Pour finir, les 3 derniers des "Big Five".
Mabie Todd
UN des plus vieux fabricants de stylo, puisque la société a été créée dans les années 1840. Fabricant de crayons et de plumes en or, ainsi que de très jolis porte-plumes combinant les deux éléments, elle asseoit son commerce par la création de Mabie, Todd & Co. à New York en 1860. Elle prend très vite une dimension internationale, sa production en Angleterre (Première agence en 1884 à Londres) égalant quasiment celle des USA dès les années 1920. La production aux USA cessera au début de 1930, la fabrication et la qualité déclinant.En Grande Bretagne, la production cessera dans les années 50, comme pour bien d'autres.
Mabie Todd
Son premier stylo à réservoir, le Calligraphic est créé en 1878. Il est le début d'une longue lignée de stylos en ébonite prestigieux et munis de sublimes plumes flexibles.
Les gammes se déclinent en "Swann" ("Cygne"), surtout vendu aux USA, "Blackbird" ("Merle") plutôt vendue en Angleterre et "Swallow" ("hirondelle").
Elle produit à partir de 1925 une gamme "Eternal" dont les fleurons sont les grands 44, 46, 48, destinés à concurrencer les Ripple de Waterman.
Ici, deux porte-plumes extensibles, dont un à crayon intégré et destiné à porter un cachet à son extrêmité, quatre eyedroppers, un porte-stylo de poche (Avant le clip inventé par Waterman), deux Eternal, un 54 à anneau et un 44. L'Eternal 48 était aussi gros qu'un 58 Ripple.

Au début des années 20, on trouvera de très élégants plaqués argent ou or, très souvent équipés de twist-fillers. Les quelques productions de celluloid dès 1928 ne sont pas vraiment convaincantes, sauf exception.

Sheaffer
Au début des années 1900, A.Sheaffer est bijoutier à Fort Madison. Il vend des bijoux, des montres et occasionnellement des stylos, surtout des Conklin dont il n'aime pas la fragilité de la baghue.
Lueur de génie, il décide de remplacer cette bague par un levier articulé sur le corps du stylo, venant appuyer sur le sac contenant l'encre. Le "lever-fille" est né. Il brevette son invention en 1912 et crée sa compagnie en 1913.
Ses premiers stylos en ébonite ne se distinguent pas de la production courante. En revanche, dès qu'il peut produire des stylos avec sa propre formule de celluloid, il crée des formes qui resteront des références jusqu'à nos jours :
- le "flat-top", gros stylo cylindrique, plat à ses extrémités
- le "Balance", à la forme aérodynamique, complètement à l'opposé des canons de l'époque, mais qui attirera une foule de client par son originalité.
Il s'appuie aussi sur une démarche marketing très en avance :
- une plume de grande qualité, la "Lifetime", garantie à vie comme son nom l'indique
- la marque de la qualité, le fameux "point blanc" qui sera imité par Parker avec ses chevrons, Wahl avec son "Gold Seal", etc
Puis apparaîtront les fameuses plumes bicolores vers 1937.
Ici deux BCHR, trois flat-tops et quatre "balance" des années 25-30

Schaeffer comprend très tôt que le grand public n'est pas une source sûre de revenus. Toute son existence, il cherchera, ainsi que ses successeurs, des marchés permanents : les grands magasins, les travailleurs de l'écrit, l'armée, la grande distribution. Ainsi il créera des stylos pour l'école de sténographie Gregg, tout comme pour son concurrent Palmer, il créera la marque WASP (W.A.Sheaffer Pens) pour produire des stylos de moindre valeur vendus par Wal-Mart, Sears, etc. Et les autres compagnies l'imiteront.
Ici, deux WASP, un Balance tardif, 2 schnorkels, 2 touch down, 1 feather touch, 1 imperial et 1 targa.

Mais Sheaffer a aussi un grand sens du commerce et multiplie les modèles dédiés à des clientèles précises.
Ici, un set ayant appartenu à un femme de l'armée américaine en 1941 (Noter le clip militaire), et un des quelques modèles pour hommes de la gamme Skripsert en 1960, en bas un Schnorkel.

