Matthieu Faivet Particule en Bois de Rose
Posté : 10 sept. 2020 09:21
Lors d'un séjour en Alsace, j'ai eu la chance de rencontrer Matthieu...
Il a commencé par sortir trois ou quatre tiroirs pleins de stylos tous plus beaux les uns que les autres... Des stylos en bois, en ébonite, en celluloïd et en résine, un stylo doué, un stylo laqué, dans les différentes formes qui sont devenues ses classiques : le célèbre Hokkaïdo, le n°7, l'Ubik, et le petit nouveau mais tout aussi intéressant Particule... et dans toutes les couleurs chamarrées de la vie.
Mes doigts veulent toucher et essayer chacun de ces stylos, mon cerveau est dépassé par tant de sensations. Je me souviens d'un stylo dans une résine avec une dominante fuschia au sujet duquel, si je l'avais vu en photo, je me serais dit « bof, pas pour moi » mais en le voyant en vrai, il m'a paru tellement vivant, pétillant... que j'ai failli craquer. Mais pas encore... J'ai débloqué un budget pour LE stylo... pas UN stylo, même très joli. Il me faut patienter et persévérer dans ma quête...
Et puis Matthieu me montre des plaques de celluloïd et des carrelets de bois, encore bruts, avant qu'il les ai transformés. Il précise qu'il y a toujours une part de mystère quant à ce qu'on va trouver dedans... Les motifs et les couleurs peuvent être très différentes à l'intérieur...
J'essaie de commencer à déblayer cet épineux problème : à quoi donc ressemble LE stylo, MON stylo ?
Je commence par la forme... Ca fait un moment que je me concentre sur les dimensions de stylos qui me plaisent... J'ai très envie d'essayer le Hokkaïdo, que je trouve magnifique, mais aussi le n°7 et le Particule.
Matthieu m'explique que le Particule a à peu près les mêmes dimensions que le n°7, mais, alors que le n°7 est un flat top, le Particule a les extrémités arrondies... Il existe sans décroché (le capuchon est dans le prolongement parfait du corps, comme sur le Hokkaïdo) et avec décroché (le capuchon est un peu plus large, comme sur le n°7).
Pour un diamètre de section choisi (celui du n°7 et du Hokkaïdo, c'est le même et il est très bien) le diamètre du capuchon n'est pas réductible, donc pour que le corps du stylo soit dans l'alignement du capuchon, c'est le corps qui doit être plus large... par conséquent le décroché entre le corps et la section est plus important.
Après manipulation et réflexion, je prends ma décision : ce sera un Particule avec capuchon décroché... c'est moins joli, mais ça tombe mieux dans ma main...
Mais je bugge encore sur toutes les matières et les couleurs rencontrées.
Je revois Matthieu deux jours plus tard, il me remontre ses stylos, mais cette fois-ci j'arrive à mieux assimiler ce que mes yeux et mes mains ont devant eux. Je suis appelée par un Hokkaïdo en bois de rose. Je demande à Matthieu « ce serait possible, un Particule en bois de rose ?
- bien sûr ! »
Matthieu fait une petite moue... « Le bois de rose... ça n'aime pas bien la lumière... Les parties roses du bois deviennent marron aux UV. Je vais protéger le bois, ça va limiter la décoloration, mais il faudra faire attention. » Et puis il attire ensuite mon attention sur le fait qu'il existe des morceaux de bois de rose très différents : depuis un morceau complètement teint en rose-violet, au morceau de bois clair, juste parcouru de quelques veines roses-violettes. Je lui demande si je peux choisir mon carrelet (= mon morceau de bois) et il m'en apporte une dizaine. Je choisis un bois de rose du Mozambique ; en toute objectivité, c'est le plus beau des carrelets !
Il me faut ensuite choisir la plume : j'ai envie d'une plume or, large. Il me tend un stylo avec une belle et longue plume, Bock, or 14 carats, large, retaillée en stub. C'est celle-là.
Je crois ma quête finie : grossière erreur ! La section : en bois ou en ébonite ? Sacrebleu ! L'ébonite offre un autre contact, et elle est plus pratique. Le bois, malgré les protections que Matthieu va lui apporter, ne va pas aimer être trempé dans l'encre. Une fois encore, Matthieu est complètement honnête : « si tu choisis une section en bois, il vaut mieux recharger le convertisseur à part. » Je pèse l'une et l'autre solution. Il s'agit de mon stylo idéal... je peux bien retirer le convertisseur pour qu'il soit plus joli ! Va pour une section en bois.
La dernière épreuve est celle des agrafes. Matthieu me montre celles qu'il a. Une en inox, qu'il a réalisé lui-même, et qu'il me dit possible de faire plaquer en or chez un bijoutier si je le souhaite. Et d'autres plaquées en or jaune ou en or blanc, et même une en or rose...
Mon regard revient sur les stylos aux lignes tellement pures, posés sur la table de sa cuisine...
Ce sera pas d'agrafe.
Mais je ne suis pas la fille la plus adroite de la Terre, j'ai peur de faire rouler et tomber mon Précieux... « Dis Matthieu, c'est possible de me faire un repose-stylo, à la place d'une agrafe ?
- Mais tout est possible ! La seule chose, c'est que je ne suis pas sûr que le carrelet que tu as choisi soit assez grand pour tout faire dans le même... Mais je peux le faire dans une autre chute. »
Voilà comment a débuté la conception de mon stylo.
Et puis, lundi dernier je l'ai rencontré. Il est beau !

