Un stylo d'automne : le Pelikan M400 en couleur Tortoise
Posté : 12 sept. 2009 18:50
Un petit essai d'un stylo très classique arrivé récemment. On ne fait guère dans la fanfreluche chez Pelikan, encore que les créateurs de la vénérable maison se laissent un peu aller depuis quelques années. On fait dans le sérieux, le fiable, on décline les modèles existants, on fait des variations sur la même base.
Le 400 est en service depuis 1950. A quelques variantes intermédiaires près, à peu près rien n'a changé dans son dessin depuis cette époque-là. C'est de cette forme parfaitement fixée dès le départ que sont nés les modèles de la gamme Souverän moderne, le M400 d'abord en 1982, le M800, le M600 et enfin le gros 1000, sans parler des plus petits. Le M400 est toujours aujourd'hui, à l'heure où les stylos sont de plus en plus gros et de plus en plus lourds, un petit stylo léger fait pour écrire longtemps.
Dans son infinie sagesse, Pelikan a donc décidé il y a quelques mois de livrer une version du M400 dans une nouvelle couleur, pour changer du classique vert strié et des presque foufous rouge et bleu striés. Il y a quelques années, était déjà sortie avec grand succès une version du 800 en couleur tortoise (écaille de tortue), une des couleurs historiques de la marque dont on se demande bien en passant pourquoi cette belle couleur a été abandonnée. Il existe toujours au catalogue un 400 dans une belle couleur light tortoise, mais le beau tortoise foncé d'autrefois a lui disparu.
Je le dis tout net, même pas peur : cette couleur est absolument splendide, à mes yeux la plus belle parmi celles existantes. Un mélange iridescent, chatoyant de bruns et de roux plus ou moins foncés, de bruns sombres presque noirs, de gris perle nacrés, l'ensemble jouant avec la lumière d'une façon merveilleuse. Une palette automnale d'une richesse qu'on ne retrouve pas dans les coloris classiques. Le corps est bien entendu comme sur les autres Souverän transparent, permettant de voir le niveau d'encre, ce qui est bien pratique. Le capuchon, le bouton de piston et la section ne sont pas noirs, mais d'un brun très foncé qui s'accorde avec les couleurs du corps.
Le stylo est exactement le même que les autres Souverän M400, à quelques menues exceptions près pour se rapprocher des modèles anciens et retrouver discrètement l'aspect vintage. Il n'y a pas de bague dorée à l'extrémité de la section, ni de double bague autour du bouton de piston. La plume 14 C, instantanément échangeable par l'utilisateur, est-il utile de le rappeler, est comme sur les anciens modèles unicolore pour rappeler le côté vintage, ce n'est pas la belle plume bicolore standard habituelle chez Pelikan, mais la gravure reste la gravure moderne (sur certaines photos de revendeurs, la gravure de la plume reproduit celle des années 50, ce n'est pas le cas sur la plume que j'ai reçu). Par rapport aux modèles originaux, il y a encore quelques légères différences : gravure de la plume donc, feed moderne, clip moderne très légèrement différent, bandes du capuchon, logo sérigraphié sur le capuchon moderne. L'ensemble ainsi simplifié est une vraie réussite esthétique, parfaitement équilibrée.
Rappelons ce que tout le monde sait déjà, que les Souverän sont des modèles à piston (en plastique ici) et qu'il n'existe guère mieux comme système de remplissage sur la planète Stylo. Un infime regret : le capuchon n'engage que sur 3/4 de tour, ce qui n'est pas complètement rassurant pour le mettre dans la poche de chemise, un quart de tour de plus n'aurait pas été du luxe, l'argument du dévissage rapide pour la prise de notes me laissant dubitatif. Détail mineur.
Bon, alors maintenant, comment que ça marche et comment qu'on a-t-y ça en mains.
En mains, c'est petit et très confortable. Si on a des grosses papattes, je sais pas, mais pour moi qui en ai de plutôt petites et qui écris aussi bien avec des gros machins gonflés aux stéroïdes qu'avec des choses toutes fines, ça me va bien. Le stylo est léger, sous les quinze grammes avec le capuchon, moins de dix sans, le plastique agréable, la prise en mains parfaite. On est parti pour de longues pages sans fatigue, avec une écriture très légère. Je suis un peu partial ici, j'ai toujours dit ma préférence pour les petits stylos légers - peu spectaculaires la plupart du temps - quand on veut écrire longtemps.
