SDD du 20 octobre 2024 : vos textes poétiques préférés

[bpsl]

SDD du 20 octobre 2024

Poésie

Sans poésie les gens ont l’âme grise. Il n’est rien qui dessèche un être comme un oeil terne et poreux, étranger à la lumière. Toute beauté lui passe au travers. Partagez votre texte poétique préféré (en prose ou en vers), de préférence manuscrit par vos soins.

[jddegap]

Montblanc 149 or rouge
Pelikan 4001 noir brillant
Original Crown Mill 100% recyclé


Remords posthume

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse ;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

Te dira : " Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? "
- Et le ver rongera ta peau comme un remords.

Charles BAUDELAIRE


Jeanne Duval par Charles Baudelaire.

[silverado]

To see the world in a grain of sand
And a heaven in a wild flower
Hold the Infinity in the palm of your hand
And Eternity in an hour
William Blake[/size



"Musicien, assieds toi et écris un livre
Que tout le monde puisse lire"
Il dit et s'en alla.

Alors je cueillis un roseau
Je cueillis un roseau qui me servit de plume
Et, de l'eau transparente je fis de l'encre
Pour écrire des chansons si gaies, si gaies
Pour que tous les enfants soient contents de m'entendre.
William Blake
Les Chants de l'Innocence et de l'Expérience

[kaha]

Le début de The Raven, d’Edgar Allan Poe.
J’ai essayé d’écrire en cursive scolaire, je suis rouillée

[bpsl]

Voici deux textes :

Le premier est tiré de la Bible


Le second est tiré de Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand (je n'ai pas le temps de l'écrire...)

"Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? Se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? Une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?…
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir un encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : « Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ? »…
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"

Merci à tous pour votre passage ici

[bpsl]

Est-ce de la Kiowa Pécan que tu as utilisée ici ?

[silverado]

Est-ce de la Kiowa Pécan que tu as utilisée ici ?

Effectivement, c'est de la Kiowa Pecan, mais l'image a été travaillée tant en couleurs qu'en contraste…
Si la teinte ne me déplait pas, cette "BulletProof" ne résiste pas à un test d'aspersion

[mahault]

Je ne sais pas prendre de photo, et j'ai manifestement une âme grise dénuée de poésie (et dire que j'ai fait des études de Lettres, quel gâchis). Bref, ma contribution sera pauvre et oubliable. Pardon à Nerval pour lui emprunter ses mots.


Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

J'ai toujours aimé ce texte - surtout la première strophe en fait. Je n'aime plus qu'elle dans ce poème, puisque j'ai perdu celui qui m'a consolée il y a quelques années déjà. Je sais qu'il était le seul bon côté de ce qui fut moi. Il me reste le soleil noir et les ruines.

[bpsl]

j'ai manifestement une âme grise dénuée de poésie (et dire que j'ai fait des études de Lettres, quel gâchis). Bref, ma contribution sera pauvre et oubliable. Pardon à Nerval pour lui emprunter ses mots.

Je réalise que l'intitulé que j'ai choisi pour ce SDD peut prêter à confusion et même chagriner ceux qui ne se sentent pas d'attraction pour la poésie... Mes excuses contrites... et une explication sont nécessaires : la poésie, ce ne sont pas que des textes, mais aussi des choses. Aimer les stylos plumes, c'est déjà avoir quelque chose du poète... écrire ou dessiner aussi... Bref, je ne sais pas si c'est plus clair

[Eden]

En vacances, avec peu de matériel à disposition, je fais avec les moyens du bord.
Un de mes poèmes préférés de Baudelaire (il y en a tant!), écrit ici avec un TWSBI Eco 1.1 encré en Herbin Emeraude de Chivor :


En version "vintage", à l'endroit et avec les ombres de la nuit venant peu à peu dévorer le papier...

[lapislazuli]

Un peu en retard, un poème du russe Fiodor Tiouttchev, Silentium, qui date de 1829.
Mon alphabet cyrillique est un peu rouillé, et les ratures, c'est pas moi, c'est le chat !
Cette plume et ce papier ne s'aiment pas beaucoup en prime, pas de chance !

ESTERBROOK Relief Green Marble 2L
DIAMINE Sherwood Green
FLAME TREE foiled journal



Fiodor Tiouttchev
Silentium

Tais-toi, cache-toi et dérobe
Tes pensées, tes sentiments —
C’est assez que dans le fond de ton âme
Ils se lèvent et se couchent
Comme les claires étoiles dans les profondeurs de la nuit —
Admire-les et tais-toi.

Le cœur peut-il s’expliquer ?
Un autre peut-il te comprendre ?
Comprendra-t-il de quoi tu vis ?
La pensée exprimée est déjà un mensonge.
En faisant jaillir la source, tu la troubles, —
Bois-y longuement et tais-toi.

Sache vivre en toi-même —
Il y a dans ton âme tout un monde
De pensées mystérieuses, enchantées;
Le bruit du dehors les étoufferait,
Les rayons du jour les aveugleraient, —
Prête l’oreille à leur musique et tais-toi!..

