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Voici un sujet qui m'intéresse beaucoup et je profite d'une discussion téléphonique avec un passionné d'écriture (qui se reconnaîtra j'en suis sûr , pour recueillir d'autres avis sur les couleurs d'encres adaptées à un usage professionnel ou personnel.

Il ressort de notre discussion, mais aussi d'échanges avec d'autres passionnés, que la marge de manoeuvre dans le choix de couleurs d'encre au bureau est toujours limitée par l'environnement professionnel dans lequel on évolue. Certes, pour être sûr de ne pas se tromper, il y toujours l'incontournable encre noire ; il y aussi le bleu et bleu-noir (bleu-nuit) les autres grands classiques. Mais en dehors de ces couleurs classiques qu'aucune gamme d'encre ne peut occulter, quelles sont les couleurs admises ou plutôt jusqu'où peut-on aller dans sa fantaisie personnelle en matière de couleurs sans froisser son environnement professionnel ou sa hiérarchie ?

J'ai pu remarquer depuis quelques temps un intérêt marqué pour les couleurs autour du grenat, notamment dans les professions libérales (avocats etc), mais aussi du sépia et des couleurs associées (Havane etc).

On envisage difficilement de laisser son émargement sur la feuille de présence d'un comité de direction avec une couleur d'encre rose fluo par exemple, mais qu'en est-il pour les autres couleurs classiques ?

Dans votre environnement de travail, avez-vous le sentiment que certains codes sont admis en matière de couleurs d'encres ?

Dans un post précédent, Jimmy parlait d'un très joli vert qu'il utilise à titre personnel mais peu ou pas du tout dans le cadre professionnel. Et vous, quelles couleurs utilisez-vous pour votre correspondance personnelle et quelles couleurs pour votre environnement professionnel ?

Bonjour, je me lance enfin pour partager avec vous ma passion de l'écriture! Et aujourd'hui pour apporter un point de vue au sujet des couleurs d'encres "admises" au travail: pour prendre des notes professionnelles, que je suis la seule à relire, je me permets toutes les fantaisies; je teste en même temps des couleurs d'encres plus audacieuses, celles qu'ensuite je vais utiliser dans ma correspondance ou pour mes légendes d'albums et mes carnets. Ce sont des grenat, fuchsia, vert mousse...

Ces couleurs plaisent à mes collègues, hommes et femmes, même s'ils ne les utilisent pas. Si je dois signer un document professionnel (tout le reste est tapé), j'emploie les couleurs classiques qui ne font tiquer personne, avec une prédilection pour les bleu-nuit (dont le Ciel d'encre de Callifolio). J'aimerais plus de liberté et, plus généralement, un monde plus coloré jusque dans ses écrits, mais je m'adapte.

Je pense tout de même tenter le sépia pour une signature, je vous tiens au courant de l'accueil réservé à cette superbe couleur moderne et rétro à la fois.

A bientôt donc.

Welcome Aude :-)

Comme Aude : la plupart des courriers se font à l'ordinateur, le stylo-plume est réservé à la signature. N'ayant pas dans ma modeste boîte à me soucier des convenances hiérarchiques ou autres stupidités dont raffole le monde ultra-normé de l'entreprise, lorsqu'il faut écrire à la main, ajouter une note personnelle au courrier, si c'est pour un fournisseur, une administration, le notaire..., le noir m'ennuyant, c'est bleu foncé : très classiquement Waterman bleu-noir d'abord, quelquefois Sailor bleu-noir ou Herbin bleu nuit. Si j'ai des relations un peu plus personnelles avec mon correspondant dans le cadre du travail, j'utilise plutôt du vert (Diamine Umber) ou du brun moyen. Cela introduit un peu de proximité. Les Callifolio sont trop nouvelles encore dans mes stylos, il en est plusieurs dans celles que j'ai essayées plus loin qui me conviendraient bien.

Le problème, c'est que chaque couleur est chargée en signification. Pas de raison d'apparaître mélancolique aux yeux de quelqu'un à qui j'écris pour lui demander de bien vouloir se décider à me payer enfin ce qu'il me doit. Une belle couleur de bruyère passée, une très belle Poussière de Lune d'Herbin évoquent immédiatement une tonalité mélancolique, brumeuse, en demi-teintes. Un brun moyen ou un sépia vont être interprétés comme un peu romantiques, automnaux. Les variantes de rouge vont marquer l'énergie avec diverses nuances quand elles ne sont pas utilisées uniquement pour souligner, mais être assez voyantes ou trop affirmées. Même si notre perception de la couleur est culturelle et convenue, c'est souvent ce qu'en retiendra l'interlocuteur. Ce sont des couleurs qu'on utilisera pour une correspondance plus personnelle, en les adaptant éventuellement à son lecteur ou à sa lectrice.

