Test du Sheaffer Crest à plume Triumph par Pilotnamiki
Posté : 23 sept. 2010 11:36
LES BANCS D'ESSAI DE PILOTNAMIKI
SHEAFFER CREST :THE UNSUNG HERO
LE CONTEXTE :
La fin des années 30 et le début des années 40 virent l’apparition des instruments d’écriture parmi les l plus modernes et les plus évolués jamais conçus.
Malgré un contexte international dramatique, la technique stylographique accomplit un immense pas en avant, tant technique qu’esthétique.
LA CONCURRENCE :
Le sheaffer Crest premier du nom apparait en 1937.Il succède au Balance comme haut de gamme de la firme de Fort-Madison.
Il s’agit d’un stylo en celluloïd doté d’une plume traditionnelle mais qui se singularise par l’emploi d’un capuchon métallique (plaqué or le plus souvent), une première esthétique reprise ultérieurement par la concurrence, Parker 51 en tête.

Waterman réplique dès 1939 avec son hundred years pen( stylo garantit 100 ans) au corps annelé et doté d’une grosse bague centrale, très art-déco (un design repris sur certains Sailor et Platinum actuels, sans compter le Waterman Charleston), une esthétique singulière due à John Vassos.

Wahl-Eversharp se lance dans la bataille avec son très réussi Skyline lancé en 1940.Son capuchon massif et arrondi et son extrémité effilée constituent un décalque de la locomotive »twentieth century limited » , machine de prestige aérodynamique, exploitée dans l’Etat de New-York. Les deux furent projetés par le talentueux et prolifique Henry Dreyfuss.

En 1941, le tsunami Parker 51 vitrifia –plus encore que les Mitsubishi Zero à à Pearl Harbor- esthétiquement et techniquement toute forme de concurrence (qui semblait reléguée à un siècle lointain), « un stylo venu d’une autre planète », comme se plaisait à souligner la réclame de l’époque.Le vaisseau spécial Bauhaus de Lazló Moholy Nagy (membre du Bauhaus de Dessau avant de fonder l’école du design industriel de Chicago en 1937) devint le cauchemar de Sheaffer qui se présentait volontiers, jusque là, comme le plus innovant de tous les créateurs d’instruments d’écriture du monde.

A Fort Madison, décision fut prise de lancer dans les plus brefs délais un Crest « mark2 », considérablement modernisé et apte à répondre au défi lancé par le rival de toujours.En décembre 1941, pendant le blitz de l’amiral Yamamoto, Sheaffer déposa le brevet d’une révolutionnaire et très esthétique plume tubulaire baptisée très modestement « Triumph » (qui n’a rien à voir avec un fabriquant britannique d’engins motorisés...)

Cette nouveauté majeure renforce considérablement la ligne « streamline » du Crest et le relance face à l’ovni de Janesville.
Sheaffer trouvera sur sa route un nouveau concurrent « moderne » en 1945, le Moore Fingertip dont le nom évoque sa singulière plume, pour la première fois au monde sertie dans la section, une innovation reprise plus tard, sous une autre forme sur un certain PFM…

ESTHETIQUE/CONCEPTION :
Sur ce chapitre, je ne vais pas faire preuve de beaucoup d’objectivité.Les objets contemporains du Crest figurent, à mes yeux, comme les plus parfaits esthétiquement, les plus fonctionnels, les plus modernes jamais conçus par la grâce de la rencontre du streamline et du Bauhaus.
En voici une parfaite illustration dans le domaine automobile, cette silhouette sublime surpasse en élégance et en grâce la totalité de la production jusqu’à nos jours (avis subjectif que je partage néanmoins !)

Cette splendeur de Lincoln Zephyr V12 a eu comme célèbre propriétaire, le fils de Walter A Sheaffer à la fin des années 30 et au début des années 40 ;de là à imaginer, que garée fréquemment sur le parking de la firme, elle aurait pu influencer les designers maison (le capot en étrave n’évoque-t-il pas une plume tubulaire, quant à la silhouette générale…) Non, certainement plus sérieusement, le nouveau Crest résulte du puissant courant stylistique de son temps.

