Des bouteilles et des encres
Posté : 20 janv. 2009 10:57
"Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse..." Certes, nous nous préoccupons tous surtout du contenu de la bouteille d'encre. Mais quid du contenant ? Or, qui n'ai jamais pesté contre une bouteille qui ne permet pas d'utiliser plus des trois-quarts du contenu ou qui présente de dangeureuses et récurrentes tendances à se renverser ? Bizarrement, il me semble - je dis bien : il me semble - que seule une poignée de fabricants propose quelque chose de réellement nouveau et utile. Je serais tenté de répartir les bouteilles d'encre en quelques grandes catégories :
1° Les bouteilles banales, sans aucun intérêt esthétique, sans originalité d'utilisation - comme la plupart des vins, y compris les plus prestigieux. On trouve ici la majorité des fabricants : Aurora, Conway Stewart, Cross, De Atramentis, Delta, S. T. Dupont, L'Ecritoire, Graf von Faber-Castell, Noodler, Parker, Pelikan, Rohrer & Klingner, Stipula, Yard-o-led.
Chez J. Herbin comme parfois chez Pelikan, les bouteilles sont équipées d'une gouttière pour poser un porte-plume... ce qui n'est plus d'aucun intérêt pratique dans l'immense majorité des cas mais donne un petit cachet d'ancien.
Montegrappa, Omas, Waterman utilisent des flacons à facettes qui ne facilitent pas significativement l'usage mais sont plus agréables à regarder. Cocktail ou Diamine usent de bouteilles carrées plutôt plaisantes à utiliser.
Les bouteilles Sheaffer sont très stables.
2° Les bouteilles franchement désagréables. Par exemple, comment une maison aussi sérieuse que Caran d'Ache a-t-elle pu choisir ces bouteilles carrées à fond très épais ? La profondeur est ridiculement faible et très vite il faut transvaser dans une bouteille normale ou perdre la moitié du contenu. Le Calligraphe, Sailor, Private Reserve proposent des bouteilles munies d'une ouverture démesurément large tandis que la profondeur est trop réduite.
3° Les innovations qui apportent un confort d'utilisation supplémentaire - et ce, tout-à-fait indépendamment de la qualité de l'encre. Deux marques paraissent sortir en tête : Lamy et Montblanc. Le premier propose des bouteille sans élégance mais très stables et munies d'un puits central qui assure que le stylo ne basculera pas, que la bouteille, même presque vide, ne se renversera pas et enfin qu'on pourra utiliser jusqu'aux dernières gouttes. Dans un style complètement différent, la bouteille Montblanc en forme de chaussure est également très stable et permet d'utiliser presque tout le contenu de la bouteille. Visconti propose des flacons très élégants en forme de vase, qui possèdent aussi un puits central ; en revanche, la stabilité n'est pas optimale - la même marque conditionne également ses encres en bouteilles de plastique souple, ce qui est laid mais idéal pour le transport.
Dans cette dernière catégorie, je placerais aussi les bouteilles munies d'un réceptable en plastique sous le goulot : on renverse la bouteille avant l'ouverture ce qui emplit le réceptacle ; après ouverture, on plonge le stylo dans cette nacelle pleine d'encre. On ne risque jamais de blesser la plume puisqu'elle s'appuie sur du plastique souple. Avec quelque effort, on parvient à consommer presque les fonds de bouteilles. Le dispositif se trouve chez Namiki - belle bouteille ventrue au demeurant -, Duke - originale bouteille habillée de caoutchouc - et chez Parker pour sa collection Penman. Cette dernière série semble arrêtée, même en Asie : elle fut longtemps l'objet de vives controverses sur la qualité chimique des encres, pourtant très belles ; j'ai rencontré de très gros problèmes avec le vert et le bordeaux.
Les bouteilles Rubinato sont franchement belles - mais sans confort supplémentaire à l'utilisation.
Califolio n'apparaît pas ici car les bouteilles que j'en possède sont très diverses : il n'y a pas encore de "ligne" Califolio à ma connaissance. Les bouteilles en coin ou triangulaires sont certainement les plus reconnaissables : j'ai plusieurs fois entendu des personnes qui avaient été frappées par ces flacons qui rappellent... la marque des points au Trivial Pursuit !
Que conclure ? D'abord que mes critères esthétiques et pratiques ne sont sûrement pas ceux de tout le monde ! Mais aussi que, comme dans le cas des pH, il semble que l'aspect pratique du produit est trop souvent négligé. L'esthétique permet d'attirer et de séduire le client, l'ergonomie aide à le conserver. Personnellement, je recycle mes meilleurs encriers - Lamy et Montblanc en tête, suivis de Parker-Penman, Visconti, enfin Duke ou Rubinato pour l'aspect visuel. Mais, quand on a de nombreuses encres en cours d'utilisation, cela implique aussi un étiquettage rigoureux ! Last but not least : je n'ai à aucun moment pris en compte le facteur économique qui a certainement un poids décisif dans le choix de certains fabricants.
