Danitrio Densho
Posté : 11 févr. 2012 22:06
A l’invitation de Xof72000 (Christophe), je me permets de partager avec vous mes impressions sur les stylos-plumes Danitrio, en particulier sur le modèle « Densho ».
Une petite histoire, tout d’abord : il y a quelques années, je me suis remis à écrire un peu sérieusement à la plume et à délaisser, pour les premiers jets, l’usage de l’ordinateur. Je me suis vite rendu compte, après plusieurs essais, que j’avais besoin d’un stylo de grande taille et de bonne circonférence, et que ma préférence allait aux pointes souples (sans aller jusqu’à la flexibilité de certains stylo vintage cependant) ; j’espérais aussi trouver un stylo avec une bonne capacité d’encre, l’expérience avec le Lamy 2000 m’ayant aussi convaincu que le piston ne répondait pas à mes besoins en ce domaine.
Avec de pareilles exigences, le choix n’est pas si énorme, et les prix sont tout de même assez astronomiques en général, quoi que certaines marques fasse en effet des grands stylo à des prix raisonnables (Laban, par exemple).
Mon choix s’est porté sur Danitrio, une marque américaine, mais produite par les savoir-faire japonais. Grâce à leur représentant principal, M. Kevin Cheng, j’ai pu me procurer un premier stylo en urushi noir à un prix plus ou moins raisonnable. Coup de foudre ! C’était bien ce que je recherchais. Les hasards ont fait que j’ai revendu ce premier stylo pour m’en procurer un deuxième, en urushi vert cette fois-ci ; et c e deuxième Densho a laissé la place à celui que j’utilise en ce moment pour les longues session d’écriture, un Densho en ébonite, sans laque donc, mais avec une pointe Pelikan vintage.
Apparence et design : le stylo Danitrio Densho est un grand et relativement gros, comparable au proverbial MB 149, plus élancé. La prise est presque droite, ce qui me convient parfaitement. Un design sobre, fonctionnel, pas de flafla, aucune dorure. La plume est en ébonite, et la plupart des modèles sont recouverts de laque urushi, voire de maki-e. M. Cheng affirme par ailleurs que les modèles en plein ébonite ne sont pas rentables pour la compagnie et qu’il peut probable que Danitrio se lance dans cette aventure une nouvelle fois. Pour ma part, je préfère la sensation de l’ébonite à la main que celle, plus glissante, de la laque urushi, même s’il est difficile de résister à la beauté de cette dernière.
A noter qu’il peut y avoir des différences assez considérables entre les modèles. Je ne dispose plus actuellement des photos de mes deux premiers stylo, mais le capuchon, sur les modèles plus récents, ont tendance à avoir une forme ogivale, alors que les modèles plus anciens sont résolument en dôme. Le matériau est aussi plus épais sur les modèles plus récents semble-t-il, avec parfois des variations à la prise du stylo. Les Densho plus récents ont l’air plus costaux que les plus anciens, dont la silouhette se rapproche du plus petit modèle Hanrio.
Le modèle Densho n’est pas le plus grand de la marque : à côté des modèle Mikado et Genkaï, il faut même office de nain. Un modèle plus petit, dans la gamme ébonite/urushi, existe, le Hanryo.
Le stylo est assez léger – il n’y a pas de mécanisme de remplissage quel qu’il soit ni de pièces métalliques qui alourdiraient l’ébonite – et merveilleusement équilibré.
Fabrication et finitions : des stylos magnifiquement réalisés en ce qui me concerne. La valve qui ferme l’arrivée d’encre (voir « système de remplissage ») est une merveille de simplicité et de précision. Cela dit, sur les trois stylos que j’ai eu, deux ont eu des petits problèmes : le premier avait un collecteur (le « feed ») un peu trop épais, qui touchait le papier par moment ; cette faiblesse de design a été corrigée dans les modèles plus récents. A noter que le collecteur est lui aussi en ébonite, et les experts semblent considérer que ce matériau est meilleur conducteur d’encre que les plastiques utilisés actuellement dans l’industrie. Le deuxième stylo coulait par le bout de la prise, à la jonction du bec. Rien de grave, mais tout de même, dans ces prix-là, on est en droit de souhaiter ne pas être aux prises avec ce genre de problèmes. Le troisième stylo, en ébonite, est parfait à tout point de vue.