Le Crest « Triumph » se présente sous les traits d’un stylo de forme oblongue et profilée, assez court (beaucoup plus qu’un Parker 51) mais plutôt ventru avec ses 13 mm de diamètre. La section striée antidérapante s’avère un peu courte à mon goût. Elle comporte à son extrêmité supérieure une petite bague de couleur dorée faisant office de pas de vis pour le capuchon (Sheaffer n’a pas osé le maintient par friction comme sur le P51 .)
Le corps en celluloïd noir sur mon Crest 1750 arbore, gravé, la raison sociale et l’adresse de son illustre manufacturier !
Le Crest existait également en version transparente en celluloïd strié, dans sa version Lady.

Sheaffer laissait à l’acheteur, pour le même prix, le choix entre un chargement à dépression (identique au Pilot Custom 823 contemporain ou au High-Vacum-Power actuel de Visconti) ou le traditionnel levier de compression latéral. Personnellement, j’adore le « plunger » mais il semble qu’il puisse poser quelques problèmes d’étanchéité avec le temps-qui nécessite une réfection par un spécialiste-, voilà pourquoi les Crest à levier semblent plus répandus et plus faciles à restaurer.
La finition se montre excellente avec le petit point blanc Lifetime rejeté à l’extrémité supérieure du corps sur mon stylo.
L’ensemble inspire confiance et exhale la solidité.
19/20 sur ce point
PLUME ET CONDUIT :
Voilà le morceau de bravoure du « new » Crest, pour concurrencer Parker, Sheaffer a placé la barre très haut. La plume conique Triumph, à elle seule, justifie l’acquisition de cet excellent compagnon d’écriture.
« More than a new design, it’s a new engineering” proclamaient les publicités de l’époque.

De profil, cette pièce d’orfévrerie dessine un gracieux M du bec jusqu’à la partie tubulaire.
L’extrêmité en palladium dessine, de face, un cœur (en accord avec le petit évent, lui aussi en forme de cœur), la partie dorée arbore l’inscription SHEAFFER’S, LIFETIME-Reg US Pat off, Made in USA, 14K

Son statut haut de gamme destinait le Crest à une clientèle d’hommes d’affaires fortunés qui empruntait régulièrement les premières lignes aériennes régulières trans-américaines. Le businessman rédigeant ses contrats à 10000 pieds à bord d’un Douglas DC3 savait apprécier à sa juste mesure cette nouvelle génération d’écriture ne fuyant plus ou beaucoup moins, dans ces circonstances particulières (c’est encore plus vrai dans le cas du Parker 51 aerometric
)
Le conduit du Crest a été conçu en conséquence avec des ailettes largement dimensionnées afin de contrôler efficacement le surplus d’encre et les variations de pression atmosphérique dans la cabine de l’appareil, même s’il n’offre pas la sécurité et la sophistication technique de son grand rival de Janesville.
Pour conclure ce chapitre, on peut affirmer que le Crest peut être considéré comme le plus évolué techniquement de sa génération après le P51, mais avec l’apport d’une superbe et unique plume, non capotée.
On peut décerner un 19/20 à ce chapitre.
A L’UTILISATION :
Si vous recherchez une plume souple, fuyez le Crest et la plupart des modèles américains de cette époque ! C’est raide comme la justice mais d’une exquise douceur ! La plume glisse sans effort et voluptueusement sur le papier (bien peu de plumes actuels peuvent rivaliser sur ce plan…)
Mister Crest convient finalement très bien aux mains grossières des scripteurs du XXI ème siècle habituées aux rollers, pointes voire aux claviers ou aux écrans tactiles ! Le conduit en ébonite assure un important débit-à condition d’utiliser de l’encre Sheaffer SKRIP ou une variété assez fluide- et un fonctionnement infaillible, même avec une plume large.