J'ai réduit ma palette dans ce cas : Diamine Umber en vert d'abord, une couleur subtile et transparente très différente selon la plume utilisée. En passant, stylo-plume + beau vert nuancé, la combinaison arrête toujours ceux qui la voient. Waterman bleu-noir, une encre à laquelle je reviens toujours. Sailor et Herbin sus-citées. En brun, la PR Copper burst d'abord. Je tâtonne toujours du côté des bourgogne légers. La Zhivago et l'Aurora en noir. Un coup de coeur pour l'Ottoman rose dont je ne me lasse pas, mais que je n'utilise qu'à des fins personnelles, juste pour le plaisir de faire claquer le magenta.

Jimmy

La Shoreline gold : je pense depuis longtemps à essayer une encre orangée (je n'en ai aucune), mais j'imagine que comme beaucoup d'autres, le flacon finirait sa vie tranquille sur une étagère. Il y en a qui font envie, des orangés.

J'aime bien les encres bleues très foncées genre Midnight blues de Pascal. Quand j'avais essyé les Callifolio de dernière génération, je trouvais qu'une classique de ce genre manquait à la gamme. Il y en a une chez Noodler's (distribuée exclusivement par je ne sais plus quel revendeur US, Swisher peut-être) qui semble très belle sur les scans, l'Ellis island, je crois.

Jimmy

Depuis que j'ai mis en oeuvre toutes les couleurs de la palette il y a quelques années, je n'ai guère de scrupule à les utiliser. Certes, la signature d'un document officiel dans le cadre du bureau ou de la vie privée s'accomode mieux d'une teinte sombre, ne serait-ce que pour des raisons de lisibilité à la photocopie : bleu, noir, marron ou violet conviennent très bien.

Dans la prise de note en réunion ou en privé, le travail personnel, pas de censure, pourvu que ce soit lisible, ce qui est plutôt un problème de stylo : débit, taille de la plume, etc.

Pour ma correspondance privée, qui est régulière, j'utilise presque tout. Et je remarque qu'après un mouvement d'étonnement dans quelques cas, la réaction est généralement très positive. La réponse commence souvent par un éloge de la teinte de l'encre utilisée et du papier, même quand il s'agit de couleur ambre, fuschia, vert empire ou grise par exemple, qui sont plus rarement utilisées. J'avoue que je restreint les jaunes du type Yellow Orange de Sailor ou Buttercup de Private Reserve à mes travaux personnels ; c'est essentiellement une question de lisibilité : sous la lumière artificielle, des yeux fatigués peuvent très bien n'y rien voir.

François

up

loic a écrit :On envisage difficilement de laisser son émargement sur la feuille de présence d'un comité de direction avec une couleur d'encre rose fluo par exemple, mais qu'en est-il pour les autres couleurs classiques ?

J'en sais foutre rien, je n'émarge pas au comité de direction

P.S. je suis très content de ne pas émarger au CD, car quand on en fait partie il est important d'être perçu par les autres comme faisant partie du sérail (*) ce qui m'obligerait à émarger avec un gros Montblanc vulgaire et ostentatoire, voire à bille


(*) j'ai connu un ingénieur qui y a fait un passage météorique, il en a été éjecté car c'était le seul qui maîtrisait la technique et qui avait le sens des réalités là où les autres était des "stratèges" complètement à côté de la réalité du terrain ; quand il argumentait ses décisions rationnellement les autres se disaient "ce type n'est décidément pas comme nous"...

loic a écrit :quelles sont les couleurs admises ou plutôt jusqu'où peut-on aller dans sa fantaisie personnelle en matière de couleurs sans froisser son environnement professionnel ou sa hiérarchie ?

Poser une telle question c'est déjà adopter une attitude soumise et renoncer à sa personnalité, à moins évidemment d'avoir une personnalité de carpette.