Et la plume, alors ? qu'y disent, puisqu'un stylo, c'est d'abord une plume. J'ai fait venir le stylo de chez Richard Binder, qui m'a déjà vendu les autres et me les a toujours livrés avec de belles plumes, y compris les plumes standard qu'il affine et règle à la convenance de l'acheteur. Je lui avais donc demandé une plume F au débit réglé à 6-7, aussi plaisante que la belle F standard de mon 800 qui m'émerveille à chaque fois que j'écris avec tellement elle me va bien à la main. Comme je ne voulais pas cette fois d'une plume exotique mais que je souhaitais plutôt un stylo facile et passe-partout, j'ai encore commandé une F standard. Et là, j'avoue tout, quand le stylo est arrivé, j'ai dit ARRRRRGHHHHH ! Pas Argghh, non, je l'ai dit en majuscules en traitant le Richard de tous les noms. J'ai retrouvé la même plume que je n'aimais pas quand j'avais acheté mon 800, une plume avec les mêmes sensations que celle-là. Raide bien sûr, la sensation d'être à la fois dure et comme un peu collante sur le papier, vaguement chouine-gomme, même pas très douce. De plus, cette F est plus large que la F du 800, on tire nettement vers le M. Bref, déçu, que j'étais. J'ai fait plusieurs essais d'encres ; Waterman Havana d'abord. Je ne sais pas pourquoi, parce que je déteste la Havana, mais elle va bien avec la couleur du stylo. Private Reserve Copper burst ensuite, un brun que j'aime beaucoup, celui qui colle le mieux aux teintes du stylo. Sailor rouge-brun pour finir, une des encres dont je raffole (j'aime tout des encres Sailor), dont est depuis un moment également rempli le 800. Une encre à la couleur de la saison à venir, de plus. Cette plume pas trop fine avec un bon débit fait exploser les qualités de l'encre, qui le lui rend bien. L'ombrage est magnifique, l'intensité et la transparence de la couleur somptueuses, je pèse mes mots, la lubrification excellente. La plume ne donne toujours pas de sensations extraordinaires, ce n'est peut-être pas la plus vivante que j'utilise, mais elle est devenue agréable et je suis sous son charme. Chose étrange, le lien de parenté avec sa cousine plus fine, plus douce et un peu plus subtile est évident : l'écriture est la même, je la différencie clairement de toutes les autres, les lettres se forment de la même manière avec les deux plumes, nettement, on les contrôle bien. Il y a bien un style Pelikan, qui n'a par exemple rien à voir avec la façon d'écrire et les sensations d'un Sailor ou d'un Omas, l'écriture est différente.
Cela dit, comme je l'ai souvent écrit, quand on compare ces plumes modernes avec leurs aïeules de chez Pelikan ou d'ailleurs, on pleure devant l'uniformité, le manque de caractère, de sensations et la pauvreté des plumes modernes. J'ai par exemple reçu ce matin un 100N des années 50 avec une plume fine flexible, une plume vivante et d'une précision incroyable, c'est un autre monde.
Voilà tout. Le petit essai et les premières pages d'un stylo d'automne ordinaire à la jolie couleur et à la plume qui me tient depuis quelques jours par la barbichette. C'est pas tout de causer, je vais le retrouver, je ne peux pas m'en passer, j'aligne avec lui les pages sans me lasser.
Une dernière chose : ce stylo semble être une production limitée, comme cela avait été le cas par le passé avec les autres Tortoise modernes.
Quelques photos ajoutées après-coup pour terminer.
Jimmy
Le 400 est en service depuis 1950. A quelques variantes intermédiaires près, à peu près rien n'a changé dans son dessin depuis cette époque-là. C'est de cette forme parfaitement fixée dès le départ que sont nés les modèles de la gamme Souverän moderne, le M400 d'abord en 1982, le M800, le M600 et enfin le gros 1000, sans parler des plus petits. Le M400 est toujours aujourd'hui, à l'heure où les stylos sont de plus en plus gros et de plus en plus lourds, un petit stylo léger fait pour écrire longtemps.
Dans son infinie sagesse, Pelikan a donc décidé il y a quelques mois de livrer une version du M400 dans une nouvelle couleur, pour changer du classique vert strié et des presque foufous rouge et bleu striés. Il y a quelques années, était déjà sortie avec grand succès une version du 800 en couleur tortoise (écaille de tortue), une des couleurs historiques de la marque dont on se demande bien en passant pourquoi cette belle couleur a été abandonnée. Il existe toujours au catalogue un 400 dans une belle couleur light tortoise, mais le beau tortoise foncé d'autrefois a lui disparu.
Je le dis tout net, même pas peur : cette couleur est absolument splendide, à mes yeux la plus belle parmi celles existantes. Un mélange iridescent, chatoyant de bruns et de roux plus ou moins foncés, de bruns sombres presque noirs, de gris perle nacrés, l'ensemble jouant avec la lumière d'une façon merveilleuse. Une palette automnale d'une richesse qu'on ne retrouve pas dans les coloris classiques. Le corps est bien entendu comme sur les autres Souverän transparent, permettant de voir le niveau d'encre, ce qui est bien pratique. Le capuchon, le bouton de piston et la section ne sont pas noirs, mais d'un brun très foncé qui s'accorde avec les couleurs du corps.
Le stylo est exactement le même que les autres Souverän M400, à quelques menues exceptions près pour se rapprocher des modèles anciens et retrouver discrètement l'aspect vintage. Il n'y a pas de bague dorée à l'extrémité de la section, ni de double bague autour du bouton de piston. La plume 14 C, instantanément échangeable par l'utilisateur, est-il utile de le rappeler, est comme sur les anciens modèles unicolore pour rappeler le côté vintage, ce n'est pas la belle plume bicolore standard habituelle chez Pelikan, mais la gravure reste la gravure moderne (sur certaines photos de revendeurs, la gravure de la plume reproduit celle des années 50, ce n'est pas le cas sur la plume que j'ai reçu). Par rapport aux modèles originaux, il y a encore quelques légères différences : gravure de la plume donc, feed moderne, clip moderne très légèrement différent, bandes du capuchon, logo sérigraphié sur le capuchon moderne. L'ensemble ainsi simplifié est une vraie réussite esthétique, parfaitement équilibrée.