Le Crest s’accorde aussi bien à des mains féminines que masculines, eu égard à son gabarit compact .
Le chargement à levier ne pose aucun problème pour les habitués de ce système, avec un fonctionnement aussi onctueux que la plume.
Le poids du stylo s’avère contenu et bien réparti (rien à voir avec les monstres actuels !)
A l’usage, je ne lui trouve pas de défaut (si on admet l’absolue fermeté de la plume, mais quelle douceur…), sauf peut-être son corps, assez court qui incite à rédiger capuchon posté.
Tout cela vaut un 19/20 encore une fois.
EVOLUTION :
Le Crest a poursuivi sa carrière dans les années 50 avec des améliorations permanentes et raffinement technique croissant afin de gêner le grand rival historique. Pour répliquer au Parker 51 aerometric de 1948, Sheaffer dégaine son Touchdown pneumatique en 1949 (inspiré des réalisations de Crocker et de Chilton d’avant guerre) puis son Snorkel en 1953 (un système de chargement périscopique-dont le nom provient de l’allemand « schnorchel »,littéralement, prise d’air- d’une infinie complexité,avec un petit tube jaillissant du conduit afin de procéder au "ravitaillement en vol." Une astucieuse trouvaille dû au « Docteur Q » de Sheaffer, le génial William-E-L-Bunn.)

La plume conique Triumph perdurera jusque dans les années 60 supplantée en haut de gamme par la plume sertie Du PFM (Pen For Men ou stylo macho…) en 1959
Incroyablement, le Crest connaîtra une résurrection à la fin des années 80 avec un stylo construit sur base d’étain (ou en celluloïd sur le modèle opaline) et à cartouches/convertisseur mais signant le retour de la spectaculaire plume Triumph conique.
Cette lignée perdurera de 1989 à 1998 (date de la reprise effective de sheaffer par Bic.) Mais ceci est une autre histoire, je chronique ici le Crest des années 40/50.
CONCLUSION :
Le Crest des années 40 ne suscite pas auprès des collectionneurs la même attention que ses contemporain, une situation incompréhensible eu égard à ses nombreuses qualités et à sa sublime plume, si originale. On ne saurait que trop le recommander à toutes celles et à tous ceux qui souhaitent se démarquer avec un produit de haute qualité, avant tout destiné à une utilisation intensive, pas à l’exhibition d’un « status symbol . »
Entre les adulés Balance et PFM, le Crest mérite une place de choix dans toute collection sérieuse.
Comme son concurrent Parker 51, il surclasse largement la grande majorité des « modernes » à tous points de vue.
Personnellement, je passe mon temps à l’admirer et à contempler sa plume sous tous les angles
La longévité du Crest-toutes versions confondues-, de la deuxième moitié des années 30 à l’aube des années 60 peut impressionner, signe d’un produit très bien conçu à la base et connaissant des évolutions techniques audacieuses et continuelles (plume Triumph en 1942, remplacement du celluloïd par du plastique injecté-beurk- à la fin des années 40, introduction du Touchdown en 1949 puis du Snorkel en 1953, modèle fin TM-thin model ,dérivé du Crest) Thank you Mister Bunn, l’histoire de la stylographie vous doit beaucoup !
Quelques anecdotes pour terminer sur le Crest et ses frères presque jumeaux :
Il a été le premier stylo à faire l’objet d’une publicité durant les années 50 dans la sit-com « I Love Lucy »-on y voit Lucy Ball nous convaincre des avantages incomparables du Snorkel, par une démonstration en plein milieu de sa "soap-série"- pour garder une plume propre (mais il faut soigneusement essuyer le conduit après rétractation du petit syphon !)
La firme italienne Pen-Co l’a copié en tous points (plume tubulaire-monochrome là- et Touchdown compris) avec son modèle Pen-Co 53, d’où un procès intenté par Sheaffer qui aboutira à la faillite de plagiaire.
Dernier fait significatif, le Crest à plume conique a paraphé la Charte des Nation Unies en 1944, marquant ainsi son entrée en vigueur.

QUALITES :
Très fiable et endurant
Ergonomique (pour des doigts pas trop épais).
Poids contenu
Splendide et unique plume TRIUMPH conique
Nombreuses versions disponibles
Convient aux femmes et aux hommes
Douceur d’écriture presque surnaturelle
Différents systèmes de chargement (levier, plunger, Touchdown, Snorkel)
Moins coûteux que ses concurrents (généralement)
Esthétique aérodynamique
Excellente qualité de fabrication (versions en celluloïd)
DEFAUTS :
Plume totalement ferme
Section trop courte pour certains
Corps très court nécessitant le postage du capuchon
Versions les plus complexes (Plunger, Snorkel) nécessitant une restauration par un spécialiste
Exige une encre assez fluide pour ne pas altérer son débit
Levier très doux mais à manier avec précaution-comme tous les leviers- (modèles dotés du levier de compression)
Moins courant qu’un Parker 51
Corps sensible aux rayures (versions en plastique injecté)