Même si je ne trône pas au CD, je suis un mâle dominant et je ne vais pas me gêner pour utiliser mon Edson bleu saphir avec une encre rouge sang de dragon, et j'emmerde superbement ceux qui me regardent de travers, de toute façon ce sont des minables !
__

Bref, faites ce que vous voulez, et assumez vos choix !

Y a pas à dire mais ces Georges ils ont un petit quelque chose en commun...

Alain146 a écrit :Y a pas à dire mais ces Georges ils ont un petit quelque chose en commun...

Ben... GGeorge... une digestion difficile ?

... le rouge sang de dragon n'a fait qu'un tour...

GGeorge a écrit :

loic a écrit :quelles sont les couleurs admises ou plutôt jusqu'où peut-on aller dans sa fantaisie personnelle en matière de couleurs sans froisser son environnement professionnel ou sa hiérarchie ?

Poser une telle question c'est déjà adopter une attitude soumise et renoncer à sa personnalité, à moins évidemment d'avoir une personnalité de carpette.

+1

GGeorge a écrit :Même si je ne trône pas au CD, je suis un mâle dominant ...

Rester soi n'est pas dominer, sauf si... Dommage, c'était bien parti ...
Un Edson bleu encré en rouge...Quid d'un Edson customisé "dragon" ?

Maintenant on pourrait y rétorquer qu'à force de sortir du troupeau, l'on s'expose inutilement aux prédateurs.

Dans certains concours, on impose l'usage du noir et uniquement stylo-bille, ceux qui pensent s'illustrer avec d'autres couleurs sont tout simplement exclus. La partie QCM étant corrigée par un ordinateur, celui est calibré et rejette avec insolence les formulaires non conformes. Il n'est pas nécessaire d'épuiser les correcteurs en leur brulant les yeux avec des flashs colorés, ne serait-ce que par courtoisie.

Le rouge étant associé aux corrections scolaires, une connaissance me faisait part de la réticence du personnel vis à vis d'une directrice ne communicant que par cette couleur. Trop agressif, m'expliquait-il.

Puis très sincèrement, peu importe la couleur d'un écrit si le contenu est futile, le fait de l'enluminer n'y changera rien.

Je fais en fonction de mon humeur donc tout est possible.

petitdauphinzele a écrit :Maintenant on pourrait y rétorquer qu'à force de sortir du troupeau, l'on s'expose inutilement aux prédateurs.

Dans certains concours, on impose l'usage du noir et uniquement stylo-bille, ceux qui pensent s'illustrer avec d'autres couleurs sont tout simplement exclus. La partie QCM étant corrigée par un ordinateur, celui est calibré et rejette avec insolence les formulaires non conformes. Il n'est pas nécessaire d'épuiser les correcteurs en leur brulant les yeux avec des flashs colorés, ne serait-ce que par courtoisie.

Le rouge étant associé aux corrections scolaires, une connaissance me faisait part de la réticence du personnel vis à vis d'une directrice ne communicant que par cette couleur. Trop agressif, m'expliquait-il.

Puis très sincèrement, peu importe la couleur d'un écrit si le contenu est futile, le fait de l'enluminer n'y changera rien.

Tout à fait d'accord, la bonne distance est à mon avis celle de la réflexion qui consiste à ne pas trop s'éloigner du troupeau tout en faisant valoir sa singularité, sa personnalité, au milieu de l'ensemble des codes (ceux de la fonction, de l'entreprise, de la société)
Pour les encres, le rouge est très codé; bizarrement le noir est neutre, le bleu est vu comme une couleur intermédiaire (selon une enquête que j'avais lue, les malades préfèreraient les ordonnances écrites en bleu à celles écrites en noir ! )

grindsel a écrit :Pour les encres, le rouge est très codé; bizarrement le noir est neutre, le bleu est vu comme une couleur intermédiaire (selon une enquête que j'avais lue, les malades préfèreraient les ordonnances écrites en bleu à celles écrites en noir ! )

Peu importe la couleur, les patients prennent moins de 50% des médicaments prescrits, donc je ne me gêne pas pour prescrire avec la couleur qui m'inspire à ce moment là.
La seule contrainte est la plume qui doit être un peu rigide (Pilot, Sheaffer's entre autres).

Plum73 a écrit : Peu importe la couleur, les patients prennent moins de 50% des médicaments prescrits, donc je ne me gêne pas pour prescrire avec la couleur qui m'inspire à ce moment là.
La seule contrainte est la plume qui doit être un peu rigide (Pilot, Sheaffer's entre autres).

