Namiki Falcon à plume souple
Posté : 06 juin 2011 12:07
Il est comme ça des stylos autour desquels on tourne durant des années. Parce qu’ils sont un peu atypiques, qu’on est curieux de leur réputation, qu’on aimerait savoir à quoi ressemble leur plume particulière. Et puis un jour, on découvre vraiment la marque, la beauté de ses plumes, > le plaisir d’écrire avec elles >. Hasard (?) comme toujours dans ces moments-là, une occasion sur le forum d’annonces de SPN se présente alors. On commande donc un Namiki Falcon quasi-neuf.
Il existe deux Falcon : le Namiki Falcon classique, en plastique noir dont nous allons parler ici et son frère cadet en métal, sorti il doit y avoir deux ou trois ans, vendu lui sous la marque Pilot et nommé « Elabo » au Japon (le Falcon classique devait d'ailleurs, si je me souviens bien, être également nommé « Elabo »). En passant, j’ignore si le Namiki plus ancien est officiellement distribué en France. Le Pilot, oui. La nomenclature peut porter à confusion chez Pilot : il existe également une plume souple Falcon, échancrée sur les ailes comme par exemple sur certaines plumes Nakaya, montées dans deux tailles différentes n° 10 et n° 15 sur les Pilot modèles 742 et 743 > (voir ici).

Autant le dire tout de suite, ce Namiki n’a absolument rien de spectaculaire. C’est un stylo en plastique noir et attributs dorés que presque rien, sur une table, ne différencierait d’autres stylos du même genre. Il est d’une banalité et d’une discrétion absolues. La bague sobrement gravée « Namiki - Japan » et ornée d’une frise légère se remarque à peine. L’agrafe concave à facettes, forme peu commune, et à ressort est elle assez élégante, ce sera le seul élément de distinction du stylo. On pourrait presque le comparer à un > Sailor Sapporo >, en plus passe-partout encore. Tout, dans ce stylo correctement fini de coût modéré est tourné vers l’écriture et seulement l’écriture.
C’est un stylo plutôt petit et très léger, quand son frère Pilot en métal (fabriqué dans des couleurs dont je suis loin de raffoler) est lui nettement plus lourd. Là encore, dans la taille et le poids, pas de concession au marketing. Sans capuchon, le Falcon est à peu près de la taille d’un Pelikan M400, avec une section plus longue et les filets (très doux comme toujours chez Pilot) plus haut sur le corps, ce qui en ce qui me concerne, tenant les stylos haut sur le corps, facilite la préhension. S’il est de même longueur sans capuchon, il est nettement plus long fermé que le M400. La légèreté - 10 grammes sans capuchon, 18 avec - préfigure un confort certain d’écriture pour qui écrit longtemps.

Le stylo accepte les cartouches propriétaires Pilot ou les deux convertisseurs CON-20 à pression latérale et CON-50 classique à vis, qui ressemble à tous les convertisseurs. En passant, le CON-20 a une capacité très très légèrement plus importante que le 50 (mesuré). La petite taille du Falcon classique ne lui autorise pas le plus gros CON-70 à poussoir que son frère plus gros en métal, lui, accepte.