SHEAFFER CREST :THE UNSUNG HERO
LE CONTEXTE :
La fin des années 30 et le début des années 40 virent l’apparition des instruments d’écriture parmi les l plus modernes et les plus évolués jamais conçus.
Malgré un contexte international dramatique, la technique stylographique accomplit un immense pas en avant, tant technique qu’esthétique.
LA CONCURRENCE :
Le sheaffer Crest premier du nom apparait en 1937.Il succède au Balance comme haut de gamme de la firme de Fort-Madison.
Il s’agit d’un stylo en celluloïd doté d’une plume traditionnelle mais qui se singularise par l’emploi d’un capuchon métallique (plaqué or le plus souvent), une première esthétique reprise ultérieurement par la concurrence, Parker 51 en tête.

Waterman réplique dès 1939 avec son hundred years pen( stylo garantit 100 ans) au corps annelé et doté d’une grosse bague centrale, très art-déco (un design repris sur certains Sailor et Platinum actuels, sans compter le Waterman Charleston), une esthétique singulière due à John Vassos.

Wahl-Eversharp se lance dans la bataille avec son très réussi Skyline lancé en 1940.Son capuchon massif et arrondi et son extrémité effilée constituent un décalque de la locomotive »twentieth century limited » , machine de prestige aérodynamique, exploitée dans l’Etat de New-York. Les deux furent projetés par le talentueux et prolifique Henry Dreyfuss.

En 1941, le tsunami Parker 51 vitrifia –plus encore que les Mitsubishi Zero à à Pearl Harbor- esthétiquement et techniquement toute forme de concurrence (qui semblait reléguée à un siècle lointain), « un stylo venu d’une autre planète », comme se plaisait à souligner la réclame de l’époque.Le vaisseau spécial Bauhaus de Lazló Moholy Nagy (membre du Bauhaus de Dessau avant de fonder l’école du design industriel de Chicago en 1937) devint le cauchemar de Sheaffer qui se présentait volontiers, jusque là, comme le plus innovant de tous les créateurs d’instruments d’écriture du monde.

A Fort Madison, décision fut prise de lancer dans les plus brefs délais un Crest « mark2 », considérablement modernisé et apte à répondre au défi lancé par le rival de toujours.En décembre 1941, pendant le blitz de l’amiral Yamamoto, Sheaffer déposa le brevet d’une révolutionnaire et très esthétique plume tubulaire baptisée très modestement « Triumph » (qui n’a rien à voir avec un fabriquant britannique d’engins motorisés...)

Cette nouveauté majeure renforce considérablement la ligne « streamline » du Crest et le relance face à l’ovni de Janesville.
Sheaffer trouvera sur sa route un nouveau concurrent « moderne » en 1945, le Moore Fingertip dont le nom évoque sa singulière plume, pour la première fois au monde sertie dans la section, une innovation reprise plus tard, sous une autre forme sur un certain PFM…

ESTHETIQUE/CONCEPTION :
Sur ce chapitre, je ne vais pas faire preuve de beaucoup d’objectivité.Les objets contemporains du Crest figurent, à mes yeux, comme les plus parfaits esthétiquement, les plus fonctionnels, les plus modernes jamais conçus par la grâce de la rencontre du streamline et du Bauhaus.
En voici une parfaite illustration dans le domaine automobile, cette silhouette sublime surpasse en élégance et en grâce la totalité de la production jusqu’à nos jours (avis subjectif que je partage néanmoins !)

Cette splendeur de Lincoln Zephyr V12 a eu comme célèbre propriétaire, le fils de Walter A Sheaffer à la fin des années 30 et au début des années 40 ;de là à imaginer, que garée fréquemment sur le parking de la firme, elle aurait pu influencer les designers maison (le capot en étrave n’évoque-t-il pas une plume tubulaire, quant à la silhouette générale…) Non, certainement plus sérieusement, le nouveau Crest résulte du puissant courant stylistique de son temps.

