
Voici ce que ça donne sur papier clairefontaine pupitre de 90g :

L'encre Visconti blue ne manque pas d'allure : sa belle couleur bleu foncé est bien saturée avec de beaux ombrages. La lubrification de la plume est excellente et l'écriture se déroule sur le papier avec une rare fluidité. Mais est-ce une vertu de l'encre ou de la plume B? L'échantillon suivant écrit avec la plume M du 146 nous raconte une autre histoire : le trait s'affine, l'ombrage s'atténue et le contact avec le papier est plus sensible. On sent mieux les réactions du stylo, bien que l'écriture reste souple et assez soyeuse.
Devant ces résultats très probants, les vieux démons de la recherche du Bleu Perdu se réveillent et les échantillons de Goulet ne tardent pas à frapper à la porte :

Nous allons essayer successivement :
-Noodlers Midway Blue
-Private Reserve Lake Placid Blue
-Iroshizuku Tsuyu-Kusa
-Omas Blue
-Noodlers Polar Blue
-Iroshizuku Asa -Gao
D'où le titre de ce post, Rhapsody in Blue, ou un assemblage aussi divers que varié d'encres bleues d'origines multiples!
Voici les photos de l'essai :



L'encre Omas blue est très semblable à la Visconti, il est difficile de les départager. Le bleu est classique, de nuance bleu roi, avec de l'ombrage, mais peu de reflets.
La Polar Blue de Noodlers est intéressante mais diffuse dans le papier de manière inacceptable : elle m'intéresse puisqu'elle gonfle un peu le trait timide du 146 M, mais l'écriture reste brouillée et ne participera donc pas au tableau final.
En revanche, la Midway Blue est une belle surprise : très élégante et lumineuse, elle lubrifie excellement la plume et c'est peut être celle qui procure le meilleur confort. Sa teinte est très proche de la Liberty Elyseum, de la Blue Eel, mais aussi de l'asa Blue et de la Kon Peki...pas facile de faire un choix, mais les caractéristiques mécaniques sont vraiment hors du commun.
Lake Placid de Private Reserve : un beau bleu avec une nuance pourpre. Excellent confort d'écriture et très beau bleu un peu classique. A ranger aux côtés de Visconti et Omas.
Restent les deux soeurs nippones. Tsuyu-Kusa ne m'a guère impressionné, la lubrification est bonne mais le flux est plus réduit, résultant en un trait plus fin avec le 146M. Séchage plutôt lent. Au final, rien ne distingue vraiment cette encre de ses consoeurs : elle est assez banale et sans surprises.
Enfin, l'Asa Gao ferme le ban avec majesté : un des meilleurs conforts d'écriture des encres essayées, belle couleur bleue bien saturée sans être trop lumineuse, mais une légère modification de nuance survient au séchage. Voila une encre comme les mariages du même nom : "de raison". Des satisfactions, de l'agrément, mais pas l'étincelle divine qui vous la fera choisir parmi cent autres...!
Arrivé au terme de cette série d'essai, l'inévitable question du choix pointe son nez : et, comme d'habitude, il ne se dégage aucun vainqueur incontestable. Dans les bleus traditionnels, la série Omas-Visconti-Lake Placid sont de bons choix. Pour des nuances plus typées, Midway Blue et Asa Gao donneront beaucoup de satisfactions, tandis que le Polar Blue se disqualifie par sa fâcheuse tendance à diffuser. La Tsuyu Kusa, elle, ne demande qu'à se faire oublier.
Est-ce vraiment étonnant..?La recherche du bleu idéal n'est rien d'autre que la quête du Graal...sauf que je pense peut être l'avoir trouvé avec le Baystate Blue, mais les essais menés depuis 6 mois avec cette encre ne me permettent pas encore de tirer des conclusions sur sa réputation de pollueuse de stylo que beaucoup lui prêtent. N'importe : réexaminer quelques uns des beaux bleus mis à notre disposition reste toujours un plaisir que j'espère vous avoir fait partager.
Et pour rester dans l'ambiance musicale du titre de ce post, je propose un standard américain très connu "There will never be another blue..." (Harry Warren-Mack Gordon)