Vous l'aurez reconnue, c'est une photo de Matthieu. Je la mets en premier, parce que c'est, et de loin, la plus belle.
La forme est parfaite. Pure, ronde, douce. Le contact en main est chaud, doux, extrêmement sensuel. La marque de fabrique de Matthieu : les pas de vis sont installés de sorte que les veines du bois soient parfaitement alignées. C'est beau !
Le voici sous ses différentes facettes...

Avec le flash, les couleurs sont plus chaudes, plus proches de ses couleurs réelles




A force de le manipuler et de le regarder, je finis par détecter d'infimes irrégularités, qui me rappellent qu'il s'agit d'un morceau de bois, qui plus est travaillé artisanalement. J'en suis ravie. C'est mon stylo. Il est vivant. Il est parfaitement imparfait.
Il faut trois tours complets pour dévisser le capuchon (et huit tours pour dévisser la section). L'on sent en dévissant que le mécanisme est très bien ajusté, solide. En trois tours, on a le temps pour se préparer psychologiquement à la sortie de la plume... Mais Tadam ! Elle me prend néanmoins par surprise. Longue, parfaitement proportionnée au stylo et superbement mise en valeur par cet écrin végétal et délicat.


Pris en main, le stylo est un pur bonheur. Au début, j'ai peur qu'il ne me glisse des mains – il est tellement doux ! - mais non. Malgré le côté lisse, il reste bien positionné dans ma main et elle se décrispe... La danse de la plume sur le papier est le parfait prolongement de la sensualité du bois sur mes doigts. Le débit est généreux.
Je l'emmène au boulot. Et là aïe. J'ai des touts petits blancs au démarrage. J'envoie un message à Matthieu et il me rappelle. Le diagnostic : un mini-baby-bottom qui ne se révèle que lorsque j'écris sur mes genoux (je tiens alors mon stylo plus à l'horizontale). Le remède : le polissoir à ongles. Seulement deux mots, et on réessaie sur du papier. S'il reste un souci, encore deux mots sur le polissoir, etc.
J'emmène mon polissoir au travail, j'y fais deux ajustements (sur le même fauteuil, dans la même position que j'écris) et ça y est :
Le papier capture chaque intention de ma plume. C'est juste parfait.

Je ne savais pas quel était mon stylo idéal. Matthieu l'a accouché pour moi.
Je suis aux anges.
Mais ce n'est pas fini !
Matthieu a réalisé pour moi un pen pillow, en frêne technique Yakisugi. D'un brun sombre, il contraste avec mon stylo. Mais les veines de ce bois, légèrement plus claires et formant de véritables petits sillons en creux, font écho aux veines contrastées du bois de rose. Et la couleur foncée rappelle celle de la signature de Matthieu. La forme est belle de simplicité.

