www.stylo-plume.org

Plusieurs ont été évoqués sur le forum mais il n'y a, à ma connaissance, pas de discussion qui leur est dédiée.

Pour ce SDD, je vous propose donc d'évoquer les nibmasters avec lesquels vous avez eu la chance de partager une expérience, soit directement pour une customisation, soit simplement en achetant une de leur plume.

• Comment l'avez-vous connu ? Où se situe son atelier ? Est-ce qu'il est facile d'échanger avec (barrière de langue, peut-être) ?
• Quelle personnalisation a été effectuée ? Le résultat correspond-il à vos attentes ? N'hésitez pas à poster une image de la plume et de l'écriture qu'elle fournit.
• Le prix approximatif du travail exécuté peut-il être évoqué (en intégrant le coût de l'ouvrage, les frais d'expédition et les possiblement émolument de nos douanes).

Merci de partager vos avis au profit de ceux qui n'ont pas encore franchit le pas ( ), en évoquant aussi bien des nibmasters régulièrement cités (membres du forum inclus) que d'autres qui seraient moins connus.

C'est l'occasion de présenter de belles plumes customisées et leur créateur...

L'une des principales différences entre la plume et la bille est la largeur du trait.
Certaines plumes - surtout anciennes - montrent une grande flexibilité, conduisant à une modulation du trait. L'inconvénient, à mon avis, est la grande fragilité des ce type de plumes.
Il y a aussi - mais c'est très personnel - le profond dégout que m'ont laissé les plumes Sergent-Major, obligatoires, qui arrachaient le papier, crachaient des postillons violets sur ce pauvre papier blanc…
Bref, les pleins et déliés forcés n'étaient pour longtemps pas mon truc. Guère plus que les billes récalcitrantes où il fallait forcer sur la pauvre feuille innocente.
Je me suis donc très tôt tourné vers le stylo-plume : plus de pleins et déliés, plus de plumes crachotant son encre : de la douceur, enfin ! Même si le trait conservait la stricte et triste égalité de la bille.
Bref , la plume et son réservoir me libéraient, mais ne me donnaient pas une écriture plus personnelle. Le stylo-plume était commode, mais mon écriture pouvait se confondre avec presque toutes les autres !
Or, un jour, furetant sur la toile, je découvris mon premier nibmeister, et ce fut John Mottishaw. L'inventeur de la plume "Architec" - et de son nom (faisant référence à l'architecte américain Frank Lloyd Wright dont l'écriture était constituée de traits fins verticaux et épais horizontaux).
Je lui en ai immédiatement commandé une, sur une plume Pelikan M800 3B :
Le rêve ! douceur et facilité du stylo-plume + écriture bien plus personelle, bien à moi ! (et d'autant plus qu'elle se rebellait contre le sens imposé des traits fins et larges - leur exact contraire ! Oh joie !).
Cette plume "originelle" et originale est toujours l'une de mes préférées.
Par la suite, j'ai commandé à "PenandCo" un Démonstrator M800, mais avec une plume "Architect" - Je crois qu'il ignorait ce que cela signifiait, et il m'a fait faire par Patrick Arabian une Cursive Italique 2B. Bon, un peu déçu sur le coup, mais cette plume m'a plu finalement ! (je m'en sert toujours d'ailleurs)
Par la suite, j'ai acquis de Jimmy (jpeg) 2 plumes , toujours CI, cette fois de Richard Binder, et le plis était pris !
Plusieurs plumes de R.Binder (M1000 et 1005) puis de Dan Smith (Archie sur Optima) (Entre temps Spoon 31 m'a souvent retravaillé mes plumes et mes stylos avec bonheur).
Voilà toutes mes aventures avec des nibmeisters…


Maintenant je pratique souvent - et de plus en plus avec succès ! - 'l"autonibmeisterisation"

Quel agréable texte, cher Gérard !