Le Crest « Triumph » se présente sous les traits d’un stylo de forme oblongue et profilée, assez court (beaucoup plus qu’un Parker 51) mais plutôt ventru avec ses 13 mm de diamètre. La section striée antidérapante s’avère un peu courte à mon goût. Elle comporte à son extrêmité supérieure une petite bague de couleur dorée faisant office de pas de vis pour le capuchon (Sheaffer n’a pas osé le maintient par friction comme sur le P51 .)
Le corps en celluloïd noir sur mon Crest 1750 arbore, gravé, la raison sociale et l’adresse de son illustre manufacturier !
Le Crest existait également en version transparente en celluloïd strié, dans sa version Lady.

Sheaffer laissait à l’acheteur, pour le même prix, le choix entre un chargement à dépression (identique au Pilot Custom 823 contemporain ou au High-Vacum-Power actuel de Visconti) ou le traditionnel levier de compression latéral. Personnellement, j’adore le « plunger » mais il semble qu’il puisse poser quelques problèmes d’étanchéité avec le temps-qui nécessite une réfection par un spécialiste-, voilà pourquoi les Crest à levier semblent plus répandus et plus faciles à restaurer.
La finition se montre excellente avec le petit point blanc Lifetime rejeté à l’extrémité supérieure du corps sur mon stylo.
L’ensemble inspire confiance et exhale la solidité.
19/20 sur ce point
PLUME ET CONDUIT :
Voilà le morceau de bravoure du « new » Crest, pour concurrencer Parker, Sheaffer a placé la barre très haut. La plume conique Triumph, à elle seule, justifie l’acquisition de cet excellent compagnon d’écriture.
« More than a new design, it’s a new engineering” proclamaient les publicités de l’époque.

De profil, cette pièce d’orfévrerie dessine un gracieux M du bec jusqu’à la partie tubulaire.
L’extrêmité en palladium dessine, de face, un cœur (en accord avec le petit évent, lui aussi en forme de cœur), la partie dorée arbore l’inscription SHEAFFER’S, LIFETIME-Reg US Pat off, Made in USA, 14K

Son statut haut de gamme destinait le Crest à une clientèle d’hommes d’affaires fortunés qui empruntait régulièrement les premières lignes aériennes régulières trans-américaines. Le businessman rédigeant ses contrats à 10000 pieds à bord d’un Douglas DC3 savait apprécier à sa juste mesure cette nouvelle génération d’écriture ne fuyant plus ou beaucoup moins, dans ces circonstances particulières (c’est encore plus vrai dans le cas du Parker 51 aerometric
)
Le conduit du Crest a été conçu en conséquence avec des ailettes largement dimensionnées afin de contrôler efficacement le surplus d’encre et les variations de pression atmosphérique dans la cabine de l’appareil, même s’il n’offre pas la sécurité et la sophistication technique de son grand rival de Janesville.
Pour conclure ce chapitre, on peut affirmer que le Crest peut être considéré comme le plus évolué techniquement de sa génération après le P51, mais avec l’apport d’une superbe et unique plume, non capotée.
On peut décerner un 19/20 à ce chapitre.
A L’UTILISATION :
Si vous recherchez une plume souple, fuyez le Crest et la plupart des modèles américains de cette époque ! C’est raide comme la justice mais d’une exquise douceur ! La plume glisse sans effort et voluptueusement sur le papier (bien peu de plumes actuels peuvent rivaliser sur ce plan…)
Mister Crest convient finalement très bien aux mains grossières des scripteurs du XXI ème siècle habituées aux rollers, pointes voire aux claviers ou aux écrans tactiles ! Le conduit en ébonite assure un important débit-à condition d’utiliser de l’encre Sheaffer SKRIP ou une variété assez fluide- et un fonctionnement infaillible, même avec une plume large.

Le Crest s’accorde aussi bien à des mains féminines que masculines, eu égard à son gabarit compact .
Le chargement à levier ne pose aucun problème pour les habitués de ce système, avec un fonctionnement aussi onctueux que la plume.
Le poids du stylo s’avère contenu et bien réparti (rien à voir avec les monstres actuels !)
A l’usage, je ne lui trouve pas de défaut (si on admet l’absolue fermeté de la plume, mais quelle douceur…), sauf peut-être son corps, assez court qui incite à rédiger capuchon posté.
Tout cela vaut un 19/20 encore une fois.
EVOLUTION :
Le Crest a poursuivi sa carrière dans les années 50 avec des améliorations permanentes et raffinement technique croissant afin de gêner le grand rival historique. Pour répliquer au Parker 51 aerometric de 1948, Sheaffer dégaine son Touchdown pneumatique en 1949 (inspiré des réalisations de Crocker et de Chilton d’avant guerre) puis son Snorkel en 1953 (un système de chargement périscopique-dont le nom provient de l’allemand « schnorchel »,littéralement, prise d’air- d’une infinie complexité,avec un petit tube jaillissant du conduit afin de procéder au "ravitaillement en vol." Une astucieuse trouvaille dû au « Docteur Q » de Sheaffer, le génial William-E-L-Bunn.)