Quant à la laque, sur les deux premiers stylo, elle est magnifique et la profondeur et la texture du matériau laisse pantois. Cela seul justifie les prix élevés de ces stylos, surtout quand on les compare aux MB, Pelikan etc., et leur « precious resin »…
Plume et écriture : c’est peut-être là, en ce qui me concerne, que j’ai éprouvé une petite déception : Danitrio offre des plumes rigides ou des plumes souples, en or 18k. Sur le modèle Densho, ces plumes sont fabriquées en Allemagne par Bock, alors que sur le modèle Genkaï, on a je crois une plume faite au Japon. Cela dit, la provenance de la plume m’importe peu, tant que la qualité est là. Et sans doute y est-elle, mais… Mais, sur le premier stylo, la souplesse de la plume était vraiment minimale, et ses qualités excellentes évidemment, mais sans grand caractère ; sur le deuxième stylo, le vert, la plume était vraiment très souple, très flexible, presque comme une vintage… magnifique, mais un peu trop pour un usage quotidien en écriture rapide, même si je dois dire que le collecteur était le plus souvent capable de suivre le débit, avec une encre adéquate. Mais là encore, j’étais un peu déçu : cette plume devait être ma plume quotidienne, parfaite pour plusieurs heures par jour, et j’aurais souhaité une plume qui me fasse vraiment plaisir. Entendons-nous : je n’ai rien à reprocher à ces plumes, sinon de ne pas être conformes à mes fantasmes en la matière…

C’est alors que j’ai eu l’occasion de mettre la main sur un stylo en ébonite pour un prix ridicule et que j’ai pu y adapter une plume Pelikan vintage que j’avais et qui reste la meilleure que j’aie jamais utilisé. Désolé pour les Bock de Danitrio, mais elles ne sont tout simplement pas de calibres.

Système de remplissage : le modèle Densho se remplit à la pipette, directement dans le corps de la plume. Le volume est énorme : env. 4 ml. d’encre, assez pour plusieurs jours d’écriture intensive. Il comporte un mécanisme typiquement japonais, que l’on retrouve non seulement sur les antiquités de ce pays, mais aussi sur le modèle Custom 823 de Pilot : une valve de fermeture, qui bloque l’arrivée d’encre et permet de régler quelque peu le débit. Certains trouvent cela inutile. Pour ma part, vivant dans un pays où les différences de température entre dedans et dehors peuvent être de l’ordre de cinquante degrés, et bossant souvent hors de chez moi, j’apprécie la sécurité que ce système offre. En plus, le réglage du débit a permis à l’unité Pelikan, pas conçue pour gérer un aussi gros volume d’encre, d’être parfaitement fonctionnelle.
J’aime ce système, simple, élégant. Certains trouveront gênant de devoir avoir recours à une objet supplémentaire pour remplir la plume à la bouteille. Pas moi ; d’autant que la pipette peut très bien être intégrée directement à la bouteille. Simple question de préférence personnelle, évidemment, mais pour moi, c’est l’idéal.
Qualité/prix : les prix sont extrêmement variables : le modèle en ébonite se vendait je crois autour de 200$ à sa sortie, les modèles urushi se vendent habituellement aux alentours de 800$, pour un prix recommandé de 1200$, et les maki-e peuvent monter à 10’000$ et plus. Mes deux stylos en urushi m’ont coûté environ 4-500$ chacun, un prix très raisonnable pour la qualité offerte à mon avis ; quant au stylo en ébonite… je préfère me taire de peur de me faire lyncher sur la place publique !
PS: je vais essayer de remettre la main sur les photos des deux premiers stylos et de les ajouter à l'occasion. Merci.