Merci Silverado, je vais prendre le relais maintenant que la conversation est engagée. Tout d'abord, je dois dire que par manque de temps (j'ai d'autres priorité plus immédiates hélas, que de parler des plumes bien que cela m'amuse beaucoup aussi), je me limiterai aujourd'hui à quelques lignes de texte, sans images.
Je suis arrivé sur ce forum en novembre 2017 notamment parce que j'y ai lu une discussion très intéressante sur les plumes Stub. Je me suis renseigné pas mal à ce sujet et je trouvais à l'époque que cette taille me plaisait beaucoup. C'est ainsi que j'ai confié à Spoon31 la préparation de 3 stylos de prix que j'avais alors, pour qu'il transforme leur plume en stub. Par ailleurs, je m'étais essayé moi-même à cet exercice sur d'autres modèles moins coûteux, avec un succès très relatif.
Le travail de Spoon a été parfait, très bien réalisé. Il m'a permis de comprendre, grâce à ses explications, qu'il fallait bien préserver l'iridium au bout de la plume (en or) pour avoir le meilleur résultat. Je n'avais pas prêté attention à ce détail important et abîmé plusieurs plumes en les tronquant au bout pour les faire plates. Cela reste beaucoup moins important lorsque les plumes sont en acier, parce qu'il n'y a pas de différence de dureté entre le corps et la pointe de la plume dans ce cas, alors que ce n'est pas le même métal qui coiffe leur extrémité lorsqu'elles sont en or.
Je n'ai rien à redire au travail de notre nibmeister, mais j'ai finalement remarqué qu'il ne correspondait pas tout à fait à mes désirs, car il me semble difficile, malgré les recommandations fournies, de traduire exactement la manière d'attaquer la page, l'orientation de la plume durant l'écriture, l'angle d'incidence sur le papier, la force du trait etc... Bref, j'ai décidé de m'y mettre plus sérieusement moi-même et malgré quelques échecs, toujours avec des plumes en or, je me suis plutôt bien débrouillé il me semble.
Lors d'une première rencontre calamophile à Paris, j'ai pu échanger des infos et voir d'autres stylos avec certains amis du forum. Notamment Nikko, qui est un adepte des plumes très fines, qui, à l'époque me paraissaient manquer de personnalité. Pourtant, c'est bien avec celles-ci que j'ai toujours fait ma scolarité, mes parents enseignants étant eux-mêmes utilisateurs exclusifs de cette taille. Cela m'a fait donc remettre en question ce nouveau goût pour les stub, et j'ai dévié vers des tailles plutôt cursive/italique qui donnent au trait une certaine finesse dans les aigus et un peu plus de corps dans les graves (cette comparaison avec la musique me vient à l'instant, je la trouve assez amusante) tandis que la stub réelle a une tonalité basse presque tout le temps (bref, elle est grasse dans tous les sens, avec à peine plus de légèreté dans les déliés).
Et puis à la suite d'une autre rencontre à Paris, un membre qui n'est plus présent sur le forum aujourd'hui m'a vendu un Platinum 3376 à plume fine qui a créé un déclic : j'ai remarqué que dans cette marque, plus que dans d'autres, la pointe n'était pas si ronde, mais plus plate sur les côtés (en fait on trouve cela sur plusieurs autres modèles, mais je n'y avait pas vraiment prêté attention). Du coup, je me suis amusé à reproduire cette taille sur bien des stylos que j'avais et je me suis rendu compte qu'elle donnait une écriture non seulement légèrement plus élégante, mais surtout qu'elle réduisait la glisse latérale, la rendant infiniment plus précise. Maintenant, je taille la plupart de mes plumes ainsi et c'est un vrai bonheur même avec ce qui pouvait passer pour acceptable auparavant.
Je pourrais en faire encore des pages, mais ce serait sans doute lassant. Pour terminer, je dois dire (pour ceux qui ne m'auraient pas suivi depuis le début) que si j'ai été capable de réussir tout cela, c'est parce que mon métier m'a permis d'acquérir une expertise du travail manuel de précision que je n'aurais pas eu sans un entraînement quotidien depuis presque 50 ans (j'ai commencé mes études de chirurgie dentaire en 1972). Je possède par ailleurs tous les équipements nécessaires pour cela (petits disques abrasifs sur instruments rotatifs, disques de silicone de différentes granulométrie, pâte diamantée pour le polissage fin) et surtout, un outil de haute technologie, un microscope opératoire qui permet de travailler en continu sous fort grossissement avec un bel éclairage à LED. Je n'imagine pas qu'on puisse se passer d'aide optiques puissantes pour tailler précisément des plumes qui font moins d'un demi-millimètre de largeur à la pointe. Le Micromesh à l'aveugle, je l'ai essayé, et je suis rarement arrivé à des résultats exceptionnels. Parfois, un simple polissage à la pâte diamantée suffit à améliorer considérablement le confort d'écriture d'un stylo plume. Donc n'hésitez pas à faire appel à un professionnel si vous ne vous sentez pas capable d'égaler ses performances, même si c'est vrai, c'est moins pratique de lui envoyer vos stylos et de payer pour ce service que de le faire vous-même sans sortir de chez vous.

