Voici ma contribution...
Pour l'instant, il me semble retrouver la plupart de mes constats parmi les avis déjà déposés.
J'ai placé dans mes photos le 52 à gauche et le 52N à droite.
Ci-après, avec le fleuron de ma collection, le Montblanc 149 Or Rouge à la plume M encré d’Iroshizuku Asa-Gao, (ligne du haut), un ensemble qui garantit une glisse excellente.
En écrivant le début de mes lignes sur l'un et la fin sur l'autre, accolé, j ’ai immédiatement ressenti une dégradation : la plume glisse moins facilement à la surface du 52 N. J’ai aussi remarqué à l’œil nu du feathering, ce dont l’ancienne version était totalement dispensée. Ces premières sensations cinesthésiques et visuelles seront confirmées par l’observation à la loupe :
En haut, toujours le 149 avec Iroshizuku Asa-Gao, au dessous, un 149 avec Sailor Kikyou :

Ci-dessus, le même modèle de stylo, 149 MB, mais avec la plume modifiée en STUB, plus aiguë, encré de Sailor Manyo Kikyou, (encore une encre parfaitement lubrifiée), procure avec le 52N la sensation de crissement, d’un papier à la surface comme sablonneuse, glissant nettement moins bien.
En fait, on perd ce qui rend l’expérience avec l’ancienne version particulièrement gratifiante : l’impression d’une surface parfaitement plate, d’un couchage minéral qui serait de porcelaine.
Multiplier les essais avec différentes encres et plumes confirme ces premières impressions.
Avec un porte-plume et une Sergent-Major très pointue, encré de Montblanc Permanent Blue, le 52N se montre une fois de plus très médiocre, la plume accroche et crachote et surtout, il n’y a aucun plaisir à écrire sur ce papier, surtout comparé au 52 dans les mêmes conditions :
Quelques nuances dans ces constats : pour aller dans le sens de ceux qui ne voient pas trop de différences lors de l’écriture, il apparaît qu’ils utilisent généralement une plume très large. C’est également mon ressenti en utilisant la plume IT de 1,30 mm de large d’un Aurora Optima :
Egalement, et à l’opposé de ces plumes très larges, l’utilisation d’une plume fine bien réglée procure à qui l’aime, sur le 52N, un retour d’information supérieur.
Ici, avec la plume F d’un Pelikan M120 :

Gros plan sur la jambe d'un "t" avec l'Edelstein Moonstone.
Il n'empêche que même en ce cas d’expérience positive lors de l’écriture, le résultat constaté sur le papier est décevant dans la plupart des cas.
En fait, cette version 52N est un papier légèrement poreux... Or, ce n’est pas ce que l’on attend pour le respect des coloris des encres aqueuses, cela semble opposé à la notion même de couchage du papier, sur lequel l’encre doit sécher en surface et non pas être absorbée dans la masse.

À l’observation, le 52N est moins translucide, ce qui est sans doute un plus puisque on ne parle pas là d’un papier calque, mais il est aussi beaucoup moins beau et homogène ;
Même de visu, c’est moins gratifiant posée sur une table, car cela laisse l’impression de taches.
Avec un Montblanc 149 âgé de 30 ans dont la plume M est moins passe-partout que celle des versions contemporaines, empli de Pilot Blue Black, le constat est sans appel : écriture déplaisante pour qui aime la sensation de glisse absolue du Tomoe river 52, avec le TR 52N, la conduite de la plume est sans doute plus précise, mais il y a un retour désagréable et, surtout, le résultat est en baisse sur de nombreux items :
- Coloris moins vifs car un peu estompés en raison de la porosité du 52N, aux transitions moins-nettes,
- Trait de plume réduit, là aussi en raison de l'absorption supérieure,
- Le shading extraordinaire de la version 52 est supplanté par une sorte de mélange brouillon,
- L’encre devrait rester à la surface sur un papier couché,
- Feathering important alors qu’il était totalement inexistant sur TR 52.
Point positif pour l’utilisateur de stylo-plume avec la nouvelle version 52N, le sheening réduit : Ces liserés rouges aux endroits de fort encrage ne sont, à mon sens, guère esthétiques.