Mon stylo y est bien. L'appellation de pillow est vraiment bien choisie.
C'est parfait ! (oui, encore...)

Il a commencé par sortir trois ou quatre tiroirs pleins de stylos tous plus beaux les uns que les autres... Des stylos en bois, en ébonite, en celluloïd et en résine, un stylo doué, un stylo laqué, dans les différentes formes qui sont devenues ses classiques : le célèbre Hokkaïdo, le n°7, l'Ubik, et le petit nouveau mais tout aussi intéressant Particule... et dans toutes les couleurs chamarrées de la vie.
Mes doigts veulent toucher et essayer chacun de ces stylos, mon cerveau est dépassé par tant de sensations. Je me souviens d'un stylo dans une résine avec une dominante fuschia au sujet duquel, si je l'avais vu en photo, je me serais dit « bof, pas pour moi » mais en le voyant en vrai, il m'a paru tellement vivant, pétillant... que j'ai failli craquer. Mais pas encore... J'ai débloqué un budget pour LE stylo... pas UN stylo, même très joli. Il me faut patienter et persévérer dans ma quête...
Et puis Matthieu me montre des plaques de celluloïd et des carrelets de bois, encore bruts, avant qu'il les ai transformés. Il précise qu'il y a toujours une part de mystère quant à ce qu'on va trouver dedans... Les motifs et les couleurs peuvent être très différentes à l'intérieur...
J'essaie de commencer à déblayer cet épineux problème : à quoi donc ressemble LE stylo, MON stylo ?
Je commence par la forme... Ca fait un moment que je me concentre sur les dimensions de stylos qui me plaisent... J'ai très envie d'essayer le Hokkaïdo, que je trouve magnifique, mais aussi le n°7 et le Particule.
Matthieu m'explique que le Particule a à peu près les mêmes dimensions que le n°7, mais, alors que le n°7 est un flat top, le Particule a les extrémités arrondies... Il existe sans décroché (le capuchon est dans le prolongement parfait du corps, comme sur le Hokkaïdo) et avec décroché (le capuchon est un peu plus large, comme sur le n°7).
Pour un diamètre de section choisi (celui du n°7 et du Hokkaïdo, c'est le même et il est très bien) le diamètre du capuchon n'est pas réductible, donc pour que le corps du stylo soit dans l'alignement du capuchon, c'est le corps qui doit être plus large... par conséquent le décroché entre le corps et la section est plus important.
Après manipulation et réflexion, je prends ma décision : ce sera un Particule avec capuchon décroché... c'est moins joli, mais ça tombe mieux dans ma main...
Mais je bugge encore sur toutes les matières et les couleurs rencontrées.
Je revois Matthieu deux jours plus tard, il me remontre ses stylos, mais cette fois-ci j'arrive à mieux assimiler ce que mes yeux et mes mains ont devant eux. Je suis appelée par un Hokkaïdo en bois de rose. Je demande à Matthieu « ce serait possible, un Particule en bois de rose ?
- bien sûr ! »
Matthieu fait une petite moue... « Le bois de rose... ça n'aime pas bien la lumière... Les parties roses du bois deviennent marron aux UV. Je vais protéger le bois, ça va limiter la décoloration, mais il faudra faire attention. » Et puis il attire ensuite mon attention sur le fait qu'il existe des morceaux de bois de rose très différents : depuis un morceau complètement teint en rose-violet, au morceau de bois clair, juste parcouru de quelques veines roses-violettes. Je lui demande si je peux choisir mon carrelet (= mon morceau de bois) et il m'en apporte une dizaine. Je choisis un bois de rose du Mozambique ; en toute objectivité, c'est le plus beau des carrelets !
Il me faut ensuite choisir la plume : j'ai envie d'une plume or, large. Il me tend un stylo avec une belle et longue plume, Bock, or 14 carats, large, retaillée en stub. C'est celle-là.
Je crois ma quête finie : grossière erreur ! La section : en bois ou en ébonite ? Sacrebleu ! L'ébonite offre un autre contact, et elle est plus pratique. Le bois, malgré les protections que Matthieu va lui apporter, ne va pas aimer être trempé dans l'encre. Une fois encore, Matthieu est complètement honnête : « si tu choisis une section en bois, il vaut mieux recharger le convertisseur à part. » Je pèse l'une et l'autre solution. Il s'agit de mon stylo idéal... je peux bien retirer le convertisseur pour qu'il soit plus joli ! Va pour une section en bois.
La dernière épreuve est celle des agrafes. Matthieu me montre celles qu'il a. Une en inox, qu'il a réalisé lui-même, et qu'il me dit possible de faire plaquer en or chez un bijoutier si je le souhaite. Et d'autres plaquées en or jaune ou en or blanc, et même une en or rose...
Mon regard revient sur les stylos aux lignes tellement pures, posés sur la table de sa cuisine...
Ce sera pas d'agrafe.
Mais je ne suis pas la fille la plus adroite de la Terre, j'ai peur de faire rouler et tomber mon Précieux... « Dis Matthieu, c'est possible de me faire un repose-stylo, à la place d'une agrafe ?
- Mais tout est possible ! La seule chose, c'est que je ne suis pas sûr que le carrelet que tu as choisi soit assez grand pour tout faire dans le même... Mais je peux le faire dans une autre chute. »
Voilà comment a débuté la conception de mon stylo.
Et puis, lundi dernier je l'ai rencontré. Il est beau !

