Musings : Bonnard, Saint-Ex, météores, photo
Posté : 18 juil. 2010 08:41
La table de l’écrivain recréée : à côté d’une vieille Remington, des liasses de notes manuscrites, quelques pipes, une paire de lunettes, un porte-plume ventru, deux austères stylos noirs des années 30, de ceux qu’on imagine dans les mains de son père, ceux qui vous ont transmis le goût indélébile des stylos à plume. C’est à l’entrée de la remarquable exposition consacrée à Léon Werth au musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun, dans l’Indre, en passant un des meilleurs musées de la région Centre. Critique d’art, écrivain engagé, Léon Werth était dans les années 30 l’ami de nombeux artistes. Promenade légère au milieu des Vlaminck, Bonnard, Renoir, Monet, Matisse, Signac, Marquet, et j’en passe et j’en passe que je vous dis même pas. Livres et journaux d’époque, correspondances manuscrites ou tapées à la machine. Une dizaine d’estampes japonaises magnifiquement restaurées, des meubles et dessins de Jourdain. Une salle entièrement consacrée à Saint-Exupéry, photos, notes, lettres, puisque Werth était l’ami intime de Saint-Ex et le dédicataire du Petit Prince. Cette superbe promenade, fruit de quatre ans de travail, est gratuite, et je paye le café à une terrasse si vous passez dans le coin. Heureusement qu’il y avait ces deux stylos pour offrir le prétexte d’en parler !
Une nuit, un ami de passage et sa femme m’emmènent observer les étoiles sous l’horizon immense des plaines du Berry. Etoiles doubles, amas, nébuleuses, Jupiter, Saturne et leurs satellites dans l’oculaire du télescope. Ce joli nom et ses étoiles si fines : la Rose de Caroline. Le ciel est magnifique, là-bas au sud la Voie lactée plonge dans l’horizon vers le Scorpion. Où sont les stylos là-dedans ? J’y viens.
Le ciel et les météores me rappellent les images d’une de mes photographes préférées, Sally Mann. Les tirages de ses plaques au collodion des champs de bataille de la guerre de Sécession, les ciels hallucinés traversés des cris des morts et de feu. M’emmènent de là vers les premiers photographes de l’Ouest américain dont je raffole, Carleton Watkins et Timothy O’Sullivan en tête. Espaces immenses, O’Sullivan, guerre : me revient en tête > une lettre à son fils du père de Paul Wirt > écrite durant la guerre de Sécession. Wirt était un des premiers grands fabricants de stylos américains, un homme très respecté dans sa communauté, un homme comme les aiment les Américains. La boucle est bouclée : j’ai reçu récemment un joli et délicat petit Wirth de 1900, je cherche toujours des liens entre ces vieux stylos, ce qu’ils portent avec eux et où ils touchent celui qui les cherche ou les recueille.
Je m’emmerde hier soir. Je traînasse un moment sur les sites de vente de vieux stylos. Je passe même un moment sur cette horreur d’eBay, c’est dire ! Je vois deux jolis Waterman pas bien chers qui me plaisent beaucoup. J’en trouve deux autres, beaucoup plus chers. Quelle folie que de payer des prix démentiels quand on peut trouver de petites beautés avec lesquelles on sait qu’on aura un plaisir fou à écrire pour trois ou quatre sous !
Je feuillette un projet photographique en cours dans lequel j’ai beaucoup de mal à avancer. J’ai fait fabriquer spécialement une belle reliure contemporaine, je colle de petits tirages contact noir et blanc sur les pages de papier chiffon, j’écris à la plume sur la page en regard. Comme disait Sonny Boy l’autre jour, plumes et noir et blanc se marient bien. Mais là, ça rame un peu.
C’est l’été. La nuit a été fraîche. C’est dimanche matin. C’est bien. On prépare tranquillement une lettre.
Jimmy
Une nuit, un ami de passage et sa femme m’emmènent observer les étoiles sous l’horizon immense des plaines du Berry. Etoiles doubles, amas, nébuleuses, Jupiter, Saturne et leurs satellites dans l’oculaire du télescope. Ce joli nom et ses étoiles si fines : la Rose de Caroline. Le ciel est magnifique, là-bas au sud la Voie lactée plonge dans l’horizon vers le Scorpion. Où sont les stylos là-dedans ? J’y viens.
Le ciel et les météores me rappellent les images d’une de mes photographes préférées, Sally Mann. Les tirages de ses plaques au collodion des champs de bataille de la guerre de Sécession, les ciels hallucinés traversés des cris des morts et de feu. M’emmènent de là vers les premiers photographes de l’Ouest américain dont je raffole, Carleton Watkins et Timothy O’Sullivan en tête. Espaces immenses, O’Sullivan, guerre : me revient en tête > une lettre à son fils du père de Paul Wirt > écrite durant la guerre de Sécession. Wirt était un des premiers grands fabricants de stylos américains, un homme très respecté dans sa communauté, un homme comme les aiment les Américains. La boucle est bouclée : j’ai reçu récemment un joli et délicat petit Wirth de 1900, je cherche toujours des liens entre ces vieux stylos, ce qu’ils portent avec eux et où ils touchent celui qui les cherche ou les recueille.
Je m’emmerde hier soir. Je traînasse un moment sur les sites de vente de vieux stylos. Je passe même un moment sur cette horreur d’eBay, c’est dire ! Je vois deux jolis Waterman pas bien chers qui me plaisent beaucoup. J’en trouve deux autres, beaucoup plus chers. Quelle folie que de payer des prix démentiels quand on peut trouver de petites beautés avec lesquelles on sait qu’on aura un plaisir fou à écrire pour trois ou quatre sous !
Je feuillette un projet photographique en cours dans lequel j’ai beaucoup de mal à avancer. J’ai fait fabriquer spécialement une belle reliure contemporaine, je colle de petits tirages contact noir et blanc sur les pages de papier chiffon, j’écris à la plume sur la page en regard. Comme disait Sonny Boy l’autre jour, plumes et noir et blanc se marient bien. Mais là, ça rame un peu.
C’est l’été. La nuit a été fraîche. C’est dimanche matin. C’est bien. On prépare tranquillement une lettre.
Jimmy