
Impatient, j’en ai rempli un Pelikan 800 qui n’avait pas vu l’encre depuis longtemps. Instantanément, petite surprise heureuse : quelle belle encre sous la plume au débit modéré de ce stylo ! Une jolie couleur peu commune, vert-jaune à peine passé, moyennement saturée, un peu transparente, franche et délicate en même temps, sans une once de tristesse (mais où se cache donc le « Alt » de son nom ?), plus lumineuse que les encres olive de mon souvenir (je pense entre autres à la Herbin). L’encre a une belle tenue sous la plume. Aqueuse sans excès, elle s’étale et prend tranquillement ses aises, sans en faire trop, prenant son temps pour foncer en séchant. La plume du Pelikan ne m’a que rarement fait profiter de l’ombrage des encres, on le devine ici, on imagine qu’avec d’autres plumes et d’autres papiers la variation de couleur doit être belle à voir.

Ceci n’est qu’une présentation rapide et impatiente de l’encre, sous le charme matinal de sa découverte. Je ne peux donc préjuger de son comportement dans le temps, de sa tenue dans un stylo dans lequel elle foncera vraisemblablement si on l’y oublie. J'aimerais également l'utiliser dans d'autres plumes. Pour l'apparier, la couleur de l'encre serait idéale avec mon vieux Waterman 92 vert et bronze.
J’ai fait des essais sur plusieurs papiers : la couleur, contrairement à d’autres encres, ne varie pas, elle reste la même quel que soit le papier, y compris sur du mauvais papier de copie que je n’ai pas photographié, sur laquelle l'encre se tient bien. Les papiers photographiés sont du Clairefontaine de copie 110 grammes, sur lequel l’encre fuse légèrement, vraisemblablement parce que le papier est resté un moment hors de son emballage, alors que sur le même papier fraîchement déballé, elle est parfaite ; les deux autres sont un très agréable cahier Moleskine en vélin ivoire et un morceau de Vergé ivoire Lalo, toujours aussi plaisant à l'oeil et à la main. La couleur de l’encre se marie bien sûr idéalement avec les papiers ivoire, elle est plus, comment dire, printanière, sur le blanc très légèrement cassé.
J’aimerais la comparer avec d’autres, mais je n’ai pas d’Herbin, par exemple, sous la main. C’est une encre peu commune que je pourrais parfaitement utiliser au quotidien en y prenant grand plaisir, une encre avec laquelle je pourrais écrire des lettres, prendre des notes. Une encre goûteuse, délicate, délicieuse dès le premier instant où on y trempe les lèvres.
J’adore les boîtes aux lettres.
Jimmy
La photo, faite sur le pouce, est légèrement floue. Les extraits sont de Kenneth White, Pascal Quignard et Jacqueline Lerat.