Sur les encres grises : il me semble qu'il ne faut pas les juger en se plaçant d'un point de vue utilitaire, d'une utilisation au quotidien. Le gris ne me paraît pas fait pour ça.
C'est un grand amateur de la Kiri-same qui parle. L'encre est peu contrastée, elle est moins foncée que d'autres gris. Ecrire une lettre avec n'est pas une chose évidente. Le manque de contraste, ce qui peut apparaître comme une certaine fadeur ne convient à mon sens pas bien à cet usage, la lecture n'est pas très aisée.
Non, il faut une approche on va dire "poétique" (poétique à trois sous, hé). Avec la Kiri-same, on est dans l'évanescent, dans la pluie de printemps. On a envie d'y voir la brume après l'averse. Comme beaucoup d'encres aqueuses et légères, un de ses petits plaisirs est qu'elle ne se révèle pas tout de suite : on écrit, et durant quelques secondes, on ne voit presque rien sous la plume, l'encre va foncer un peu ensuite. On aime Kiri-same son son joli ombrage, ses gris et les nuées qu'ils évoquent. La page est légère, un peu difficile à lire peut-être. On se moque ici de la permanence de l'encre, de sa tenue dans le temps ou de sa résistance à l'eau : elle vient de l'eau, une goutte la fera disparaître. On n'écrit pas pour l'éternité avec Kiri-same.
C'est aussi une encre dont on profite pleinement de la nuance chaude quand on l'associe avec d'autres.
Ne pas oublier de parler de la tenue des Iroshizuku sous la plume et sur le papier, du soyeux propre à ces encres.
Plutôt qu'une défense de Kiri-same, ce sont de vagues réflexions après l'averse du matin sur les encres grises en général
Jimmy