PPS: les images n'apparaissent pas (?) - pourtant, on les voyait sur la prévisualisation. Désolé.
Une petite histoire, tout d’abord : il y a quelques années, je me suis remis à écrire un peu sérieusement à la plume et à délaisser, pour les premiers jets, l’usage de l’ordinateur. Je me suis vite rendu compte, après plusieurs essais, que j’avais besoin d’un stylo de grande taille et de bonne circonférence, et que ma préférence allait aux pointes souples (sans aller jusqu’à la flexibilité de certains stylo vintage cependant) ; j’espérais aussi trouver un stylo avec une bonne capacité d’encre, l’expérience avec le Lamy 2000 m’ayant aussi convaincu que le piston ne répondait pas à mes besoins en ce domaine.
Avec de pareilles exigences, le choix n’est pas si énorme, et les prix sont tout de même assez astronomiques en général, quoi que certaines marques fasse en effet des grands stylo à des prix raisonnables (Laban, par exemple).
Mon choix s’est porté sur Danitrio, une marque américaine, mais produite par les savoir-faire japonais. Grâce à leur représentant principal, M. Kevin Cheng, j’ai pu me procurer un premier stylo en urushi noir à un prix plus ou moins raisonnable. Coup de foudre ! C’était bien ce que je recherchais. Les hasards ont fait que j’ai revendu ce premier stylo pour m’en procurer un deuxième, en urushi vert cette fois-ci ; et c e deuxième Densho a laissé la place à celui que j’utilise en ce moment pour les longues session d’écriture, un Densho en ébonite, sans laque donc, mais avec une pointe Pelikan vintage.
Apparence et design : le stylo Danitrio Densho est un grand et relativement gros, comparable au proverbial MB 149, plus élancé. La prise est presque droite, ce qui me convient parfaitement. Un design sobre, fonctionnel, pas de flafla, aucune dorure. La plume est en ébonite, et la plupart des modèles sont recouverts de laque urushi, voire de maki-e. M. Cheng affirme par ailleurs que les modèles en plein ébonite ne sont pas rentables pour la compagnie et qu’il peut probable que Danitrio se lance dans cette aventure une nouvelle fois. Pour ma part, je préfère la sensation de l’ébonite à la main que celle, plus glissante, de la laque urushi, même s’il est difficile de résister à la beauté de cette dernière.
A noter qu’il peut y avoir des différences assez considérables entre les modèles. Je ne dispose plus actuellement des photos de mes deux premiers stylo, mais le capuchon, sur les modèles plus récents, ont tendance à avoir une forme ogivale, alors que les modèles plus anciens sont résolument en dôme. Le matériau est aussi plus épais sur les modèles plus récents semble-t-il, avec parfois des variations à la prise du stylo. Les Densho plus récents ont l’air plus costaux que les plus anciens, dont la silouhette se rapproche du plus petit modèle Hanrio.
Le modèle Densho n’est pas le plus grand de la marque : à côté des modèle Mikado et Genkaï, il faut même office de nain. Un modèle plus petit, dans la gamme ébonite/urushi, existe, le Hanryo.
Le stylo est assez léger – il n’y a pas de mécanisme de remplissage quel qu’il soit ni de pièces métalliques qui alourdiraient l’ébonite – et merveilleusement équilibré.
Fabrication et finitions : des stylos magnifiquement réalisés en ce qui me concerne. La valve qui ferme l’arrivée d’encre (voir « système de remplissage ») est une merveille de simplicité et de précision. Cela dit, sur les trois stylos que j’ai eu, deux ont eu des petits problèmes : le premier avait un collecteur (le « feed ») un peu trop épais, qui touchait le papier par moment ; cette faiblesse de design a été corrigée dans les modèles plus récents. A noter que le collecteur est lui aussi en ébonite, et les experts semblent considérer que ce matériau est meilleur conducteur d’encre que les plastiques utilisés actuellement dans l’industrie. Le deuxième stylo coulait par le bout de la prise, à la jonction du bec. Rien de grave, mais tout de même, dans ces prix-là, on est en droit de souhaiter ne pas être aux prises avec ce genre de problèmes. Le troisième stylo, en ébonite, est parfait à tout point de vue.