Nous en venons à l’essentiel : la plume. C’est elle qui frappe d’abord. Par sa forme : ce n’est pas une plume classique dont les ailes vont en s’élargissant, elle est droite et élancée dans le prolongement de la section. C’est une forme japonaise typique des années 60-70 dont je raffole, qui fait ressembler le stylo à un pinceau. Un plaisir pour l’œil quand le stylo est en main. Elle n’est pas plate non plus, un passage en presse lui donne une forme unique de bec d’aigle reconnaissable entre toutes. Enfin cette plume 14 carats bien sûr est vendue comme semi-flexible, une des rares plumes à l’ancienne de ce genre actuellement sur le marché.
Disons-le tout de suite : lectrice, lecteur, si tu l’achètes comme une semi-flexible, tu vas être déçu. Cette plume n’a absolument rien à voir avec une de ces plumes anciennes. Elle est un peu souple, elle fait un peu ressort, mais n’a absolument rien d’une flexible. Elle offre d’abord une autre qualité (je parle de la Fine qui est la mienne) : elle est extrêmement précise. Au contraire de la plupart des plumes rondes sans grande saveur modernes, le trait de cette F gravée "SF", Soft flexible, différente de la SF du Custom 74, est très fin, net et bien tranché, là où le trait d’une plume standard sera moins net, moins précis. Cette plume demande un bon contrôle de la main et de l’écriture. Avec un appui très léger, sans perdre la netteté, on devine une très légère variation de trait. Ecrire de cette manière est très plaisant, c'est là où je suis le plus à l'aise avec le stylo, où la plume apporte vraiment quelque chose qu'on ne trouve pas ailleurs en modernes. Avec un appui « normal », un peu plus fort, on conserve la précision avec bien sûr une variation de trait un peu plus marquée, sans pouvoir aller jusqu’à parler de pleins et de déliés. En appuyant très fort, la variation est évidemment encore plus forte, mais sans aller du très fin au large comme le ferait naturellement une plume ancienne semi-flexible, la variation est plus réduite. Mais ce dernier effet est obtenu au prix d’un effort musculaire important, vite fatigant, qui rend la plume impropre à cet usage pour écrire plus que quelques mots ou quelques lignes. Différence là encore avec une ancienne. Il convient également de signaler que la plume se « fait », s'assouplit un peu assez rapidement.
Trois essais d’écriture, appui léger, normal et assez fort. On me pardonnera la main tremblante et peu sûre de ce matin.

Un problème qu’on retrouve sur les plumes Falcon des 742/743 est l’alimentation. La plume s’écarte beaucoup du feed et l’alimentation n’est alors plus suffisante, l’encre n’arrive plus en quantité nécessaire dès qu’on appuie et qu’on essaie d’écrire vite. Problème difficile à régler qu’on retrouve sur les plumes Soft Nakaya > (voir l’essai d’un Piccolo Yellow tamenuri ici, accentué par une plume M).
Il y a une solution à cela : utiliser une encre de la marque. Pilot classique ou Iroshizuku vont en partie régler le problème, le débit sera excellent, sans éliminer totalement le problème d’alimentation, au prix d’un trait un peu plus large et d’un petit gommage de la variation du trait : la plume, qui va toujours demander du contrôle, va avec elles se conduire davantage comme une plume classique.
Si on veut profiter de la souplesse de la plume et de la modulation du trait, il va falloir chercher d’autres encres. Avec la Waterman bleu-noir de mes essais on va retrouver ce joli petit effet, au prix de quelques ratés - peu importants - sur les départs. J’ai finalement choisi la Private reserve Copper burst, mon brun d’élection, qui se comporte plutôt bien si on n’appuie pas trop et permet de bien profiter des subtilités de la plume.
J’en termine. Voilà un joli et discret petit instrument d’écriture dont je ne me sépare guère depuis un moment. A sa réception, déçu, je l’avais envoyé passé l’hiver au chaud dans un placard. Avec les beaux jours, il en est ressorti et j’ai alors vraiment découvert la particularité de la plume, le charme et la précision de ce stylo à part dans la production actuelle. C'est pour moi un stylo simple et rafraîchissant. Les meilleurs artisans américains proposent de retravailler la plume, sa flexibilité et la taille de sa pointe, ce serait une chose à essayer, qui lui donnerait certainement un tout autre caractère, sans pour autant certainement atteindre aux qualités des bonnes plumes anciennes classiques.
Commentaires des utilisateurs et questions bienvenus.
Jimmy
Plus tard : après quelques mois passés avec le Falcon, il est devenu difficile, chose assez rare, de s'en passer. La taille et le poids sont parfaits pour ma main. Cette plume fine, précise, bien que plus dure et moins subtile que les plumes anciennes, à laquelle il manque un peu du mœlleux et de la suavité de certaines de celles-ci, me tient sous son charme. Elle offre des sensations peu communes et apporte à l'écriture un caractère qui manque souvent avec les plumes modernes.
Il existe deux Falcon : le Namiki Falcon classique, en plastique noir dont nous allons parler ici et son frère cadet en métal, sorti il doit y avoir deux ou trois ans, vendu lui sous la marque Pilot et nommé « Elabo » au Japon (le Falcon classique devait d'ailleurs, si je me souviens bien, être également nommé « Elabo »). En passant, j’ignore si le Namiki plus ancien est officiellement distribué en France. Le Pilot, oui. La nomenclature peut porter à confusion chez Pilot : il existe également une plume souple Falcon, échancrée sur les ailes comme par exemple sur certaines plumes Nakaya, montées dans deux tailles différentes n° 10 et n° 15 sur les Pilot modèles 742 et 743 > (voir ici).

