Bonjour Psyann, Bonjour à tous !
Je suis essentiellement lecteur de ce forum depuis pas mal d'années déjà, par périodes, notamment lorsque je rachète de l'encre. Bravo et merci au passage aux membres ayant fait de si beaux tests et nuanciers !!
Pour une fois je suis d'humeur à m'exprimer, ayant peu-être quelques éléments à apporter à la discussion, alors go !
Je suis un amateur de violet de longue date, et déjà au collège, j'ai écumé la ville voire la région en quête du violet absolu, pas trop bleu, pas trop rose, pas trop ci pas trop ça, passant bien dans mes stylos. Il s'agissait alors de cartouches internationales uniquement (l'offre n'était d'ailleurs pas pléthorique), et nombreuses ont été mes déceptions, me reconduisant d'ailleurs souvent vers Waterman violet par défaut. (C'est d'ailleurs le premier encrier que j'ai acheté ensuite, souvenir émouvant

)
En ce moment, je suis plus sur les bordeaux mais j'ai toujours du violet (ou plutôt de quoi en faire) à la maison. Et pour satisfaire mes exigences de couleur, je fais mes mélanges pour obtenir ce que je recherche. Et depuis que j'utilise cette technique, je n'ai JAMAIS été déçu, et j'ai TOUJOURS trouvé ce que je recherchais.
Alors vient immédiatement le problème maintes fois soulevé des mélanges d'encres. Oui c'est hasardeux, oui deux encres au pH opposé vont précipiter, etc..., mais si c'est le fabricant lui-même qui vous garantit que toutes les encres de sa gamme sont miscibles (sauf une qui demande des précautions), alors là c'est carte blanche et ça change tout ! Vous aurez probablement deviné que je veux parler des encres R & K soit Rohrer & Klingner encres d'écriture série 40. (fabriquées à Leipzig) Ce sont des encres très abordables et pleines de qualités (je rappelle que les dokumentus série 41 sont elles aussi miscibles entre elles), mais je ne vais pas m'étendre plus longuement sur R & K. Revenons plutôt au violet, à TES violets...
Tu as cassia dont on t'a déjà parlé précédemment. Cassia par exemple est un peu trop bleu pour mon goût du moment. Ensuite il y a Solferino, un violet extrêmement intense, flashy, très "pop of the page", contenant beaucoup de rose fuschia, à la limite du violent. Il est formulé avec beaucoup de rhodamine B, colorant très connu pour sa fluorescence orange aux UV, le rendant très facile à identifier dans une encre (c'est un traceur hydrographique prisé). Sous forte dose d'UV comme en lumière naturelle solferino est très "pétant", on sent le fluo, mais il devient nettement plus rouge bordeaux en lumière atificielle, incandescence notamment. Cassia sera, de par sa formulation colorante, moins sensible aux deltas de température de couleur. Tu peux donc mélanger cassia et solferino en variant les proportions.
Mais comme chacun sait, violet = rouge + bleu, donc tu peux aussi partir avec Fernambuk (rouge tirant sur le rose) associé à blau permanent ou konigsblau, et le résultat sera différent, les colorants n'étant pas les mêmes. On peut aussi rappeler que certaines couleurs sont mono colorant, d'autres multi. Dans un violet, il est intéressant je trouve d'avoir une certaine dose de rhodamine B.
Tu peux aussi compliquer avec une troisième couleur, magenta par exemple (qui n'est pas un magenta primaire au sens peinture du terme, mais plutôt un "amarante"), et voir si elle apporte quelque chose aux mélanges précédents, ou tester magenta + blau...
Si tu veux quelque chose encore différent, tu peux aussi faire alt-bordeaux + blau...
Bilan, il te faut : solferino, cassia, blau permanent et/ou konigsblau, fernambuk (plutôt que morinda qui est plus vermillon et contient donc un peu de jaune, comme c'est complémentaire du violet, il y a risque de ternir simultanément le mélange) et très éventuellement magenta et alt-bordeaux. Il n'est pas très intéressant je pense de foncer du violet, mais tu peux aussi prendre du noir si tu veux explorer les teintes très foncées comme les noirs-violets, où le violet ne se distingue que dans certaines parties du shading. Toujours ajouter le noir ou la complémentaire avec parcimonie (et en dernier cela va sans dire...)
Par commodité matérielle, je te conseille une seringue de 2 ml (qui en fait en contient 3) et tu fais des parts de 0.5 ml. Et si avec un mélange de 6 parts tu n'es pas arrivé à ce que tu veux, tu ne gâches pas trop (je n'en jette quasi jamais car j'arrive toujours à mes fins). Lorsque tu es parvenu au graal de la couleur, tu notes ou tu utilises quelques octets de ta mémoire naturelle pour pouvoir ensuite la reproduire à l'infini. Tu peux aussi varier légèrement à chaque fois pour ne pas sombrer dans la monotonie et la lassitude. Et pour ne rien salir de plus, j'étale tout simplement l'encre en sortie d'aiguille, il faut juste faire attention de maintenir le biseau de celle-ci bien parallèle au papier. C'est toujours sympa et amusant d'avoir la surprise du résultat du mélange, et par la suite, c'est une (petite) satisfaction que d'écrire avec une couleur qui ne sort pas du commerce, mais qui est bel et bien le résultat d'une "création" personnelle !! Je teste à la plume verre, et ensuite j'encre un stylo dont le débit et la largeur de plume me semblent appropriés à mes attentes...
Au total, ça te ferait 4 fioles de R & K, allez 7 dans le "pire" des cas lol ! Soit une fourchette prix de 19.80 € à 34.65 € (Prix "the earl's crown"

)... Même pas deux fioles d'iroshizuku

... et tu pourras créer une infinité de violets, voire plus largement explorer toute la "ligne des pourpres", et peut-être trouver TON violet !!
Je suis intimement persuadé que tu trouverais ton bonheur au milieu de cette myriade de couleurs possibles... autour de la définition du violet !!
Bons essais si tu franchis le pas !! Bonne poursuite de ta recherche, et bonnes écritures à tous !!
Psyann, tiens nous au courant de tes pérégrinations au pays du violet !!