Quant à la laque, sur les deux premiers stylo, elle est magnifique et la profondeur et la texture du matériau laisse pantois. Cela seul justifie les prix élevés de ces stylos, surtout quand on les compare aux MB, Pelikan etc., et leur « precious resin »…
Plume et écriture : c’est peut-être là, en ce qui me concerne, que j’ai éprouvé une petite déception : Danitrio offre des plumes rigides ou des plumes souples, en or 18k. Sur le modèle Densho, ces plumes sont fabriquées en Allemagne par Bock, alors que sur le modèle Genkaï, on a je crois une plume faite au Japon. Cela dit, la provenance de la plume m’importe peu, tant que la qualité est là. Et sans doute y est-elle, mais… Mais, sur le premier stylo, la souplesse de la plume était vraiment minimale, et ses qualités excellentes évidemment, mais sans grand caractère ; sur le deuxième stylo, le vert, la plume était vraiment très souple, très flexible, presque comme une vintage… magnifique, mais un peu trop pour un usage quotidien en écriture rapide, même si je dois dire que le collecteur était le plus souvent capable de suivre le débit, avec une encre adéquate. Mais là encore, j’étais un peu déçu : cette plume devait être ma plume quotidienne, parfaite pour plusieurs heures par jour, et j’aurais souhaité une plume qui me fasse vraiment plaisir. Entendons-nous : je n’ai rien à reprocher à ces plumes, sinon de ne pas être conformes à mes fantasmes en la matière…
C’est alors que j’ai eu l’occasion de mettre la main sur un stylo en ébonite pour un prix ridicule et que j’ai pu y adapter une plume Pelikan vintage que j’avais et qui reste la meilleure que j’aie jamais utilisé. Désolé pour les Bock de Danitrio, mais elles ne sont tout simplement pas de calibres.
Système de remplissage : le modèle Densho se remplit à la pipette, directement dans le corps de la plume. Le volume est énorme : env. 4 ml. d’encre, assez pour plusieurs jours d’écriture intensive. Il comporte un mécanisme typiquement japonais, que l’on retrouve non seulement sur les antiquités de ce pays, mais aussi sur le modèle Custom 823 de Pilot : une valve de fermeture, qui bloque l’arrivée d’encre et permet de régler quelque peu le débit. Certains trouvent cela inutile. Pour ma part, vivant dans un pays où les différences de température entre dedans et dehors peuvent être de l’ordre de cinquante degrés, et bossant souvent hors de chez moi, j’apprécie la sécurité que ce système offre. En plus, le réglage du débit a permis à l’unité Pelikan, pas conçue pour gérer un aussi gros volume d’encre, d’être parfaitement fonctionnelle.
J’aime ce système, simple, élégant. Certains trouveront gênant de devoir avoir recours à une objet supplémentaire pour remplir la plume à la bouteille. Pas moi ; d’autant que la pipette peut très bien être intégrée directement à la bouteille. Simple question de préférence personnelle, évidemment, mais pour moi, c’est l’idéal.
Qualité/prix : les prix sont extrêmement variables : le modèle en ébonite se vendait je crois autour de 200$ à sa sortie, les modèles urushi se vendent habituellement aux alentours de 800$, pour un prix recommandé de 1200$, et les maki-e peuvent monter à 10’000$ et plus. Mes deux stylos en urushi m’ont coûté environ 4-500$ chacun, un prix très raisonnable pour la qualité offerte à mon avis ; quant au stylo en ébonite… je préfère me taire de peur de me faire lyncher sur la place publique !
PS: je vais essayer de remettre la main sur les photos des deux premiers stylos et de les ajouter à l'occasion. Merci.
PPS: les images n'apparaissent pas (?) - pourtant, on les voyait sur la prévisualisation. Désolé.