Ce sont des stylos modestes, sans autre prétention que celle de m’accompagner agréablement lors de mes séances d’écriture.
De haut en bas, voici donc :
- un petit inconnu à bouton-poussoir en celluloïd marbré bleu-marron-vert à attributs dorés (fermé 11,9 cm, ouvert 10,3 cm section 11,5 mm à 1 cm au-dessus du filetage)
- au milieu, un petit Matador français des années 30, également à bouton-poussoir, avec un décor de volutes fuchsia clair à marron foncé ; c’est de loin le plus intéressant pour son histoire, dont je parlerai plus loin (fermé 10,6cm ouvert 9,8cm, diamètre section 9,80 mm) ;
- enfin un Zodiac à levier en ébonite flammée, typiquement français, avec un clip rapporté et deux chiffres gravés à l’extrémités du corps : A4 et 122, probablement le modèle (fermé 12,2 cm, ouvert 11,2 cm, section 10,5 mm).
Les conduits sont en ébonite, les sections sont confortables, le pas de vis ne gêne aucunement la préhension. J’aime beaucoup le conduit du Matador dont la forme arrondie rappelle les Parker et autres marques anglo-US début XXè, tandis que les deux autres me font penser aux anciens Waterman’s.
Les plumes, or 18 cts, offrent des expériences d’écriture bien sympathiques, chacune à sa manière.
L’inconnu marbré est équipé d’une Panici Frères n° 50, reconnaissable aux deux plumes croisées. Bien juteuse, elle accepte volontiers de se plier et produit une belle variation de trait, avec un retour assez rapide. C’est la plus flex des trois, mais il a fallu apprivoiser les becs qui à l’arrivée du stylo, n’étaient pas tout à fait alignés.
La plume du Zodiac est la chanteuse du trio !
Elle est marquée « Déposé » ; un bandeau transversal surmonte un écusson avec le mot « Paris », le même qui orne l’inscription du corps. Très sensible au type de breuvage – le trait a tendance à épaissir avec certaines encres, comme les Iroshizuku - elle est moins flex que la PF mais fait joyeusement entendre sa voix sur le papier. Détail agréable : son alimentation métabolise bien l’encre et produit un très bon shading.
La plume Mallat du Matador est un remplacement ; le stylo est arrivé avec une plume acier Iridium raide dont l’iridium était complètement rongé par l’encre ! Je n’ai pu la tester qu’en la trempant (le sac n’est pas encore installé, je suis en retard sur mon programme de restauration … ) mais le conduit paraît bien aimer l’encre. La pointe est fine et souple, elle produit un trait élégant, surtout avec des encres plus sèches.
Et voici le trio en action et en couleurs !
Le Matador m’a intriguée : a-t-il quelque chose à voir avec la production allemande ?
Un brevet de stylo à bouton-poussoir a en effet été déposé en France par Siebert&Loewen en 1931-32, ce qui date ce stylo sans équivoque.
Mais ce n’était pas là leur première incursion au pays des Gaules : l’inscription sur le corps dit « fondé en 1911 », date à laquelle on retrouve justement un premier brevet déposé en France par la maison allemande, pour un modèle à plume rentrante je crois.
Selon une facture de 1922 qui circule dans les fora calamophiles et selon un site d'histoire des stylos hélas disparu* , le fabricant français sous licence était F.J. Richard. Il avait une représentation commerciale au 70 rue des Archives - Paris 3è, et une usine au 16 rue Soleillet, dans le 20è.
Le nom de F.J. Richard disparaîtra plus tard, si l’on en croit à une autre facture qui a été retrouvée et qui est datée de 1929 précisément; les adresses de production et de représentation commerciale demeurent, et le logo « au taureau percé d'une plume » fait son apparition. Où est passé Richard ? Mystère … comme pour les plumes d’ailleurs : produites en France ou bien en Allemagne en 18 cts pour l’export ?
La suite ... quand j'en saurai plus
*(https://web.archive.org/web/2008111111 ... res4.php )