Il y a quelques jours, une année s'est ajoutée au compteur, et comme il se doit un stylo à la collection. Comme il s'agit d'un exemplaire assez rare et exceptionnel, d'après ce que j'ai pu lire ici ou là, je ne peux résister au plaisir de le partager avec vous…
Il s'agit donc de la version originale de 1995 de l'édition limitée Dante Alighieri de chez Aurora.

Je dis "originale", car Aurora en a sorti il y a quelques années (2013 ou 2014, si je ne m'abuse) une version Inferno, en résine noire avec une bande rouge, et des attributs en or rose.
Cette version de 1995 s'en distingue par le corps en résine vert sombre (sur le peu d'informations que j'ai pu trouver sur le net, on lit parfois "green laquer", mais je ne sais pas précisément comment on doit comprendre le terme…) et des attributs en vermeil, c'est-à-dire en argent plaqué or.
Autres petites différences que j'ai pu noter (sur la base de photos pour l'Inferno) : sur la version de 95, le portrait gravé du Divin Poète sur le sommet du capuchon n'est pas rehaussé de laque noire

mais le haut de l'agrafe s'orne de petites entrelacs historiés.

On retrouve par contre les feuilles de laurier tressées sur les deux bagues du capuchon et celle du corps (une référence à la couronne de laurier qui ceint la tête de Dante sur les représentations traditionnelles du poète).


J'imagine que la couleur verte a elle aussi une signification… Est-ce une référence à la vertu théologale de l'espérance, qui joue un rôle clé dans la Divine Comédie ? Ou tout simplement au vert des feuilles de laurier ? Si quelqu'un en sait plus sur ce sujet, je suis preneur !
Cette édition a été tirée à 1919 exemplaires (année de naissance de la marque) et le numéro (ici 1330) est magnifiquement intégré à la bague de haut de capuchon.

Celle du bas (de capuchon) intégré le nom de la marque.

Il s'agit bien entendu d'un stylo à piston, qui opère dans la plus parfaite douceur.
La section possède une fenêtre de niveau d'encre, plus étroite que celle des modèles courants de la marque. Elle est absolument confortable et se cale dans la main de la façon la plus naturelle. Le stylo est relativement lourd (comparable à un Graf Platino Grenadille), mais remarquablement, superbement équilibré.

La plume, d'époque, est en or 18k.

C'est ma première plume Aurora, et ce n'est pas une récente, donc je ne sais pas dans quelle mesure mes impressions sont représentatives de ces plumes en général. Je trouve en tout cas celle-ci remarquable. Elle offre un certain feedback, mais extrêmement agréable (rien à voir avec les plumes Sailor qui me crispent les nerfs), qui fait juste sentir le papier et donne un très bon contrôle de l'écriture à n'importe qu'elle vitesse. Cela donne quelque chose de très sensuel et très naturel, exactement ce qui fait qu'on aime écrire à la plume en fait, c'est ce que je me suis dit la première fois qu'elle a touché le papier. Elle n'offre pas de flex, mais une belle élasticité qui répond immédiatement. Le débit est réglé à la perfection, ni trop (ce qui me semble une facilité des plumes d'aujourd'hui) ni trop peu, aucune irrégularité. L'élasticité de la plume permet de jouer une peu avec le débit à la moindre pression, ce qui sans donner des pleins et déliés, offre une belle allure, beaucoup de personnalité et d'humanité à l'écriture. Elle d'une précision


Bon. Je me suis efforcé jusque là de rester objectif et un tantinet pisse froid pour ne pas sombrer dans la passione la plus débridée. En fait, je suis totalement dingue de ce stylo depuis qu'il s'est posé dans main.
Esthétiquement, c'est une merveille absolue, racée, d'une élégance à tomber par terre, d'un raffinement total. Une beauté, une œuvre d'art. Ce n'est pas Dante, c'est Béatrice vous guidant dans la lumière du Paradis.
D'un strict point de vue d'instrument d'écriture, il est parfait, avec ce quelque chose en plus qui donne de la personnalité, qui vous inscrit par la pure sensation dans une filiation ininterrompue avec toute l'histoire de cet acte magique où se rencontre la matière et l'immatériel, l'esprit et les sens, soi-même et l'autre : tracer un mot sur une page en espérant qu'il touchera une autre âme qui en partagera le sens et l'émotion à son tour. Cette plume est humaniste en son essence. Une joie céleste.