Pas d'impatience, tout vient à point à qui sait attendre.
Bon d'abord, je ne m'étendrai pas sur tout ce que les végétaux apportent à l'écriture. Pas d'étalage de connaissances sur les pigments naturels qui servent à fabriquer nos encres, ni sur les résines avec lesquelles sont fabriquées certaines laques, ni sur la pâte à papier, ni sur ... En revanche, faut-t-il vous rappeler l'apport décisif du roseau, Non ? L'homme (ce roseau pensant), a justement pu transcrire sa pensée avec le calame qu'il a fabriqué avec sa tige.
Alors, venons en à l'arbre, celui dont se moque ce roseau qui plie mais ne rompt pas.
Beaucoup d'objet qui gravitent autour de l'écriture sont façonnés en bois, surtout d'arbre.
Des plumiers et des coffrets,


des présentoirs,

Mais des stylos, serait-ce possible ? Et bien oui. En voici quelques-uns :
De gauche à droite ...

- Le n°7 de Matthieu en ébène du Mozambique
- Le 3776 Platinum en bruyère claire
- Le Omas Amérigo Vespuccci en bois de bruyère laqué
- Le Man100 en bruyère claire
- Le Man100 en ébène de Macassar
- L'Hokaïdo en loupe de Thuya
- Le Sheaffer Targa en Palissandre de Rio
- Mon cure-pipe fait maison en bambou du Haut-Gard (ouais, c'est pas un stylo, mais mon neveu trouve que c'est un bel objet).
Alors, avant d'aller plus loin, je vous inflige un petit résumé de ce que j'ai trouvé sur la toile à propos de ces bois.
Tous les arbres dont on tire ces bois sont des "dalbergia", une famille distincte de l'ébène alors qu'on appelle à tort le grenadille "ébène du Mozambique". Parmi les dalbergia du plus courant au plus précieux :
Les dalbergia decifularis et variabilis ou bois de rose,
Le dalbergia baronii ou palissandre de Madagascar,
Le dalbergia latifolia ou palissandre d'Inde.
On arrive aux dalbergia retusa ou cocobolo d'Amérique Centrale, et le dalbergia melanoxylon d'Afrique ou grenadille ou encore ébène du Mozambique (bien que ce ne soit pas une ébène), ces deux là sont des bois encore plus rares et précieux.
Enfin le plus rare, le dalbergia nigra de la côte atlantique du Brésil, communément appelé palissandre de Rio.
En raison d'une exploitation continue et d'abattages massifs, cette espèce a été décimée, ce qui justifie qu'elle ait été intégrée en 1992 dans les espèces à protection prioritaire de la Convention internationale de Washington. Le commerce du palissandre de Rio, victime de sa surexploitation, est désormais totalement interdit pour tous les spécimens coupés après 1992 (source insuffisante d'après Wikipédia).
Matthieu, si je me trompe n'hésite pas à me corriger.
En 1989, Sheaffer sort 38 nouvelles finitions de Targa. Parmi elles, 3 modèles dits "de luxe" ne vont être fabriqués qu'en 1989, le 1067a Laque emerald, guilloche, (mainly sold at Harrods about 60 pieces), le 1050 Palissandre de Rio, le 1083a Laque ivoire spiral, (mainly sold at Harrods about 100 pieces). Alors, pas étonnant que cette année là Sheaffer, dans sa recherche de finitions originales et raffinées pour ses Targa ait choisi le palissandre de Rio. Au passage, je signale qu'il me manque encore les deux autres. Alors, si vous voyagez un jour ..., Et s'il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu ... si ... si (vous en voyez un) ... si ..., vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste : Ecrivez-moi vite ....
Fabriqué une seule année, parmi 38 nouvelles finitions, dans un bois dont le commerce est désormais proscrit, grand-frère de 2 modèles vendus uniquement chez Harrods, et de surcroit fabriqué en France et juste 40 ans après la naissance de certain, c'est un des clous de ma petite collection à coté du Fred Force 10, du Laque Ivoire (slim), et du capless

N'est-il pas temps de revenir au 1050, le seul Sheaffer Targa en bois ?
Le voilà dans toute sa splendeur et sous divers éclairages :




Il ne vous a pas échappé que le 1050 est un Targa dit classic de la version 1 (voir la première leçon). Il diffère toutefois des autres Targa classic par son diamètre de 12 mm alors que tous les autres classic ne font que 11 mm, (le slim 8 mm).
Ici en comparaison avec le 1030 laque brown thuya à gauche :

Autres différences avec le même 1030, toujours à gauche,
L'anneau du cul est plus petit

Les bagues entre corps et capuchon sont plus larges

L'anneau de l'agrafe est masqué à l'intérieur du capuchon par l'habillage en palissandre

Quant à la plume, c'est la classique plume engravée des Targa, en or 18 ct puisque faite pour le marché français.





Encore une question ?

He bien cette question me taraudait, alors je l'ai posée à la vendeuse :
"Par curiosité, parce que je suis collectionneur de Sheaffer Targa, que c'est une finition peu fréquente, et que j'aime bien connaitre un peu de l'histoire des stylos qui entrent dans ma collection, pouvez-vous m'en dire un peu plus sur son origine, par qui il est passé, où l'avez-vous trouvé ?"
Elle m'a très gentiment répondu : "Oh...alors si je me souviens bien je l'ai acheté dans les années 85/90 dans une librairie papeterie à St Germain en laye..il m'a suivi dans mes déménagements, je l'ai gardé tout ce temps, mais je l'avais oublié au fond d un tiroir."
C'est un peu banal, mais si vous passez à St Germain en Laye, regardez bien s'il n'y a pas une boutique Harrods, s'il n'y a pas des tiroirs, si quelqu'un n'y a pas oublié quelque chose depuis 1989 ...
Et merci d'abord à Flo, et à ceux qui ont pu me lire et me supporter jusque là.