A première vue, le stylo se conçoit facilement: il a la forme d'un Oldwin Classic, et il est tourné en celluloïd arco verde. La conséquence en est simple: il est beau!



Le celluloïd arco a cette étrange propriété d'être terne vu de côté, alors que c'est le feu d'artifice vu du dessus. A noter que, comme il se doit pour des stylos en arco, on arrive à bien aligner le motif entre le corps et le capuchon lorsque ce dernier est fermé, et aussi entre le corps et la section.


C'est un stylo vraiment oversize comme diraient nos amis anglo-saxons: si le petit Pelikan 120 a évidemment l'air minuscule à côté, le M1005 est battu de quelques millimètres dans toutes les dimensions aussi.

En y regardant d'un peu plus près, il y a quand même un changement par rapport au modèle habituel. Celui-ci est muni d'une plume no. 8 au lieu de l'exotique no. 7 habituelle. Elle est très sobre et ne porte que l'inscription de la marque et de l'alliage. Il y a aussi des choses à dire sur l'imposant conduit; j'en parlerai plus tard.



En fait, l'association récente entre Oldwin et ASC/Pen Family se ressent fortement dans le packaging, dans le choix de la plume no. 8 et dans la nature du conduit qui sera toujours traité en détail plus bas. Le système de remplissage est particulier aussi. Il est appelé "piston", mais en fait il s'agit de quelque chose qui ressemble à un convertisseur captif auquel on accède en dévissant le corps du stylo. Contrairement à la plupart des convertisseurs captifs, celui-ci est de très grande taille. Je n'ai pas mesuré sa capacité, mais elle est conséquente. Ce détail peut ne pas plaire à tout le monde.

Comment écrit le stylo? Excellemment bien. La plume est extrêmement douce (certains diraient peut-être trop?) et évidemment très souple aussi, avec une petite flexibilité. Le débit est très généreux, proche du Pelikan M1005 dont j'ai parlé hier. Le conduit en ébonite (vous avais-je déjà dit que j'en reparlerai plus tard?) fait très bien son travail. Les caractéristiques de la plume donnent facilement un peu de relief à l'écriture. Bémol: seule une plume M était disponible. Elle sera peut-être un jour un peu personnalisée.

Verdict? Il est beau, il est confortable, il écrit bien, et il est beaucoup trop cher. Ce dernier point est une caractéristique de tous les stylos en arco qui sortent en ce moment et est dû à l'obsession pour ce matériau qui est alimentée par les influenceurs YouTube et autres. C'est ainsi, faut vivre avec. Je l'aime quand même et j'assume totalement le craquage, même si je suis conscient que je participe à la frénésie du moment.
Epilogue:
Pourquoi parlais-je tant du conduit? Parce que le stylo était livré avec un conduit en aluminium anodisé doré. Il s'agit là certainement d'une pièce fournie par ASC, qui avait utilisé ce type de conduit sur son Gladiatore (le grand, pas le Medio). Et franchement, c'était en ce qui me concerne, une très mauvaise idée. Je ne sais pas si les Gladiatore ont ce problème, mais chez moi le conduit en aluminium réagissait avec l'encre! Mêmes les encres les plus conservatrices (Waterman, Pelikan 4001) se transformaient en quelques heures en bouillie visqueuse à l'intérieur du conduit. Pire, après quelques jours, j'ai commencé à voir de l'oxydation sur la plume. Oxyder une plume 18C en quelques jours, faut le faire quand même. J'ai immédiatement contacté André Mora et enlevé ce satané conduit. M. Mora a eu l'élégance de m'envoyer rapidement et gratuitement un conduit en ébonite, qui fonctionne parfaitement bien. C'est visuellement moins spectaculaire, mais l'ébonite, on sait que ça marche. Il devait y avoir un défaut dans l'anodisation de l'aluminium, parce qu'après démontage, certaines parties du conduit étaient joliment rongées par l'encre. Pendant quelques heures, le conduit en aluminium a très bien fait son travail, mais vous comprendrez que j'éviterai ce matériau dans le futur.
Voici deux photos de piètre qualité que j'avais prises dans le stress pour montrer la bouillie qui encrassait le conduit et la plume.