Vous l'aurez reconnue, c'est une photo de Matthieu. Je la mets en premier, parce que c'est, et de loin, la plus belle.

La forme est parfaite. Pure, ronde, douce. Le contact en main est chaud, doux, extrêmement sensuel. La marque de fabrique de Matthieu : les pas de vis sont installés de sorte que les veines du bois soient parfaitement alignées. C'est beau !
Le voici sous ses différentes facettes...

Avec le flash, les couleurs sont plus chaudes, plus proches de ses couleurs réelles




A force de le manipuler et de le regarder, je finis par détecter d'infimes irrégularités, qui me rappellent qu'il s'agit d'un morceau de bois, qui plus est travaillé artisanalement. J'en suis ravie. C'est mon stylo. Il est vivant. Il est parfaitement imparfait.
Il faut trois tours complets pour dévisser le capuchon (et huit tours pour dévisser la section). L'on sent en dévissant que le mécanisme est très bien ajusté, solide. En trois tours, on a le temps pour se préparer psychologiquement à la sortie de la plume... Mais Tadam ! Elle me prend néanmoins par surprise. Longue, parfaitement proportionnée au stylo et superbement mise en valeur par cet écrin végétal et délicat.


Pris en main, le stylo est un pur bonheur. Au début, j'ai peur qu'il ne me glisse des mains – il est tellement doux ! - mais non. Malgré le côté lisse, il reste bien positionné dans ma main et elle se décrispe... La danse de la plume sur le papier est le parfait prolongement de la sensualité du bois sur mes doigts. Le débit est généreux.
Je l'emmène au boulot. Et là aïe. J'ai des touts petits blancs au démarrage. J'envoie un message à Matthieu et il me rappelle. Le diagnostic : un mini-baby-bottom qui ne se révèle que lorsque j'écris sur mes genoux (je tiens alors mon stylo plus à l'horizontale). Le remède : le polissoir à ongles. Seulement deux mots, et on réessaie sur du papier. S'il reste un souci, encore deux mots sur le polissoir, etc.
J'emmène mon polissoir au travail, j'y fais deux ajustements (sur le même fauteuil, dans la même position que j'écris) et ça y est :
Le papier capture chaque intention de ma plume. C'est juste parfait.

Je ne savais pas quel était mon stylo idéal. Matthieu l'a accouché pour moi.
Je suis aux anges.
Mais ce n'est pas fini !
Matthieu a réalisé pour moi un pen pillow, en frêne technique Yakisugi. D'un brun sombre, il contraste avec mon stylo. Mais les veines de ce bois, légèrement plus claires et formant de véritables petits sillons en creux, font écho aux veines contrastées du bois de rose. Et la couleur foncée rappelle celle de la signature de Matthieu. La forme est belle de simplicité.

Mon stylo y est bien. L'appellation de pillow est vraiment bien choisie.
C'est parfait ! (oui, encore...)
