
Et puis j'ai commencé à admirer les calligraphies de Mouhwee, tout en me disant que si une fille de son talent avait jeté son dévolu sur les plumes Speedball, c'était peut-être pour une bonne raison.
Et puis j'ai récemment testé plusieurs encres avec un seul stylo-plume, en trempant la plume dans une encre, faisant mon test, l'essuyant soigneusement sur une serviette et recommençant avec la suivante... Disons qu'il y a eu des contaminations qui ont jeté un voile de suspicion sur l'ensemble des résultats obtenus...

Je me suis donc décidée à m'offrir une Speedball.
Speedball est une marque américaine, qui propose des plumes métalliques, assorties de leurs porte-plumes. Je crois que ceux-ci sont propriétaires : sur le mien (le B sur l'illustration) la fente d'insertion a la forme d'un cercle complet, le talon des plumes étant en arc de cylindre, elles s'insèrent très facilement et sont fermement maintenues.
La marque propose plusieurs catégories de plumes parmi lesquelles :
- celles que j'ai choisies (les mêmes que Mouhwee) sont les C. Ce sont des plumes dites plates par la marque, qui correspondent à ce que nous appelons les plumes italiques. Elles semblent recommandées pour l'écriture scripte ou italique.
Cela n'est pas annoncé sur le site où je les ai achetées, ni sur la notice-catalogue, mais ces plumes C sont légèrement obliques pied droit.
- les LC sont des obliques pied gauche.
- les B sont des rondes.
- les A sont décrites comme carrées, recommandées pour l'écriture gothique et les ornementations. Vu l'exemple de tracé sur la notice-catalogue, j'ai l'impression que la zone de contact entre la plume et le papier est carrée, contrairement aux plumes italiques avec lesquelles la zone de contact est un rectangle (voire une ligne), ce qui serait étonnant je trouve, mais un détail m'échappe peut-être...

Dans ces catégories, il y a plusieurs tailles de plumes, numérotées de 0 (pour les plus larges) jusqu'à 5 ou 6 (pour les plus fines).
J'ai acheté le « Set Spécial Collèges » sur le Comptoir des Écritures, qui comprend un porte-plume et les plumes C0 à C5.


Mon porte-plume a une section ronde, bien longue, avec une gorge. Elle mesure 10 mm de diamètre au creux de la gorge, 12 mm au plus large.
Les plumes sont équipées d'un réservoir en laiton, a priori inamovible, qui passe à la fois au-dessus et au-dessous de la plume.
J'ai été surprise en observant que les plumes ont non pas une mais deux fentes, à l'instar des plumes Music de Pilot ou Platinum.
Gros plan de la plume, pour montrer les deux fentes, ainsi que la taille oblique pied droit.

J'ai cette fois laissé mes allumettes de côté, et me suis contentée de suçoter chaque plume avant de l'encrer.
J'ai testé chaque plume avec deux encres Rohrer & Klingner. La turquoise est pigmentaire, la violette est pour stylos-plume.
Voilà un test avec les plumes tout droit sorties du blister, je n'ai pas pris le temps de me familiariser avec elles... je trouve que le côté brouillon est intéressant pour souligner les petites difficultés qu'on peut rencontrer...

Les largeurs de plume sont mesurées au pied à coulisse. La manœuvre n'est cependant pas évidente, donc c'est à titre indicatif.
La plume la plus petite, la C5, mesure 1,5 mm de large au pied à coulisse, soit autant que le plus petit des Parallel Pen, et plus que l'Italic Fine du NoNonsense, et pourtant j'ai l'impression de trouver le trait plus fin.
J'ai voulu tester deux encres de natures différentes pour comprendre leurs comportements avec ces plumes.

L'encre pigmentaire est une encre pour la calligraphie et le dessin, interdite aux stylos-plume. Mon flacon est équipé d'un bouchon-pipette, que j'ai utilisé pour charger les plumes par le dessus.
Avec l'encre pour stylos-plume, j'ai simplement trempé ma plume dans l'encrier.
De manière générale, l'encre pour stylos-plume est hyper-facile à nettoyer : on passe la plume sous le robinet et c'est fini. L'encre pigmentaire est plus coriace. Il faut au moins utiliser de l'eau savonneuse, voire une grattounette à vaisselle pour bien tout enlever.
Sur la ligne qui correspond à la C4 en violet (la ligne commence par « 2 mm ») la couleur me paraît très diluée. Il est possible que je n'aie pas bien séché la plume après l'avoir lavée (après avoir écrit en turquoise).
Je pense que ce qui est une force de cette Speedball, à savoir son réservoir, peut aussi être un point de vigilance quand il s'agit de tests rapides les uns à la suite des autres. En effet, son super-réservoir fonctionne presque comme un conduit : il faut bien le laver et bien le sécher quand on change de couleur.
Pour les petites plumes (je dirais C5 jusqu'à C3) le réservoir est top et suffisant pour faire plusieurs lignes en calligraphie (donc davantage en écriture rapide). Ensuite, au plus les plumes s'élargissent, au plus la quantité d'encre écoulée est impressionnante, et au plus l'équilibre me paraît compliqué à trouver entre une plume correctement chargée (qui réussit un tracé sur la largeur totale de la plume et non seulement un ou deux tiers) mais pas surchargée (qui fait des pâtés).
Avec la C0, on peut voir que l'encre pigmentaire s'en sort (difficilement, mais elle s'en sort) alors que l'encre pour stylos-plume a beaucoup plus de mal. On voit ainsi que sur le 8 (de 4,8) les traits obliques du dessus et du dessous sont nettement moins large que celui du milieu : c'est parce qu'il n'y a que deux « becs » sur les trois qui travaillent, l'encre ayant du mal à irriguer la totalité de la plume.
Un zoom pour souligner qu'à certaines occasions, on voit bien que le trait est en réalité constitué de trois traits parallèles (ici avec la plume C1).

En conclusion je suis plutôt satisfaite de mon achat / essai. Je vais essayer de pratiquer, notamment à charger la plume comme il faut pour que l'encrage soit joli et régulier.
Mes deux premiers objectifs étant
- une plume facile à nettoyer pour les tests d'encre
- une plume qui accepte l'encre pigmentaire pour écrire des adresses sur des enveloppes,
j'estime mon cahier des charges rempli !