Autant le dire tout de suite, ce Namiki n’a absolument rien de spectaculaire. C’est un stylo en plastique noir et attributs dorés que presque rien, sur une table, ne différencierait d’autres stylos du même genre. Il est d’une banalité et d’une discrétion absolues. La bague sobrement gravée « Namiki - Japan » et ornée d’une frise légère se remarque à peine. L’agrafe concave à facettes, forme peu commune, et à ressort est elle assez élégante, ce sera le seul élément de distinction du stylo. On pourrait presque le comparer à un > Sailor Sapporo >, en plus passe-partout encore. Tout, dans ce stylo correctement fini de coût modéré est tourné vers l’écriture et seulement l’écriture.
C’est un stylo plutôt petit et très léger, quand son frère Pilot en métal (fabriqué dans des couleurs dont je suis loin de raffoler) est lui nettement plus lourd. Là encore, dans la taille et le poids, pas de concession au marketing. Sans capuchon, le Falcon est à peu près de la taille d’un Pelikan M400, avec une section plus longue et les filets (très doux comme toujours chez Pilot) plus haut sur le corps, ce qui en ce qui me concerne, tenant les stylos haut sur le corps, facilite la préhension. S’il est de même longueur sans capuchon, il est nettement plus long fermé que le M400. La légèreté - 10 grammes sans capuchon, 18 avec - préfigure un confort certain d’écriture pour qui écrit longtemps.

Le stylo accepte les cartouches propriétaires Pilot ou les deux convertisseurs CON-20 à pression latérale et CON-50 classique à vis, qui ressemble à tous les convertisseurs. En passant, le CON-20 a une capacité très très légèrement plus importante que le 50 (mesuré). La petite taille du Falcon classique ne lui autorise pas le plus gros CON-70 à poussoir que son frère plus gros en métal, lui, accepte.

