Je vous présente ici un stylo ancien (je veux dire par là qu'il n'est plus produit depuis longtemps) probablement peu connu en dehors des contrées germaniques, le Geha 720. Chose encore moins commune: mon exemplaire est muni d'une plume OBB.
Un minimum de contexte. Geha est (je pourrais dire était, mais il se trouve que la marque existe toujours) une marque allemande de stylos et autres produits de bureau et d'écriture allemande, qui avait son siège à Hanovre, la même ville que son principal concurrent, la marque au volatile qui n'arrête pas de perdre ses oisillons. Elle a été fondée par les frères Hartmann; le nom Geha est la contraction de Gebrüder Hartmann. Je vous avais raconté quelques détails en plus sur l'histoire de l'entreprise, qui a fini engloutie par un gourmand Pelikan, dans ma revue du 745 Goldschwinge ici. Vous y apprendrez aussi la raison de mon attachement à cette marque.
D'après une des rares sources en ligne qui traite de cette marque, le site de Werner Rüttinger, entre 1970 et 1982, Geha proposait trois gammes de stylos-plume. Dans le haut de gamme, on trouvait les modèles 722/726/736, dits Goldschwinge 2, les successeurs des Goldschwinge mentionnés plus haut. Chacun de ces modèles existait en version à cartouches et version à piston. La moyenne gamme se composait des modèles 711 et 712 en résine avec capuchon métallique, disponibles à piston ou à cartouches, et plume en acier (le 712 à piston avait une plume en or), puis les 715 (plume en acier) et 720 (plume en or) entièrement en métal, tous les deux à cartouches. En troisième lieu suivent les stylos d'écolier. A partir de 1982, Geha a changé ses modèles et a abandonné la production de stylos à piston. L'offre a aussi été réduite, et il ne restait plus qu'un seul modèle à plume en or (blanc). Cette modernisation était sans doute une réaction à la forte concurrence que représentait le Lamy Safari...
Le modèle 720, dont je parle ici, représentait donc le sommet de l'offre moyenne gamme pendant les années septante (si, vous comprenez tous!). C'est un stylo sobre, en acier décoré d'un tout petit petit peu de plastic gris, aux lignes épurées, résolument moderne (et fin, comme ça se faisait à l'époque).
En enlevant le capuchon, on tombe sur un section en plastic injecté noir mat et une plume en or, le tout est toujours très épuré.
Le plastic qui entoure le discret logo et l'agrafe est mat...
alors que celui qui se trouve au cul du stylo est brillant.
Tout comme la plume du 745 préfigurait celle du Carène, cette plume-ci aurait très bien pu inspirer certains à Heidelberg (mais je ne connais pas assez les prédécesseurs du Safari pour le dire). Christof, si tu me lis, qu'en penses-tu?
Il n'y a pas d'erreur d'étiquetage: elle est bien oblique.
Le petit bout rouge sous le conduit est un bouton qu'on peut actionner en le faisant glisser vers l'arrière du stylo. Le mouvement du bouton vide une petite chambre qui sert de réserve d'encre (le Reservetank). Une fois qu'on est à sec, on retrouve ainsi un peu d'encre qui permet d'écrire en attendant de trouver du ravitaillement. C'était une des marques de fabrique de Geha depuis le lancement de leur gamme de stylos-plume en 1950. Gamin, j'adorais les moments où je pouvais utiliser le bouton de mon petit 705 rouge.
Mon exemplaire est en parfait état et ne présente aucune trace d'utilisation. Le plastique de la section n'a pas mal vieilli non plus, heureusement. Le filetage de la section est très bien ajusté et l'encliquetage du capuchon est toujours ferme. Il est tout simplement comme neuf. Et il écrit divinement bien. Le débit est ce qu'il devait être à l'époque, la plume est très douce avec un petit peu de souplesse, et on retrouve évidemment la variation de trait attendue pour un oblique. Je sens que je vais m'amuser!
