Essai de l'Omas Arco green HT : une merveille venue du froid
Posté : 05 oct. 2009 10:08
Il est peu de stylos modernes dont l’envie m’ait accompagné et ne m’ait pas lâché au cours des années. Celui-ci en fait partie. C’est un Omas Arco Green HT (à parements argentés), un Paragon en celluloid à facettes tout droit sorti des années 30. J’ai toujours été grand amateur de ces stylos à facettes.
La genèse de ce modèle dont les premiers exemplaires datent de 1930 ou 1932 n’est pas bien claire, en particulier l’inspiration ou la filiation qui le lient au très beau et très classique Wahl Doric américain. L’Omas a très peu changé depuis cette époque. On le retrouve au fil du temps avec des variantes de clip, par exemple.
Le modèle à facettes moderne a été décliné en quatre tailles avec des appellations différentes. Tenons-nous en à la nomenclature la plus simple pour ne pas compliquer. Du plus gros au plus petit, nous voyons le Paragon, puis le Milord, le Dama et enfin le Princess. Le stylo a été relooké en 2005, date à laquelle il n’existe plus que dans les deux plus grandes tailles, nettement plus grandes que les modèles d’origine de même appellation. Quelques années auparavant, Omas, qui fabriquait jusque-là ses propres plumes, avait commencé à en sous-traiter la fabrication à Bock.
A côté des modéles en résine noire ou de couleur et des multiples éditions spéciales, les modèles classiques récents étaient également fabriqués en celluloid de différentes couleurs, avec attributs dorés ou argentés. Citons-les pour le bonheur de l’énumération et le plaisir d’imaginer les couleurs. Le bleu royal, peut-être le plus répandu et le plus connu avec l’Arco brun. Le gris perle. Le saft green, un très beau vert chaud qui rappelle une couleur de stylos des années 30. Le scarlet red, un rouge discret, encore une réminiscence d’une belle couleur « orientale » des années 30. Le saffron, couleur un peu étrange qui fait beaucoup parler. Il existe aussi une couleur « wild » toujours utilisée sur les modèles contemporains. Enfin les deux somptueux Arco, le brun, le seul qui continue sa carrière aujourd’hui, celui que tout le monde ou presque a eu envie d’avoir en mains un jour ou l’autre (non ? allez consulter d’urgence !), et le très subtil et discret Arco vert autrefois baptisé « Arctic green ». On peut voir ces différentes couleurs dans les essais de FPN par exemple.
Les Arco sont différents des autres celluloids : il s’agit de feuilles de celluloid laminées et travaillées ensuite, ce qui donne un aspect totalement différent des celluloids classiques.
Venons-en maintenant au stylo lui-même. Cet Arco vert à attributs argentés (HT en anglais) est un Paragon, c’est-à-dire un relativement gros stylo. Fabriqué avant 2005, il est léger, environ 21 grammes complet pour 14 cm fermé. L’Arco fait 2 ou 3 mm de moins en longueur que le Paragon classique. C’est un modèle à piston à réservoir de grande contenance. Le piston de ces Paragon pré-2005 n’est pas particulièrement doux au départ, mais il se rode avec le temps pour devenir ensuite très agréable. Le stylo comporte douze facettes qui jouent avec la lumière et donnent au stylo sa sensation si particulière en mains. On remarque immédiatement la très belle finition générale, en particulier l’alignement parfait une fois fermé des facettes du capuchon avec celles du corps.
Le capuchon est monté avec le très élégant clip à roulette similaire au modèle original et la belle et classique bande à motif de frise grecque entourée de deux autres fines bandes. Une différence qui saute aux yeux avec le Paragon et le Milord classiques est l’absence de la même bande sur le corps du stylo, rappelée sur ces modèles au-dessus des filets. Je m’en félicite en ce qui me concerne, tenant le stylo haut sur le corps, cette frise est glissante et gêne un peu la préhension sur le Paragon ordinaire. Cela rend également le stylo un peu plus discret.
La couleur et l’aspect du stylo sont assez extraordinaires. Le celluloid Arco vert ne ressemble à rien de connu. Le stylo est en même temps d’une subtilité et d’une profondeur de couleur remarquables, tout en restant d’une discrétion étonnante. Rien ne saute à l’œil. Essayons de décrire la couleur : un mélange de touches de verts froids transparents allant du vert léger au vert presque noir, auquels se mêlent de grandes plaques d’un gris argenté glacé iridescent, donnant un effet de miroir givré, le tout se fondant dans un noir intense, les feuilles de celluloid étant nettement visibles sur le corps du stylo. De la menthe qu’on aurait renversé sur de la glace, sur un lac gelé en hiver. L’ensemble figé dans le froid, incroyablement profond à l’œil, l’impression d’avoir entre les doigts un stylo de verre tellement la transparence et l’impression de profondeur sont intenses.