Pour rappel, c’est un effet de réflexion et il est normal que ce phénomène soit réduit sur un papier devenu poreux.
Un autre vrai plus pour le 52N : la réduction du ghosting.
Un point également positif pour le 52N :
Alors qu’il n’est pas flatteur pour les couleurs froides (voir le fiasco avec la Pilot Blue Black), je trouve que ce 52N est plus agréable avec les couleurs chaudes que ne l’était l’ancienne version ; C’est en tout cas ce que je constate avec mes trois encres Montblanc, Lavender Purple, Burgundy Red et surtout Toffee Brown, qui tourne un peu au verdâtre malsain avec l’ancienne version, première ligne ci-après issue d'un TWSBI Stub avec Toffee Brown :
Sur les deux feuilles 52 / 52 N, j’ai provoqué un accident en utilisant maladroitement une seringue contenant de l’encre Pilot Blue Black que j’ai immédiatement épongé au buvard ; la comparaison de la couleur des taches est caractéristique de l’absorption des couleurs sur 52N en raison d’un couchage moins étanche que celui de la version 52 :
Subjectif, le constat de la main, de la tenue du papier : beaucoup plus soyeux sur l’ancienne version, plus bruyant sur la nouvelle.
Un tel traitement provoque des plis plus marqués sur la nouvelle version qui manque de souplesse, confirmant ainsi son aspect plus dense mais aussi moins homogène.
Sous le doigt, on ne ressent pas avec 52N l’aspect minéral du couchage de 52, presque de porcelaine.
Si l’on considère tout ce que le scripteur au stylo-plume perd, (l’absence totale de feathering de l’ancienne version étant sans doute le point à regretter le plus), l’ensemble des points négatifs concourt à un résultat très médiocre pour 52N, qui renvoie ce papier bien en arrière par rapport à d’autres, beaucoup moins nobles.
De nombreuses encres voient leurs couleurs affadies.
Ma conclusion en tant qu'utilisateur de stylos-plumes :
Même si le résultat est honorable pour le rendu des coloris des encres, il n’empêche que placés côte à côte, il y a une nette dégradation moyenne avec le 52N.
C’est dommage pour ceux qui apprécient justement le Tomoe River pour mettre en valeur ce que les encres utilisées peuvent proposer de meilleur.
Mais ...pour l'impression :
Si au lieu d’endosser le rôle du calamophile, je coiffe la casquette du photographe adepte d’impression sur papiers fins, la version 52N est très nettement supérieure à l’ancienne.

Ce n'est pas vraiment une question de netteté :

Mais le fait que le couchage soit moins présent laisse l'encre mieux pénétrer au lieu de se répandre en surface, brouillant la lecture et générant des artéfacts colorés sur cette photo en noir et blanc :

Même constat sur les aplats de couleurs beaucoup plus esthétiques avec 52N, même si, là encore, les couleurs perdent en vivacité :
Par contre, il est inimaginable d'utiliser ce papier 52N pour une impression double-face ;
Toute l'encre qui n'est pas restée en surface est bien trop visible dans la masse vu du verso :
La question est peut-être de connaître le nombre respectif d’acheteurs qui comptent utiliser le Tomoe River pour de l’impression spécifique sur du papier très fin par rapport à ceux qui le recherchent pour de l’écriture manuscrite. (J'ignore volontairement les adeptes de feutres, rollers ou billes).
Si ces deux clientèles revêtent une importance égale pour Tomoegawa, il serait peut-être judicieux pour l’entreprise de reprendre les anciennes caractéristiques pour une version dédiée aux stylos-plume tout en laissant prospérer le 52N en lui attribuant l’étiquette « spécial impression ».
Lorsqu’il s’agira d’envoyer une synthèse à Tomoegawa, j’emploierai les termes des calamophiles en anglais.
Merci de relever d’ores et déjà mes éventuelles imprécisions à ce propos :
Ghosting : image fantôme du recto sur le verso.
Bleedthrough : encre traversant la feuille.
Feathering : Trait baveux, effet de fougération.
Shading : effet d'ombrage.
Sheening : Bordures rouges autour des zones fortement encrées.