Nous en venons à l’essentiel : la plume. C’est elle qui frappe d’abord. Par sa forme : ce n’est pas une plume classique dont les ailes vont en s’élargissant, elle est droite et élancée dans le prolongement de la section. C’est une forme japonaise typique des années 60-70 dont je raffole, qui fait ressembler le stylo à un pinceau. Un plaisir pour l’œil quand le stylo est en main. Elle n’est pas plate non plus, un passage en presse lui donne une forme unique de bec d’aigle reconnaissable entre toutes. Enfin cette plume 14 carats bien sûr est vendue comme semi-flexible, une des rares plumes à l’ancienne de ce genre actuellement sur le marché.
Disons-le tout de suite : lectrice, lecteur, si tu l’achètes comme une semi-flexible, tu vas être déçu. Cette plume n’a absolument rien à voir avec une de ces plumes anciennes. Elle est un peu souple, elle fait un peu ressort, mais n’a absolument rien d’une flexible. Elle offre d’abord une autre qualité (je parle de la Fine qui est la mienne) : elle est extrêmement précise. Au contraire de la plupart des plumes rondes sans grande saveur modernes, le trait de cette F gravée "SF", Soft flexible, différente de la SF du Custom 74, est très fin, net et bien tranché, là où le trait d’une plume standard sera moins net, moins précis. Cette plume demande un bon contrôle de la main et de l’écriture. Avec un appui très léger, sans perdre la netteté, on devine une très légère variation de trait. Ecrire de cette manière est très plaisant, c'est là où je suis le plus à l'aise avec le stylo, où la plume apporte vraiment quelque chose qu'on ne trouve pas ailleurs en modernes. Avec un appui « normal », un peu plus fort, on conserve la précision avec bien sûr une variation de trait un peu plus marquée, sans pouvoir aller jusqu’à parler de pleins et de déliés. En appuyant très fort, la variation est évidemment encore plus forte, mais sans aller du très fin au large comme le ferait naturellement une plume ancienne semi-flexible, la variation est plus réduite. Mais ce dernier effet est obtenu au prix d’un effort musculaire important, vite fatigant, qui rend la plume impropre à cet usage pour écrire plus que quelques mots ou quelques lignes. Différence là encore avec une ancienne. Il convient également de signaler que la plume se « fait », s'assouplit un peu assez rapidement.
Trois essais d’écriture, appui léger, normal et assez fort. On me pardonnera la main tremblante et peu sûre de ce matin.

Un problème qu’on retrouve sur les plumes Falcon des 742/743 est l’alimentation. La plume s’écarte beaucoup du feed et l’alimentation n’est alors plus suffisante, l’encre n’arrive plus en quantité nécessaire dès qu’on appuie et qu’on essaie d’écrire vite. Problème difficile à régler qu’on retrouve sur les plumes Soft Nakaya > (voir l’essai d’un Piccolo Yellow tamenuri ici, accentué par une plume M).
Il y a une solution à cela : utiliser une encre de la marque. Pilot classique ou Iroshizuku vont en partie régler le problème, le débit sera excellent, sans éliminer totalement le problème d’alimentation, au prix d’un trait un peu plus large et d’un petit gommage de la variation du trait : la plume, qui va toujours demander du contrôle, va avec elles se conduire davantage comme une plume classique.
Si on veut profiter de la souplesse de la plume et de la modulation du trait, il va falloir chercher d’autres encres. Avec la Waterman bleu-noir de mes essais on va retrouver ce joli petit effet, au prix de quelques ratés - peu importants - sur les départs. J’ai finalement choisi la Private reserve Copper burst, mon brun d’élection, qui se comporte plutôt bien si on n’appuie pas trop et permet de bien profiter des subtilités de la plume.
J’en termine. Voilà un joli et discret petit instrument d’écriture dont je ne me sépare guère depuis un moment. A sa réception, déçu, je l’avais envoyé passé l’hiver au chaud dans un placard. Avec les beaux jours, il en est ressorti et j’ai alors vraiment découvert la particularité de la plume, le charme et la précision de ce stylo à part dans la production actuelle. C'est pour moi un stylo simple et rafraîchissant. Les meilleurs artisans américains proposent de retravailler la plume, sa flexibilité et la taille de sa pointe, ce serait une chose à essayer, qui lui donnerait certainement un tout autre caractère, sans pour autant certainement atteindre aux qualités des bonnes plumes anciennes classiques.
Commentaires des utilisateurs et questions bienvenus.
Jimmy
Plus tard : après quelques mois passés avec le Falcon, il est devenu difficile, chose assez rare, de s'en passer. La taille et le poids sont parfaits pour ma main. Cette plume fine, précise, bien que plus dure et moins subtile que les plumes anciennes, à laquelle il manque un peu du mœlleux et de la suavité de certaines de celles-ci, me tient sous son charme. Elle offre des sensations peu communes et apporte à l'écriture un caractère qui manque souvent avec les plumes modernes.