François
1° Les bouteilles banales, sans aucun intérêt esthétique, sans originalité d'utilisation - comme la plupart des vins, y compris les plus prestigieux. On trouve ici la majorité des fabricants : Aurora, Conway Stewart, Cross, De Atramentis, Delta, S. T. Dupont, L'Ecritoire, Graf von Faber-Castell, Noodler, Parker, Pelikan, Rohrer & Klingner, Stipula, Yard-o-led.
Chez J. Herbin comme parfois chez Pelikan, les bouteilles sont équipées d'une gouttière pour poser un porte-plume... ce qui n'est plus d'aucun intérêt pratique dans l'immense majorité des cas mais donne un petit cachet d'ancien.
Montegrappa, Omas, Waterman utilisent des flacons à facettes qui ne facilitent pas significativement l'usage mais sont plus agréables à regarder. Cocktail ou Diamine usent de bouteilles carrées plutôt plaisantes à utiliser.
Les bouteilles Sheaffer sont très stables.
2° Les bouteilles franchement désagréables. Par exemple, comment une maison aussi sérieuse que Caran d'Ache a-t-elle pu choisir ces bouteilles carrées à fond très épais ? La profondeur est ridiculement faible et très vite il faut transvaser dans une bouteille normale ou perdre la moitié du contenu. Le Calligraphe, Sailor, Private Reserve proposent des bouteilles munies d'une ouverture démesurément large tandis que la profondeur est trop réduite.
3° Les innovations qui apportent un confort d'utilisation supplémentaire - et ce, tout-à-fait indépendamment de la qualité de l'encre. Deux marques paraissent sortir en tête : Lamy et Montblanc. Le premier propose des bouteille sans élégance mais très stables et munies d'un puits central qui assure que le stylo ne basculera pas, que la bouteille, même presque vide, ne se renversera pas et enfin qu'on pourra utiliser jusqu'aux dernières gouttes. Dans un style complètement différent, la bouteille Montblanc en forme de chaussure est également très stable et permet d'utiliser presque tout le contenu de la bouteille. Visconti propose des flacons très élégants en forme de vase, qui possèdent aussi un puits central ; en revanche, la stabilité n'est pas optimale - la même marque conditionne également ses encres en bouteilles de plastique souple, ce qui est laid mais idéal pour le transport.
Dans cette dernière catégorie, je placerais aussi les bouteilles munies d'un réceptable en plastique sous le goulot : on renverse la bouteille avant l'ouverture ce qui emplit le réceptacle ; après ouverture, on plonge le stylo dans cette nacelle pleine d'encre. On ne risque jamais de blesser la plume puisqu'elle s'appuie sur du plastique souple. Avec quelque effort, on parvient à consommer presque les fonds de bouteilles. Le dispositif se trouve chez Namiki - belle bouteille ventrue au demeurant -, Duke - originale bouteille habillée de caoutchouc - et chez Parker pour sa collection Penman. Cette dernière série semble arrêtée, même en Asie : elle fut longtemps l'objet de vives controverses sur la qualité chimique des encres, pourtant très belles ; j'ai rencontré de très gros problèmes avec le vert et le bordeaux.
Les bouteilles Rubinato sont franchement belles - mais sans confort supplémentaire à l'utilisation.
Califolio n'apparaît pas ici car les bouteilles que j'en possède sont très diverses : il n'y a pas encore de "ligne" Califolio à ma connaissance. Les bouteilles en coin ou triangulaires sont certainement les plus reconnaissables : j'ai plusieurs fois entendu des personnes qui avaient été frappées par ces flacons qui rappellent... la marque des points au Trivial Pursuit !
Que conclure ? D'abord que mes critères esthétiques et pratiques ne sont sûrement pas ceux de tout le monde ! Mais aussi que, comme dans le cas des pH, il semble que l'aspect pratique du produit est trop souvent négligé. L'esthétique permet d'attirer et de séduire le client, l'ergonomie aide à le conserver. Personnellement, je recycle mes meilleurs encriers - Lamy et Montblanc en tête, suivis de Parker-Penman, Visconti, enfin Duke ou Rubinato pour l'aspect visuel. Mais, quand on a de nombreuses encres en cours d'utilisation, cela implique aussi un étiquettage rigoureux ! Last but not least : je n'ai à aucun moment pris en compte le facteur économique qui a certainement un poids décisif dans le choix de certains fabricants.
François