Mon intérêt pour les plumes autres que normales (rondes, basiques) vient de la propagande éhontée, faite par Maître Silverado* sur ce forum il y a dix ans, en particulier pour les plumes « architect ».

J’avais déjà remarqué, en utilisant un porte-mine, qu’au bout d’un certain temps, la mine prenait une forme biseautée et que j’aimais bien la tourner pour faire varier l’épaisseur du trait et obtenir de nouvelles sensations.

Par ailleurs, la fréquentation de ce forum avait entraîné l’achat de quelques vintages anglais et certains étaient équipés de plumes plutôt « stubish » renouvelant le plaisir d’ écrire.

La conjonction de ce constat et des écrits provocateurs de Gérard m’ont conduit à vouloir modifier mes plumes. Les « maîtres de la plume » connus étaient surtout outre-atlantique (cf. ci-dessus le texte de Silverado). Cela ne m’emballait pas trop de faire traverser mes stylos.
Et je n’étais pas en capacité de retoucher les plumes comme je peux le faire un peu maintenant.

Par hasard, je tombe sur un article élogieux de Pablo Carasco écrit sur un site anglais qui ne fonctionne plus maintenant. Super, me suis-je dit puisque ce retailleur - FPnibs - est en Espagne . Je prends contact avec Pablo et Esther… le courant passe tout de suite. À l’époque Pablo acceptait de retoucher les plumes que l’on lui envoyait, pas uniquement celles qu’il vend. Les premières plumes « architectisées » reçues de lui m’ont convaincu de la qualité du travail et ont confirmé le plaisir d’écrire avec.
Il a transformé une plume d’Aurora Optima M en architect, une plume de M805 Fine que je trouvais trop juteuse en architect également et pour laquelle le débit important s’est transformé en atout pour la nouvelle glisse de cette plume devenu plus exigeante.
La taille de la plume F de mon Lamy 2000 a aussi donné un résultat parfait pour moi.
Ses prix étant très abordables à ce moment-là, j’ai pu commander quelques exemplaires en acier taillés différemment pour me faire une idée; comme des stubs, des obliques à 30° - alors que c’est d’habitude 15° - et même une « oblique droite » (alors que je suis droitier) pour voir l’effet.

Il y a deux ans, j’ai testé une de ses plumes « curved architect » — taille qu’il est le seul à proposer, je crois — qui combine l’apport d’une « Nagita Togi » et d’une « architect » avec cependant moins de contrainte dans la tenue du stylo avec une inclinaison donnée. Une vraie réussite pour varier les effets et les plaisirs.

J’avais aussi pu apprécier les plumes retaillées à ma demande par Matthieu lors de l’achat de mes Hokkaidos, l’une en « oblique gauche », l’autre en stub, il y a plus de huit ans. [ http://www.stylo-plume.org/viewtopic.ph ... 3&start=20 ]

* Merci Gérard !

J'ai fait appel à trois reprises à des nibmisters, à chaque fois avec de merveilleux résultats que je partage avec vous aujourd'hui.
Ce sont des pièces uniques. Les coordonnées des artisans cités (ce sont plutôt des artistes à mes yeux) sont disponibles sur demande.

De gauche à droite :
- Une plume Vacumatic retravaillée en Architectonic par John Mottichoux.
- Une plume Waterman's n°2 retravaillée en Stub OBBB par le nibmister alsacien Matthieu Faivite.
- Ma préférée : une Parker retravaillée en Naginata Yogi (position du lotus) par le grand maître japonais Yamonstylo Kémassakré.



