Quelques remarques qui reprendront une partie de ce qui a été écrit.
En reprenant de vieux papiers, je remarque, déjà écrit, que la structure et les caractéristiques de mon écriture courante sont parfaitement fixées depuis très longtemps. J’y ai apporté de légères modifications, un allongement de l’écriture parfois, la modification d’une ligature, d’une lettre par-ci, d’une autre par-là, parce qu’il en est que je ne trouve toujours pas belles. Je suis par exemple infoutu de tracer des « P » majuscules naturels et élégants. J’ai cherché à gommer certains rétrécissements, à donner de l’élan aux mots, sans perdre de vue que ce qui fait l’agrément d’une écriture, ce sont aussi ses imperfections, ses irrégularités et le fait qu’on ne voie pas trop ces petites recherches narcissiques. J’ai durant un long moment travaillé à « boucler » les jambages, c’en était même exagéré, artificiel par moments. Il en est tout de même resté quelque chose de plus naturel, de plus élancé et de plus libre qu’auparavant, qui me permet maintenant de « choisir » la manière dont se font les liaisons. L’utilisation de plumes fines et souples a été un apport considérable pour l’allègement de la main. Je ne parvenais pas au début à me servir d’une plume flexible (sans y chercher de vrais pleins et déliés, juste la légèreté et une légère variation du trait dont je raffole), ça a pris pas mal de temps, mais l’effort en valait la peine. Je place avant tout la légèreté de la main qui est difficile à acquérir. Le contrôle et la légèreté, c’est ce qui me semble produire le naturel en écriture courante. Des fois, ça marche bien.
Le choix de la plume, de la taille et de la forme du corps permet de varier dans une certaine mesure l’écriture. Si j’ai naturellement une écriture moyenne à grande, l’usage de plumes fines plus ou moins souples (j’ai récemment découvert les magnifiques plumes fines et raides japonaises des années 70 associées à des corps assez fins) me permet naturellement une petite écriture lisible, avec la variation légère de largeur de trait que j’affectionne, incisive, nette et assez libre sur de nombreuses pages, quand j’obtiens en laissant aller la main une plus grande liberté avec une des rares plumes larges que j’utilise, cela pour quelques mots ou quelques lignes seulement. Si le plaisir d’écrire le plus intense se trouve dans les anciennes plumes fines, celles que j’ai toujours envie d’utiliser et auxquelles j’ai toujours envie de revenir, celles qui me font frémir des reins, il en est de larges modernes qui sont comme le prolongement du bras et de la tête, même si je n’ai pas envie de passer mes journées avec elles : c’est par exemple le cas des Naginata Togi moyennes de Sailor, avec lesquelles l’écriture est d’un délié et d’une régularité parfaitement naturels, bien plus ronde évidemment qu’avec des plumes fines et aiguës, au prix de moindres variations et bien sûr avec un aspect plus adouci que ces dernières. L’écriture à la plume fine, incisive et un peu souple, si elle donne bien davantage de plaisir, est souvent un peu plus crispée.
L’essentiel pour moi est d’être parfaitement lisible et de pouvoir écrire très rapidement. L’écriture est sans intérêt en usage courant, ça va vite, c’est efficace, point, pas de plumes fines et souples ici. Elle s’affine, s’élance et se précise quand elle s’adresse à quelqu’un, elle gagne alors un peu en élégance si je puis dire, elle met - sans excès ! - ses plumes et prend sa voix de gorge. Derrière l’écriture naturelle dont je parlais au début, il y a toujours une ou plusieurs écritures qui me touchent beaucoup, que j’ai toujours en tête et que je ne perds jamais de vue en écrivant, à aucun moment. A moins que ce ne soit ce que je cherche qui me fasse aimer ces écritures ?

Quelquefois, je me dis « Ah, là, voilà, j’approche de ce que je cherche ».
« Miroir de soi-même », dit AD. Pour pas mal de monde, je crois, l’écriture est comme un petit théâtre. Le graphologue, qui ne travaille certainement que par expérience et comparaison, s’il n’est pas un charlatan, devrait lire facilement tout cela

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Jimmy