La plume conique Triumph perdurera jusque dans les années 60 supplantée en haut de gamme par la plume sertie Du PFM (Pen For Men ou stylo macho…) en 1959
Incroyablement, le Crest connaîtra une résurrection à la fin des années 80 avec un stylo construit sur base d’étain (ou en celluloïd sur le modèle opaline) et à cartouches/convertisseur mais signant le retour de la spectaculaire plume Triumph conique.
Cette lignée perdurera de 1989 à 1998 (date de la reprise effective de sheaffer par Bic.) Mais ceci est une autre histoire, je chronique ici le Crest des années 40/50.
CONCLUSION :
Le Crest des années 40 ne suscite pas auprès des collectionneurs la même attention que ses contemporain, une situation incompréhensible eu égard à ses nombreuses qualités et à sa sublime plume, si originale. On ne saurait que trop le recommander à toutes celles et à tous ceux qui souhaitent se démarquer avec un produit de haute qualité, avant tout destiné à une utilisation intensive, pas à l’exhibition d’un « status symbol . »
Entre les adulés Balance et PFM, le Crest mérite une place de choix dans toute collection sérieuse.
Comme son concurrent Parker 51, il surclasse largement la grande majorité des « modernes » à tous points de vue.
Personnellement, je passe mon temps à l’admirer et à contempler sa plume sous tous les angles
La longévité du Crest-toutes versions confondues-, de la deuxième moitié des années 30 à l’aube des années 60 peut impressionner, signe d’un produit très bien conçu à la base et connaissant des évolutions techniques audacieuses et continuelles (plume Triumph en 1942, remplacement du celluloïd par du plastique injecté-beurk- à la fin des années 40, introduction du Touchdown en 1949 puis du Snorkel en 1953, modèle fin TM-thin model ,dérivé du Crest) Thank you Mister Bunn, l’histoire de la stylographie vous doit beaucoup !
Quelques anecdotes pour terminer sur le Crest et ses frères presque jumeaux :
Il a été le premier stylo à faire l’objet d’une publicité durant les années 50 dans la sit-com « I Love Lucy »-on y voit Lucy Ball nous convaincre des avantages incomparables du Snorkel, par une démonstration en plein milieu de sa "soap-série"- pour garder une plume propre (mais il faut soigneusement essuyer le conduit après rétractation du petit syphon !)
La firme italienne Pen-Co l’a copié en tous points (plume tubulaire-monochrome là- et Touchdown compris) avec son modèle Pen-Co 53, d’où un procès intenté par Sheaffer qui aboutira à la faillite de plagiaire.
Dernier fait significatif, le Crest à plume conique a paraphé la Charte des Nation Unies en 1944, marquant ainsi son entrée en vigueur.

QUALITES :
Très fiable et endurant
Ergonomique (pour des doigts pas trop épais).
Poids contenu
Splendide et unique plume TRIUMPH conique
Nombreuses versions disponibles
Convient aux femmes et aux hommes
Douceur d’écriture presque surnaturelle
Différents systèmes de chargement (levier, plunger, Touchdown, Snorkel)
Moins coûteux que ses concurrents (généralement)
Esthétique aérodynamique
Excellente qualité de fabrication (versions en celluloïd)
DEFAUTS :
Plume totalement ferme
Section trop courte pour certains
Corps très court nécessitant le postage du capuchon
Versions les plus complexes (Plunger, Snorkel) nécessitant une restauration par un spécialiste
Exige une encre assez fluide pour ne pas altérer son débit
Levier très doux mais à manier avec précaution-comme tous les leviers- (modèles dotés du levier de compression)
Moins courant qu’un Parker 51
Corps sensible aux rayures (versions en plastique injecté)
