sac accordéon, de la capsule (en plastique) et de la cage métallique. L’encre séchée se dilue peu à peu (une dizaine d’heures tout de même seront nécessaires). Le plus dur fût de déboucher le conduit. L’opération n’a pas été facile car je n’ai pas réussit à dissocier le conduit, la plume et la section malgré un trempage (en bonnet haut de forme). La peur de tout casser a été la plus forte. Par ailleurs, malgré mes précautions, la dorure de la plume n’a pas résisté au nettoyage. Seules quelques traces subsistent encore près des inscriptions : 303 Stylomine Iriduim Y2. Finalement après plusieurs tentatives de nettoyage-remontage-encrage-essais-démontage-nettoyage, le stylo-plume est remis en service.
Les essais
15 août 2013. Pour faire mes premiers essais, je décide d’encrer le précieux avec une encre sans réelle surprise : de la Waterman noire. Selon une ancienne notice trouvée dans un ouvrage, 6 pressions sont nécessaires pour remplir totalement le réservoir. Par prudence et économie d’encre, je n’exerce qu’une seule pression. Immédiatement l’encre s’engouffre dans la capsule pour en obstruer la quasi totalité des fenêtres indiquant le niveau d’encre.
Les nouveaux premiers pas sont timides. La plume que je situe entre fine et moyenne gratte un peu. Le papier utilisé est basique. J’insiste plusieurs jours afin de la roder. Finalement, je décide de changer l’encre au profit de la Take Sumi IROSHIZUKU. Au bout d’une ligne d’écriture le débit devient régulier, la plume se lubrifie et se met à courir sur le papier au rythme de ma main.
Après une quinzaine de jours d’utilisation, je me rend compte que l’état général de la bête permet un usage quotidien. J’appréhendais une fuite intempestive et de me retrouver maculé d’encre au beau milieu d’une réunion. Sans être d’une qualité exceptionnelle, la plume démarre au quart de tour. Elle m’offre aujourd’hui le doux plaisir de lui redonner du service.
Les caractéristiques du 303.
Il semble que la société Stylomine a commercialisé durant plusieurs décennies bon nombre de version du 303 (de 1930 à la fin des années 50). Avec les années les modèles ont évolué sur le plan de la matière (au début de l’ébonite, pour passer au fil du temps à ce qui me semble être du plastique), sur le plan esthétique (modification de l’agrafe et des embouts initialement carrés), et enfin sur le plan mécanique (disparition de la poire au profit d’une capsule en verre puis en plastique). Il est amusant d’apprendre qu’en 1947 la capsule alors en verre fut protégée par une cage métallique : le mécanisme prit alors le nom de ‘’pulseur à cage’’. Le modèle présenté correspond à la période des années cinquante.
Les dimensions :
Fermé : 13 cm
Ouvert : 11,7 cm
Diamètre capuchon : 14 mm
Diamètre corps : 11,5 mm
Longueur de la plume : 2 cm (à partir de la section)
Poids : désolé, je ne possède pas de balance de précision.
Mes connaissances en la matière n’étant que peu développées, n’hésitez pas à corriger les informations techniques.
Place aux photos :