Les attributs argentés se marient parfaitement avec cette froideur et mettent en valeur le stylo. Il a existé avec des parements dorés, un peu moins bien assortis à mon goût.
Au toucher, on retrouve la sensualité du celluloid, bien que celui-ci ne soit pas un nitrate de cellulose à l’ancienne : un toucher un peu gras, onctueux, sensuel, très particulier à ce matériau. Le corps du Paragon en résine est déjà très doux, mais à l’aveugle, au toucher, on reconnaît immédiatement l’Arco sans la moindre hésitation.
La plume est la grande et élancée plume Bock habituelle, rhodiée ici, montée sur un feed en ébonite. J’ai commandé une F, en demandant une vraie F assez fine, en souhaitant un débit d’encre un peu plus important que la moyenne. Ce qu’a parfaitement fait John Mottishaw : la plume est très douce tout en restant incisive, juteuse comme je le voulais, sans plus. Elle a une légère souplesse qui la rend très vivante et parfaitement utilisable sans peine avec grand plaisir en usage quotidien en offrant une légère et très agréable variation de largeur du trait. Elle est un peu moins souple que la plume du Paragon classique que m’avait admirablement retaillée Mottishaw en italique, elle est en fait quasi-identique à celle de mon Milord moderne, lequel a malheureusement un bec dans le plâtre.
Voilà. Je pense avoir maintenant à peu près tout dit de cette petite merveille. Redire une dernière fois l’élégance absolue de ce stylo, sa classe et sa discrétion, la beauté du matériau et de la couleur, le plaisir délicieux qu’il procure quand on écrit avec lui. J’ai attendu longtemps de pouvoir me l’offrir, cela méritait chaque minute de l’attente. Je pense toujours à l’Arco brun, bien sûr, pour lui tenir compagnie. On sera là sur l’autre pente de la couleur, la chaleur, le feu.
Il reste des exemplaires, officiellemment NOS (new old stock) de quelques-uns de ces celluloids.
En espérant vous avoir intéressé et donné envie.
Jimmy
La genèse de ce modèle dont les premiers exemplaires datent de 1930 ou 1932 n’est pas bien claire, en particulier l’inspiration ou la filiation qui le lient au très beau et très classique Wahl Doric américain. L’Omas a très peu changé depuis cette époque. On le retrouve au fil du temps avec des variantes de clip, par exemple.
Le modèle à facettes moderne a été décliné en quatre tailles avec des appellations différentes. Tenons-nous en à la nomenclature la plus simple pour ne pas compliquer. Du plus gros au plus petit, nous voyons le Paragon, puis le Milord, le Dama et enfin le Princess. Le stylo a été relooké en 2005, date à laquelle il n’existe plus que dans les deux plus grandes tailles, nettement plus grandes que les modèles d’origine de même appellation. Quelques années auparavant, Omas, qui fabriquait jusque-là ses propres plumes, avait commencé à en sous-traiter la fabrication à Bock.
A côté des modéles en résine noire ou de couleur et des multiples éditions spéciales, les modèles classiques récents étaient également fabriqués en celluloid de différentes couleurs, avec attributs dorés ou argentés. Citons-les pour le bonheur de l’énumération et le plaisir d’imaginer les couleurs. Le bleu royal, peut-être le plus répandu et le plus connu avec l’Arco brun. Le gris perle. Le saft green, un très beau vert chaud qui rappelle une couleur de stylos des années 30. Le scarlet red, un rouge discret, encore une réminiscence d’une belle couleur « orientale » des années 30. Le saffron, couleur un peu étrange qui fait beaucoup parler. Il existe aussi une couleur « wild » toujours utilisée sur les modèles contemporains. Enfin les deux somptueux Arco, le brun, le seul qui continue sa carrière aujourd’hui, celui que tout le monde ou presque a eu envie d’avoir en mains un jour ou l’autre (non ? allez consulter d’urgence !), et le très subtil et discret Arco vert autrefois baptisé « Arctic green ». On peut voir ces différentes couleurs dans les essais de FPN par exemple.
