Je vous présente ici cette très belle parure de Waterman Patrician dans sa robe turquoise, une des plus rares, que je viens juste d’acquérir. Le set (plume et porte-mine) est dans un état de conservation exceptionnel. Seul l’écrin d’origine a subi les affres du temps, bien qu’il ne paraisse pas son âge (dans les 85 ans tout de même !).
C’est simple : on croirait que les stylos sont neufs. Les photos ne sont pas à la hauteur de la beauté réelle des stylos, je n'ai qu'un Iphone sous la main...
N’étant pas un spécialiste des « vintage », je ne vous ferai pas de laïus sur l’histoire de ce modèle. Je me contente de savoir qu’il s’agit du haut de gamme de la marque à cette époque, c’est à dire les années 30 aux Etats-Unis. J’ai lu que certains amateurs en faisaient un des plus beaux stylos jamais produits. Chacun ses gouts bien sûr, mais il faut admettre qu’il est vraiment magnifique, surtout dans cet état.
Le set dans son écrin d'origine :

A vrai dire, je n’ai pas hésité très longtemps avant de l’encrer, la tentation était trop grande de tester cette plume impressionnante. Et puis, je suis partisan de faire vivre les stylos, c’est leur raison d’être.
Autre vue du set :

Le Patrician est donc un stylo imposant sans être gigantesque. Un peu plus court que le Man 100, il mesure 13,8 cm de long pour 1,5 cm de diamètre. Fabriqué en celluloïd, il reste léger et maniable.
Cet exemplaire est de couleur bleu turquoise marbré de brun, absolument magnifique. Les teintes sont très vives, aucune trace de décoloration. Une bague art déco et un clip imposant ornent le capuchon. A noter que sur cet exemplaire, au sommet du capuchon, figure toujours l’étiquette d’origine avec le prix de vente (10 $ !).
Le plume :

Comparaison de taille avec un Man 100 :

Autre angle / Man 100 :

La fameuse étiquette et son prix !

Le cul du stylo :

Le remplissage se fait par un système de sac en caoutchouc et son levier doré. Il assure un remplissage aisé et une autonomie confortable.
Le levier de remplissage :

Le capuchon :

Pour l’essai, je l’ai encré en Iroshizuku tsuki-yo (et non en asa gao comme écrit par erreur sur la feuille). Le papier est un bloc Clairefontaine velouté de 90 g/m².
La prise en main est excellente. Pour moi qui ai des mains relativement fines (taille 7 de gants chirurgicaux pour les connaisseurs), la taille et la longueur du stylo me conviennent parfaitement, sans poster le capuchon.
La section courte et nettement évasée permet un très bon contrôle, malgré son diamètre relativement important.
La section très incurvée et courte, par rapport à un Man 100 :

L'imposante plume :

La plume est gigantesque, fine et donnée comme flexible, gravée patrician WATERMAN’S IDEAL REG U.S. PAT OFF. Sans accrocher, elle n’a pas la douceur de mes meilleures plumes en la matière (Sailor notamment), bien qu’elle glisse sans soucis sur ce papier. Il y a un peu de souplesse et de flexibilité, que je n’ai pas cherchées à explorer par crainte de déformation. Dans les quelques essais réalisés, il fallait appuyer assez fort pour un petit peu de flexibilité, je n’ai pas insisté.
L'inscription sur le corps :

Le feeder :

Le trait parait plutôt moyen que fin. Le débit d’encre est comme je l’aime : assez important sans être trop chargé. Le flux est constant, pas de faux départs ou de blancs.
Comparaison de taille entre une plume de Man 100 et celle du Patrician :

Un essai d'écriture (iroshizuku tsuki-yo et non asa-gao) :

Le plus important : est-ce plaisant ?
La réponse est oui, mille fois oui ! Au fur et à mesure des pages écrites on oublie qu’il s’agit d’une pièce de musée. On enchaine les paragraphes sans fatigue, étonné de l’agilité, la légèreté, et surtout la beauté de cet instrument d’exception.
A tel point qu’on songe même à une utilisation au quotidien de l’engin. Sans aller jusque-là, il est certain qu’il ne restera pas enfermé dans une boite pour le protéger : il vivra sa vie de stylo, avec ménagement cependant.