Sont-ils donc fous ?

L'avantage est qu'ils ne doivent pas avoir facile de falsifier, au vu des encres peu communes que tu peux utiliser.

petitdauphinzele a écrit :

Plum73 a écrit : Peu importe la couleur, les patients prennent moins de 50% des médicaments prescrits, donc je ne me gêne pas pour prescrire avec la couleur qui m'inspire à ce moment là.
La seule contrainte est la plume qui doit être un peu rigide (Pilot, Sheaffer's entre autres).

Sont-ils donc fous ?

Probablement que non.
Mais, c'est une réalité, même chez les patients qui ont un cortex cérébral suffisamment épais .

petitdauphinzele a écrit :

Plum73 a écrit : Peu importe la couleur, les patients prennent moins de 50% des médicaments prescrits, donc je ne me gêne pas pour prescrire avec la couleur qui m'inspire à ce moment là.
La seule contrainte est la plume qui doit être un peu rigide (Pilot, Sheaffer's entre autres).

Sont-ils donc fous ?

L'avantage est qu'ils ne doivent pas avoir facile de falsifier, au vu des encres peu communes que tu peux utiliser.

Ils sont français tout simplement.
Je n'avais pas pensé à la falsification devenue plus difficile.
Pour rappel, les falsifications prouvées (nous en avons une en cours de procédure) donnent lieu à des condamnations pénales très lourdes.

A quoi leur sert de falsifier s'ils ne prennent que 50% des prescriptions ? Ils revendent ?

Pour un usage professionnel j'utilise du bleu ou du marron, je ne supporte pas le noir que je trouve trop triste et rigide.

A titre privé, c'est en fonction de ce qu'il y a dans les stylos que j'utilise.

Bonjour à tous,

Sans vouloir paraitre l'historien que je ne suis pas en la matière l'histoire justement nous apporte quelques éléments de réponses dont vous voudrez excusez l'approximation que je vous en donne.
Jusqu'à une époque relativement récente (10 ans ?) les actes notariés étaient beaucoup plus réglementés qu'aujourd'hui quant à leur support. Ainsi les papiers carbone, les matériels de reproduction devaient faire l’objet d'agréments ministériels.
Il existait même des BIC à l'encre indélébile noire. Ils ressemblaient tout simplement à un BIC cristal mais tout en noire avec de mémoire sur une des faces la référence de l'agrément ministériel en doré.
"L'encre de notaire" au bois de campêche était de mise et donc noire.
Le milieu des affaires voulait apparaître très sérieux dans l'exercice de sa profession et seul quasiment le noir était de mise.
En conséquence ces obligations et ces usages ont longtemps voulu que les encres soient de couleur classique et sombre.
A ma connaissance et à ce jour les seuls actes qui sont vraiment réglementés quant à l'encre noire indélébile à utiliser sont les actes d'huissiers, de greffiers et de commissaires priseurs qui doivent répondre au Décret n°52-1292 du 2 décembre 1952.

Heureusement les choses ont bien évolué et aujourd'hui ce qui est de bon goût voire élégant est admis, tout en restant il est vrai dans des couleurs sombres.
De mémoire Valéry Giscard d'Estaing avait gardé l'habitude de l'Inspection des Finances qui annotait ses dossiers en vert d'utiliser cette couleur. Pourquoi un vert de ce type ne serait-il pas utilisable étant plus réservé sur ce vert.
On rencontre aujourd'hui des couleurs relativement sombres utilisées sans problème. Outre les bleus, les marrons, sépias voire bordeaux sont utilisés.
Il est vrai que ses contacts se poseraient des questions si une femme ou un homme d'affaires signait ses courriers dans ce style de rose.

Pour ma part et pour répondre à Loïc que nous sommes toujours heureux de voir sur son Forum il y a... quelque temps Cathy chez L'Artisan Pastelier m'avait utilement conseillé pour assembler une encre personnalisée que je voulais quasiment noire mais avec des reflets de brun/chocolat. Et en hommage à Andrée Putman dont le style a pu être controversé ici même n'oublions ce que peut donner d'élégant ce que j'appelle un camaïeu de gris entre le papier, son en-tête, son éventuelle impression et sa signature.

Cordialement à tous.