Les Arco sont différents des autres celluloids : il s’agit de feuilles de celluloid laminées et travaillées ensuite, ce qui donne un aspect totalement différent des celluloids classiques.
Venons-en maintenant au stylo lui-même. Cet Arco vert à attributs argentés (HT en anglais) est un Paragon, c’est-à-dire un relativement gros stylo. Fabriqué avant 2005, il est léger, environ 21 grammes complet pour 14 cm fermé. L’Arco fait 2 ou 3 mm de moins en longueur que le Paragon classique. C’est un modèle à piston à réservoir de grande contenance. Le piston de ces Paragon pré-2005 n’est pas particulièrement doux au départ, mais il se rode avec le temps pour devenir ensuite très agréable. Le stylo comporte douze facettes qui jouent avec la lumière et donnent au stylo sa sensation si particulière en mains. On remarque immédiatement la très belle finition générale, en particulier l’alignement parfait une fois fermé des facettes du capuchon avec celles du corps.
Le capuchon est monté avec le très élégant clip à roulette similaire au modèle original et la belle et classique bande à motif de frise grecque entourée de deux autres fines bandes. Une différence qui saute aux yeux avec le Paragon et le Milord classiques est l’absence de la même bande sur le corps du stylo, rappelée sur ces modèles au-dessus des filets. Je m’en félicite en ce qui me concerne, tenant le stylo haut sur le corps, cette frise est glissante et gêne un peu la préhension sur le Paragon ordinaire. Cela rend également le stylo un peu plus discret.
La couleur et l’aspect du stylo sont assez extraordinaires. Le celluloid Arco vert ne ressemble à rien de connu. Le stylo est en même temps d’une subtilité et d’une profondeur de couleur remarquables, tout en restant d’une discrétion étonnante. Rien ne saute à l’œil. Essayons de décrire la couleur : un mélange de touches de verts froids transparents allant du vert léger au vert presque noir, auquels se mêlent de grandes plaques d’un gris argenté glacé iridescent, donnant un effet de miroir givré, le tout se fondant dans un noir intense, les feuilles de celluloid étant nettement visibles sur le corps du stylo. De la menthe qu’on aurait renversé sur de la glace, sur un lac gelé en hiver. L’ensemble figé dans le froid, incroyablement profond à l’œil, l’impression d’avoir entre les doigts un stylo de verre tellement la transparence et l’impression de profondeur sont intenses.
Les attributs argentés se marient parfaitement avec cette froideur et mettent en valeur le stylo. Il a existé avec des parements dorés, un peu moins bien assortis à mon goût.
Au toucher, on retrouve la sensualité du celluloid, bien que celui-ci ne soit pas un nitrate de cellulose à l’ancienne : un toucher un peu gras, onctueux, sensuel, très particulier à ce matériau. Le corps du Paragon en résine est déjà très doux, mais à l’aveugle, au toucher, on reconnaît immédiatement l’Arco sans la moindre hésitation.
La plume est la grande et élancée plume Bock habituelle, rhodiée ici, montée sur un feed en ébonite. J’ai commandé une F, en demandant une vraie F assez fine, en souhaitant un débit d’encre un peu plus important que la moyenne. Ce qu’a parfaitement fait John Mottishaw : la plume est très douce tout en restant incisive, juteuse comme je le voulais, sans plus. Elle a une légère souplesse qui la rend très vivante et parfaitement utilisable sans peine avec grand plaisir en usage quotidien en offrant une légère et très agréable variation de largeur du trait. Elle est un peu moins souple que la plume du Paragon classique que m’avait admirablement retaillée Mottishaw en italique, elle est en fait quasi-identique à celle de mon Milord moderne, lequel a malheureusement un bec dans le plâtre.
Voilà. Je pense avoir maintenant à peu près tout dit de cette petite merveille. Redire une dernière fois l’élégance absolue de ce stylo, sa classe et sa discrétion, la beauté du matériau et de la couleur, le plaisir délicieux qu’il procure quand on écrit avec lui. J’ai attendu longtemps de pouvoir me l’offrir, cela méritait chaque minute de l’attente. Je pense toujours à l’Arco brun, bien sûr, pour lui tenir compagnie. On sera là sur l’autre pente de la couleur, la chaleur, le feu.
Il reste des exemplaires, officiellemment NOS (new old stock) de quelques-uns de ces celluloids.
En espérant vous avoir intéressé et donné envie.
Jimmy