Sheaffer dédiera d'ailleurs la majeure partie de la gamme Skripsert aux dames, à partir de 1958, proposant une douzaine de motifs et couleurs déclinés sur des sets sans clip (Pourquoi mettre un clip qui risque de s'accrocher partout sur un stylo qui va dans un minuscule sac de dame ?). Étonnamment, ils gardent leur nom de conception technique, "Tulle XI white gold", "Black Paisley IV", etc
Ici un set et trois stylos Skripsert, ainsi qu'un Weave de 1964 (Avec clip !)

Et quoi de plus personnalisé que de recevoir le jour de son mariage dans les années 40 un set "Sentinel" muni d'une bague pour rappeler l'alliance ?

Et Sheaffer survit toujours. Mais combien de temps gardera-t-elle son âme ?
Waterman
Fondée à New York en 1883 par Lewis Edson Waterman (1837-1901) sous le nom de The Ideal Pen Company. En 1888, elle devient L.E.Waterman Company. Son premier modèle s'appelle "The Regular".
C'est le vrai inventeur du premier stylo-plume digne de ce nom grâce entre autres à son brevet sur les conduits en 1884. Celui-ci n'est plus désormais une catastrophe permanente et une rente de situation pour les lavandières et blanchisseurs.
Au début il fera appel à la Compagnie Aikin Lambert (ALCO) pour ses plumes, puis fera sa propre production.
Ici trois eyedroppers, (co)production Aikin Lambert : Un "Peerless", au catalogue de Sears en 1913 pour 1,08$, un Diamond Point à plume ALCO de 1912, et un Capitol de 1916.
Puis un Waterman 402 de 1908, trois eyedroppers Waterman à double bague or à "escargots", un 13, un 15 et un 16, puis un 12 à deux bagues lisses.

Le triomphe de Waterman dans les années 1910 jusqu'à 1930 est surtout dû à l'étendue de sa gamme : 10 plumes, de taille 1 à 10 (En fait il y aura peu de 7 et pas de 9), des eyedroppers, des safeties, puis, à partir de 1915, il créera son propre lever-filler (la fameuse "box" Ideal). Le clip, "Clip-Cap" est en option (payante, évidemment) à partir de 1906.
Le chiffre des dizaines donne le type, celui des unités la taille de la plume.
Et à l'intérieur d'une même taille de plume, il y aura plusieurs variantes. Donc des débnomination assez barbares au début, puis une grande réforme après 1916.
Ici, un 52 1/2 (fin), un 52v (court), un 52 sans anneau ni clip, un avec anneau et clip, un 0852v (Il porte un bague longue). Tous ont une plume n°2.
Puis un 14SF (Ancienne désignation), un 54 (Nouvelle désignation), un 55. Donc deux stylos avec plume n°4 et un à plume n°5.
On pourra
voir une présentation d'un numéro 18 dans ce fil.

Mais la grande consécration de cette période viendra des déclinaisons de couleur, avec tout d'abord les "mottled" mélange de rouge et de noir, qui aboutira aux premiers "Ripple".
Le succès des Ripple amènera sa déclinaison en bleu, olive et rose plus tard, mais à des tarifs défiant toute concurrence, aujourd'hui comme il y a 80 ans ! PLus recherchée encore, la gamme Cardinal, d'un rouge orangé unique.
Ici un 55 et un 52 1/2v Cardinal, puis un 12 1/2vs mottled, et un 51v, un 42 1/2v, un 52, un 94, un 7 RED et un crayon.

Le 7 RED correspond à une plume semi-flexible, la plus courante. La gamme 7 est bâtie sur un corps de 55. Jusqu'à 1927, Waterman utilisera un
code de couleurs pour la dureté de ses plumes.
Waterman continuera sa politique de gamme, tout en la simplifiant.
Ici par exemple, un 502 de 1946, un "cartouche de verre" de 1938, un set de sage-femme (Stylo, crayon et thermomètre ! Clip militaire) un set de nurse (Capuchon rouge=encre rouge pour les températures de nuit) des années 1940, trois W3 , la gamme moyenne de la production de 1948, et un Man 100 Opera pour fermer le ban !