[anneclaire]

je ne suis pas une lectrice de poésie (sauf si on considère qu'il y a une certaine poésie dans la science-fiction et c'est parfois le cas) mais il me reste quelques bribes de ma scolarité ...
et je redécouvre que j'aime beaucoup ce poème, notamment parce que le Rhin fait partie de ma géographie et de mon histoire familiale.

Guillaume Apollinaire, Nuit rhénane
avec Hokkaido raden Matthieu Faivet encré en Diamine Inkvent Yuletide (calendrier 2022 ?)



Mon verre est plein d'un vin tremblant comme une flamme

Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

[Mirifix78]

Un peu spéciale cette poésie, mais jolie mise en page, encre comme écriture, bien agréables à découvrir en compagnie de ce stylo à facettes nacrées.

[anneclaire]

Un peu spéciale cette poésie ...

Je crois que les femmes aux cheveux verts sont des copines de la Lorelei, un effet du "Rhin romantique" !

...en compagnie de ce stylo à facettes nacrées.

Merci Mirifix,
En fait il n'est pas réellement à facettes, c'est un effet d'optique, mais il est peut être un poil moins rond que le Hokkaido classique.

[chichil]

(…)
Merci Mirifix,
En fait il n'est pas réellement à facettes, c'est un effet d'optique, mais il est peut être un poil moins rond que le Hokkaido classique.

C’est bien dommage… L’idée des facettes me séduisait !

[silverado]

(…)
Merci Mirifix,
En fait il n'est pas réellement à facettes, c'est un effet d'optique, mais il est peut être un poil moins rond que le Hokkaido classique.

C’est bien dommage… L’idée des facettes me séduisait !

Moins rond (un poil) à cause des très légères surépaisseurs des lamelles de nacre je pense.
Pour le Rhin… Une transplantation à Perpignan ne serait pas de refus - même momentanée…

[mahault]

Je réalise que l'intitulé que j'ai choisi pour ce SDD peut prêter à confusion et même chagriner ceux qui ne se sentent pas d'attraction pour la poésie... Mes excuses contrites... et une explication sont nécessaires : la poésie, ce ne sont pas que des textes, mais aussi des choses. Aimer les stylos plumes, c'est déjà avoir quelque chose du poète... écrire ou dessiner aussi... Bref, je ne sais pas si c'est plus clair

Aucun problème ! Je sais que je ne suis pas créative pour deux sous et malgré plusieurs années d'études en littérature je n'arrive toujours pas à aimer la poésie ni à la trouver intéressante. Ce n'était pas une critique envers vous ! Ça me renvoie juste au deuil difficile (voire impossible) qui fait mon ordinaire depuis déjà quelques années. Et ce fut l'occasion de poster Nerval, la première strophe de ce poème m'étant chère.

[anneclaire]

(…)
Merci Mirifix,
En fait il n'est pas réellement à facettes, c'est un effet d'optique, mais il est peut être un poil moins rond que le Hokkaido classique.

C’est bien dommage… L’idée des facettes me séduisait !

Moins rond (un poil) à cause des très légères surépaisseurs des lamelles de nacre je pense.

oui je crois aussi

Pour le Rhin… Une transplantation à Perpignan ne serait pas de refus - même momentanée…

et même en période de basses eaux du Rhin j'imagine

[darazs]

Je copie régulièrement de la poésie dans mon carnet courant ou ailleurs...

Pour commencer - pour silverado (en transparence un mandala naif au feutre)


Toujours en langue anglaise - quelque chose qui me parle


Yves Bonnefoy est l'un de mes favoris depuis quelques années




Un peu de prose de Primo Levi (Et si était un homme) qui m'a marqué


Et qui me pousse à lire Dante Alighieri


Enfin, des textes que j'ai copiés et qui sont épinglés sur le mur qui me fait face.


Et cette citation de Michel Serres...

[darazs]

Un peu en retard, un poème du russe Fiodor Tiouttchev, Silentium, qui date de 1829.
Mon alphabet cyrillique est un peu rouillé, et les ratures, c'est pas moi, c'est le chat !
Cette plume et ce papier ne s'aiment pas beaucoup en prime, pas de chance !

ESTERBROOK Relief Green Marble 2L
DIAMINE Sherwood Green
FLAME TREE foiled journal



Fiodor Tiouttchev
Silentium

Tais-toi, cache-toi et dérobe
Tes pensées, tes sentiments —
C’est assez que dans le fond de ton âme
Ils se lèvent et se couchent
Comme les claires étoiles dans les profondeurs de la nuit —
Admire-les et tais-toi.

Le cœur peut-il s’expliquer ?
Un autre peut-il te comprendre ?
Comprendra-t-il de quoi tu vis ?
La pensée exprimée est déjà un mensonge.
En faisant jaillir la source, tu la troubles, —
Bois-y longuement et tais-toi.

Sache vivre en toi-même —
Il y a dans ton âme tout un monde
De pensées mystérieuses, enchantées;
Le bruit du dehors les étoufferait,
Les rayons du jour les aveugleraient, —
Prête l’oreille à leur musique et tais-toi!..