
Aspiré par ce monde parallèle où nous nous retrouvons autour de cette étrange passion menacée d’obsolescence



Récemment, je lui ai adjoint un Pelikan Souverän M1000, noir, lui aussi équipé d’une plume M :

Les deux modèles sont bien documentés ici, j’ai moi-même publié une revue du 149 où il s’agissait essentiellement de faire partager ma satisfaction esthétique en présentant des photos de type nature morte.
Quant au M1000 noir, il y a eu plusieurs revues sur le forum, mais, malheureusement pour beaucoup d’entre elles, les liens vers les photos sont désormais inactifs. Heureusement, la magnifique contribution de Lucky44 a conservé son intégrité.
Mon nouveau stylo est du même modèle que celui qu’il présente, sauf pour sa plume et son top cap :

Très difficile à rendre en photo, ce top cap : c’est un miroir d’or, sablé pour faire apparaître le dessin, avec son oisillon désormais solitaire.
Pour en venir au présent sujet, si je le présente sous forme de Battle 149 VS M1000, c’est essentiellement pour le pitch.
Pourquoi opposer des objets ? S’ils ont des qualités et avantages différents, ce sont – hormis les séries limitées et autres objets d’art - les vaisseaux amiraux de chacune des deux marques. Ils apportent au scripteur une expérience particulièrement satisfaisante et je continuerai, pour ma part, à organiser leur cohabitation en bonne harmonie sur mon bureau.

Néanmoins, j’imagine que les voir ainsi juxtaposés pourrait être utile.

S’il est bien un critère d’importance, c’est incontestablement celui de la préférence esthétique.

Mais pour commencer, intéressons-nous aux mensurations :



Soit :

(C'est totalement approximatif.)

Les plumes

L’observation de la silhouette respective de chacune des deux plumes confirme le ressenti à l’utilisation : le Montblanc, tout en force contenue et le Pelikan, en souplesse. Cela donne deux stylos qui offrent à leur propriétaire agrément, maîtrise et assurance d’écrire du mieux dont il est capable, par deux voies différentes. :

La plume du 149 ne bronche pas, on comprend mieux au vu de la largeur de l’épaulement qui enserre le conduit et l’épaisseur de son extrémité, bien appuyée sur le conduit.
La plume du Pelikan moins large de 1 mm et plus longue de 1 mm, est surtout beaucoup plus fine et plus souple à sa pointe, et s’appuie moins sur l’extrémité du feed. Ces éléments concourent à donner l’impression d’écrire avec une plume, certes moderne et au flex limité, mais tout de même comme montée sur amortisseur. Silverado dit que la plume du M1000 rend l’écriture à la fois précise et moelleuse.
Côté Montblanc, l’iridium glisse mieux, sans bruit aucun, justement du fait de la rigidité de la plume. Le moindre écart latéral par rapport au plan du papier est sanctionné par du grattage en raison des parois verticales qui encadrent l’iridium ; Le Pelikan est beaucoup plus tolérant face à cette manière de tenir son stylo, en raison des formes plus douces sur le côté de l'iridium :

A gauche, les parois verticales de l’iridium sur le 149.
Les fenêtres de visualisation du niveau de l’encre ...
S’il y a bien une chose qui me plaît avec les stylos-plume à piston, c’est le plaisir enfantin de regarder le niveau de l’encre au travers de la fenêtre de visualisation :

Avec celle du Montblanc 149, striée, on peut deviner la couleur de l’encre.
La fenêtre verte du Pélican M1000 noir offre une meilleure appréciation du niveau, mais ne laisse pas d’indices pour la couleur de l’encre.
Dans les deux cas, la fabrication subtile de ces petites complications satisfait mon tempérament contemplatif.
La cérémonie du dévissage du capuchon … Eh bien oui, moi, j’adore ça ! Je trouve que cela relève du zen et, tandis que je procède, je me mets en situation : je vais écrire …

Sur ce point aussi, dans les deux cas, le ressenti est celui que procurent les objets de qualité. Ces résines n’émettent aucun son jusqu’au moment où l’on entrechoque le capuchon avec la section, alors qu’ils se séparent.
Sur ce point précis, le Pelikan me frustre légèrement car le pas de vis est bien court : c’est certainement un avantage pour qui sa présence au-dessus de la section importune, mais moi, je trouve que seulement trois quarts de tour pour ôter le capuchon du stylo, c’est trop peu. Ça interrompt trop brutalement mon petit cérémonial. Et puis, techniquement, cela m’inquiète un peu : est-ce bien refermé ?
Le débit
Incontestablement le débit du M1000 est supérieur à celui du 149. L’épaisseur du trait est sensiblement égale pour ces deux plumes cottées M, mais, à encre identique, le résultat est plus foncé avec le Pelikan.
J’imagine que cette caractéristique peut varier d’un exemplaire à l’autre, mais j’avais beaucoup lu que c’était habituel à ce modèle, que je me suis donc procuré en connaissance de cause.

Le Montblanc est plus mesuré, mais l’alimentation ne fait jamais défaut. Cette subtilité dans l’encrage permet de faire ressortir délicatement les nuances des plus belles encres.
En effet, une encre au large spectre de shading, comme l’Iroshizuku Tsuki-Yo, apparaît majoritairement claire apposée avec le Montblanc, avec des effets plus sombres sur certaines lettres, alors que le Pelikan la fera ressortir dans un bleu-noir assez foncé tendant sur le teal, avec, au détour des lettres, des fulgurances beaucoup plus pâles d’éclats de turquoise :

C'est justement ce dernier effet, rencontré au détour du carnet voyageur de darazs, que je voulais absolument retrouver avec Tsuki-Yo. Je me suis donc procuré ce stylo Pelikan exprès pour cette encre.

(Notez que la puissance du scanner fait excessivement ressortir le shining rouge qui, souvent présent chez Iroshizuku, ne ressort pas ainsi à l'observation directe).



EDIT - J'ajoute la signature à la fin de l'envoi :