Merci à eux pour leur science.

toltotoll a écrit : ↑15 janv. 2023 11:48 - Une plume Vacumatic retravaillée en Architectonic par John Mottichoux.
- Une plume Waterman's n°2 retravaillée en Stub OBBB par le nibmister alsacien Matthieu Faivite.
- Ma préférée : une Parker retravaillée en Naginata Yogi (position du lotus) par le grand maître japonais Yamonstylo Kémassakré.

toltotoll a écrit : ↑15 janv. 2023 11:48 Merci à eux pour leur science.

Merci Toltotoll, il me semble avoir les compétences requises pour faire à peu près les mêmes résultats !

toltotoll a écrit : ↑15 janv. 2023 11:48 ..,

De gauche à droite :
- Une plume Vacumatic retravaillée en Architectonic par John Mottichoux.
- Une plume Waterman's n°2 retravaillée en Stub OBBB par le nibmister alsacien Matthieu Faivite.
- Ma préférée : une Parker retravaillée en Naginata Yogi (position du lotus) par le grand maître japonais Yamonstylo Kémassakré.

…

superbe contribution!

La première plume fait aussi fonction de fourchette à escargots, pratique !

Et la troisième a inspiré un roman à paraître prochainement, "Dans les griffes du Diable"........

Exactement. Mais la troisième plume est aussi très utile pour les bulots... Bien vu, Taranis.

La journée avance et je vois que fort peu de contributeurs ont apporté une réponse à la question posée aujourd'hui. Dommage....

toltotoll a écrit : ↑15 janv. 2023 11:48

Excellent !

Pour ma part , le seul contact avec un nibmeister date de fin 2022, quand lors d'une rencontre Matthieu a redonné du souffle notamment à mon Sailor Promenade que j'adore mais qui n'avait pas un débit satisfaisant. Depuis, c'est parfait

J'envisage de faire retailler une plume Waterman prochainement. Peut être en Architect.

Merci silverado, Mirifix78, o1984 et benji.57 pour votre partage.

Mirifix78 a écrit : ↑15 janv. 2023 18:07 La journée avance et je vois que fort peu de contributeurs ont apporté une réponse à la question posée aujourd'hui. Dommage....

, merci de ton soutien.

Après cinq décennies durant lesquelles j’ai préféré ”écrire au stylo-plume” sans plus me poser de questions, j’ai découvert la calamophilie depuis ces six dernières années durant lesquelles, de découvertes en opportunités, mes goûts ont évolués et mes ”compétences” se sont élargies.
Au cours de cette période, mes choix de plumes n’ont pas toujours été judicieux, ou bien je m’en suis lassé, et je suis particulièrement reconnaissant à Matthieu Faivet d’avoir bien voulu retravailler mes cinq plumes M en italique.



Il aura d’ailleurs fallu deux étapes pour celles du Pelikan M1000 noir et du Visconti Homo-Sapiens, pour lesquelles j’avais tout d’abord opté pour une évolution en stub avant d’apprendre à bien utiliser une italique, grâce à mon Aurora Optima, une marque qui, (c’est heureux, il en reste), continue de proposer un vaste choix d’iridium.
Depuis, Matthieu a repris le tranchant de ces deux plumes et, coïncidence, c’est également ces deux malheureux stylos que ma maladresse à renvoyé chez lui pour des opérations de chirurgie réparatrice qui se sont avérées, de mon point de vue, miraculeuses.

Forcément, quand il a été question d’un MF, la plume ne pouvait qu’être personnalisée :



Aussi, je possède un très joli Sailor 1911 Realo acquis d’occasion dont la - déjà - fine plume H-M avait été reprise en stub par John Mottishaw à la demande d'un précédent propriétaire :

toltotoll a écrit : ↑15 janv. 2023 11:48 ...

Stylograf a écrit : ↑15 janv. 2023 09:43 Quel agréable texte, cher Gérard !

Merci Gilles

Je n’ai jamais fait appel à un nibmeister, je n’ai donc pas d’expérience à partager dans ce domaine, mais je suis content que le sujet ait été abordé dans ce SDD, et j’ai beaucoup apprécié de lire vos différentes contributions.
Merci ! Et bonne fin de dimanche