Rappelons ce que tout le monde sait déjà, que les Souverän sont des modèles à piston (en plastique ici) et qu'il n'existe guère mieux comme système de remplissage sur la planète Stylo. Un infime regret : le capuchon n'engage que sur 3/4 de tour, ce qui n'est pas complètement rassurant pour le mettre dans la poche de chemise, un quart de tour de plus n'aurait pas été du luxe, l'argument du dévissage rapide pour la prise de notes me laissant dubitatif. Détail mineur.
Bon, alors maintenant, comment que ça marche et comment qu'on a-t-y ça en mains.
En mains, c'est petit et très confortable. Si on a des grosses papattes, je sais pas, mais pour moi qui en ai de plutôt petites et qui écris aussi bien avec des gros machins gonflés aux stéroïdes qu'avec des choses toutes fines, ça me va bien. Le stylo est léger, sous les quinze grammes avec le capuchon, moins de dix sans, le plastique agréable, la prise en mains parfaite. On est parti pour de longues pages sans fatigue, avec une écriture très légère. Je suis un peu partial ici, j'ai toujours dit ma préférence pour les petits stylos légers - peu spectaculaires la plupart du temps - quand on veut écrire longtemps.
Et la plume, alors ? qu'y disent, puisqu'un stylo, c'est d'abord une plume. J'ai fait venir le stylo de chez Richard Binder, qui m'a déjà vendu les autres et me les a toujours livrés avec de belles plumes, y compris les plumes standard qu'il affine et règle à la convenance de l'acheteur. Je lui avais donc demandé une plume F au débit réglé à 6-7, aussi plaisante que la belle F standard de mon 800 qui m'émerveille à chaque fois que j'écris avec tellement elle me va bien à la main. Comme je ne voulais pas cette fois d'une plume exotique mais que je souhaitais plutôt un stylo facile et passe-partout, j'ai encore commandé une F standard. Et là, j'avoue tout, quand le stylo est arrivé, j'ai dit ARRRRRGHHHHH ! Pas Argghh, non, je l'ai dit en majuscules en traitant le Richard de tous les noms. J'ai retrouvé la même plume que je n'aimais pas quand j'avais acheté mon 800, une plume avec les mêmes sensations que celle-là. Raide bien sûr, la sensation d'être à la fois dure et comme un peu collante sur le papier, vaguement chouine-gomme, même pas très douce. De plus, cette F est plus large que la F du 800, on tire nettement vers le M. Bref, déçu, que j'étais. J'ai fait plusieurs essais d'encres ; Waterman Havana d'abord. Je ne sais pas pourquoi, parce que je déteste la Havana, mais elle va bien avec la couleur du stylo. Private Reserve Copper burst ensuite, un brun que j'aime beaucoup, celui qui colle le mieux aux teintes du stylo. Sailor rouge-brun pour finir, une des encres dont je raffole (j'aime tout des encres Sailor), dont est depuis un moment également rempli le 800. Une encre à la couleur de la saison à venir, de plus. Cette plume pas trop fine avec un bon débit fait exploser les qualités de l'encre, qui le lui rend bien. L'ombrage est magnifique, l'intensité et la transparence de la couleur somptueuses, je pèse mes mots, la lubrification excellente. La plume ne donne toujours pas de sensations extraordinaires, ce n'est peut-être pas la plus vivante que j'utilise, mais elle est devenue agréable et je suis sous son charme. Chose étrange, le lien de parenté avec sa cousine plus fine, plus douce et un peu plus subtile est évident : l'écriture est la même, je la différencie clairement de toutes les autres, les lettres se forment de la même manière avec les deux plumes, nettement, on les contrôle bien. Il y a bien un style Pelikan, qui n'a par exemple rien à voir avec la façon d'écrire et les sensations d'un Sailor ou d'un Omas, l'écriture est différente.
Cela dit, comme je l'ai souvent écrit, quand on compare ces plumes modernes avec leurs aïeules de chez Pelikan ou d'ailleurs, on pleure devant l'uniformité, le manque de caractère, de sensations et la pauvreté des plumes modernes. J'ai par exemple reçu ce matin un 100N des années 50 avec une plume fine flexible, une plume vivante et d'une précision incroyable, c'est un autre monde.
Voilà tout. Le petit essai et les premières pages d'un stylo d'automne ordinaire à la jolie couleur et à la plume qui me tient depuis quelques jours par la barbichette. C'est pas tout de causer, je vais le retrouver, je ne peux pas m'en passer, j'aligne avec lui les pages sans me lasser.
Une dernière chose : ce stylo semble être une production limitée, comme cela avait été le cas par le passé avec les autres Tortoise modernes.
Quelques photos ajoutées après-coup pour terminer.
Jimmy