Je ne pense pas avoir de relation "affective" avec mes stylos plumes.
Pendant ma scolarité et mes études scientifiques, les PC n'existaient pas et j'avais une sainte horreur des stylos-bille. Fatalement donc, tout se faisait au stylo plume. Je n'ai gardé de cette époque que 2 Parker 75 donc l'esthétique n'est plus tout à fait au standard de mes goûts actuels: ils sont là et je m'en sers, sans nostalgie ni affection. Tout se faisait à la main y compris les dessins techniques au porte-mine, au stylo industriel Rotring, et à la planche à dessin depuis la seconde, et jusqu'en classes préparatoires et école d'ingénieur. Les PC n'existaient pas, les calculatrices étaient interdites pendant les examens, et tout s'est fait assez longtemps avec une règle à calcul et... un stylo.
Le numérique est passé par là depuis, mais je ne saurais éliminer tout passage par le papier, et je ne saurais me passer de ces outils "stylo" qui sont le prolongement de la main. Plus qu'on ne le pense, la main est un prolongement de la mémoire et de la pensée. Ce n'est pas une question d'affectif, ni de manque de compétence numérique. Quand je transcrivais de la musique du luth vers la guitare il y a quelques années, c'était avec une feuille de papier toute blanche, une règle et mon Pelikan M800. Aujourd'hui, c'est avec un logiciel, et c'est beaucoup mieux, sauf pour écrire 3 lignes. Quand j'ai conçu ma cuisine, c'était à la planche à dessin. Pour la cuisine de ma fille, j'ai fait les premières ébauches à la planche à dessin, puis j'ai terminé en modélisation 3D sur Blender. Je maîtrise complètement plusieurs outils de bureautique, mais pour mettre en ordre des idées, il me faut un papier et un stylo. Il y a une intelligence de la main et du geste que le numérique n'apporte pas et qui est pourtant très utile.
Pas grand-chose d'affectif là-dedans. J'aime mes stylos, certains plus que d'autres, parce que ce sont des outils du quotidien, parce que certains sont jolis, ou parce que certains viennent de mon père, même s'ils ont le défaut d'être des MontBlanc

. J'aime autant mes stylos qu'un bon ciseau à bois ou qu'une bonne scie japonaise, beaucoup plus que mon téléphone ou mon ordinateur, et beaucoup moins que mes instruments de musique, parce que l'implication de la personne dans le geste n'est pas à la même échelle.