www.stylo-plume.org

Bonjour tout le monde,

pas plus tard qu'hier sur ce forum, nous avons assisté à des échanges dans lesquels revenait une critique pour le moins récurrente de Montblanc: la désignation du matériau utilisé pour la fabrication des stylos Meisterstück comme résine précieuse, alors que c'est "juste du plastique". (Ou devrais-je écrire plastic, vu l'explosivité du sujet?) Bah oui, toutes les résines thermoplastiques sont, par définition, juste du plastique. Se valent-elles pour autant?

(J'ai lu de nombreuses critiques du marketing soi-disant douteux de Montblanc: je n'en sais rien, je ne suis pas exposé à leur marketing. Ce qui a été dit sur le positionnement de la marque dans le secteur du luxe, et non de la technique, est par contre tout à fait correct.)

Mais d'où vient ce terme résine précieuse (ou precious resin en anglais, terme tout aussi décrié par les adeptes des stylos-plume anglophones). Il s'agit de la traduction de l'allemand Edelharz, dont la traduction littérale est résine noble. Et c'est là que Montblanc a fait erreur à mon avis. En ignorant l'anglais et me concentrant sur le français, il me semble que le terme résine noble aurait été une meilleure traduction, et aurait un peu moins irrité les calamophiles que nous sommes. En effet, en français, nous n'avons pas problème à parler de matériaux nobles, d'essences nobles de bois, etc. Après tout, il est certain que toutes les résines ne se valent pas, et que certaines sont effectivement plus haut de gamme que d'autres. Et quoiqu'on en pense, on ne va quand même pas dire que les stylos Montblanc sont fabriqués en plastoc de bas étage.

A mon avis, la traduction utilisée par Montblanc, en français comme en anglais, n'est pas la meilleure. Peut-être cela les arrange dans leur marketing de marque de luxe? Je n'en sais rien. Toutefois, si on revient au terme allemand d'origine, on comprend mieux. En effet, tous les plastiques ne se valent pas, ni en prix, ni en fabrication, ni en propriétés mécaniques. Et le matériau utilisé par Montblanc n'est peut-être pas précieux, mais il est de bonne qualité, et ça ne me choque pas de le qualifier de plastique noble.

Pour illustrer mon propos, voici trois stylos en plastique qui se trouvent sur mon bureau en ce moment. Deux sont en plastique que je considère "noble", un est en polystyrène injecté. J'aurais pu ajouter mon Conid en plastique, parce que la résine Delrin est, à mon avis, un matériau de qualité aussi, mais je n'avais pas envie de descendre de deux étages pour aller le chercher.



[Remarque: même les Allemands sont parfois perturbés par le terme Edelharz. On trouve ainsi la question suivante sur le forum germanophone penexchange.de: "Mich beschäftigt schon seit Jahren die Frage, was Montblanc unter Edelharz versteht? Handelt es sich um etwas wirklich Wertvolles [...]?" Traduction: "Je suis préoccupé depuis des années par la question de ce que Montblanc entend par Edelharz. S'agit-il de quelque chose de réellement précieux [...] ?")

Alors le plastique doit-il être précieux pour gagner ses lettres de noblesse?

Sympathique éclairage qui a pour noblesse de remettre l'église au milieu du village.

Olorin a écrit : ↑17 nov. 2019 11:22 je n'avais pas envie de descendre de deux étages

Fainéasse !

"Patapé"

Les Omas (si mes souvenirs sont bons) sont parfois fabriqués dans une résine "noblissime" à base de coton.

Merci Olorin pour cet exposé dépassionné et intéressant.
Dans mon pot à stylos, il y a trois stylos en plastique : mon Aikin Lambert en celluloïd vert jade, le Pelikan M200 gris marbré de mon frère et un parallel pen de Pilot.
Je n'ai ni les compétences germanophones, ni les connaissances physico-chimiques d'Olorin, mais "à vue d'oeil", ce ne sont pas les mêmes !
Le celluloïd est brillant, sa couleur est lumineuse, et dans le capuchon on peut voir qu'il est translucide.
Le marbré du Pelikan est iridescent, donnant une sensation de profondeur analogue à la laque.
Tous deux sont très jolis à mon humble avis. Et probablement fragiles, en tout cas je n'ai pas envie de les jeter sur le carrelage pour voir...
Le parallel pen est en "plastique playmobil" pour reprendre la dénomination d'Iroshizu, qui me paraît très appropriée, corps gris à l'aspect mat et au toucher légèrement velouté, capuchon coloré, plus lisse et plus brillant. C'est beaucoup moins joli, et probablement beaucoup plus résistant au jetage sur le carrelage (même si je n'ai pas essayé non plus... je ne suis pas d'humeur très clastique aujourd'hui... )
Je n'ai pas de Montblanc sous la main, mais je plussoie à l'idée qu'il ne s'agit pas d'un "plastique de base", et qu'ensuite, ce n'est qu'une question de dénominations...

@ Olorin : merci pour ce beau texte qui a le mérite de revenir sur l'origine de la polémique.

Je m'autocite depuis le SDD de l'autre jour :
viewtopic.php?f=37&t=18181#p282009

Merci pour cette jolie contribution. En fait, chez MB, c'est le positionnement "luxe" qui a tendance à agacer et tout ce qui s'y rapporte.

Il m'a fallu longtemps pour battre ce point de vue et m'offrir un MB vintage danois... Et depuis d'autres petits camarades l'ont rejoint.

Après tout, il s'agit d'instruments d'écriture. La plume, l'équilibre, le toucher, voici la trinité qui décide de la cote d'un stylo. Et non pas le nom du matériau.

Doublon- à supprimer.

résine noble ou résine précieuse,pour moi...c'est du plastok, épicétou! Tout le reste n'est que rétorique marketinge pour nous faire réver.....

jddegap a écrit : ↑17 nov. 2019 12:21 @ Olorin : merci pour ce beau texte qui a le mérite de revenir sur l'origine de la polémique.

Ça date de bien avant ton message

darazs a écrit : ↑17 nov. 2019 13:31Après tout, il s'agit d'instruments d'écriture.

C'est aussi comme ça que je vois les stylos.

darazs a écrit : ↑17 nov. 2019 13:31En fait, chez MB, c'est le positionnement "luxe" qui a tendance à agacer et tout ce qui s'y rapporte.

Là aussi je partage ton point de vue (je me suis exprimé à ce sujet sur un autre fil).

Je préfère nettement le discours de Pelikan, pour qui les stylos sont en "résine de haute qualité", ce qui a déjà plus de sens si l'on considère le celluloïd dont est fait le corps des Souverän à pyjama rayé (attention : celui des noirs noirs n'est pas en celluloïd).

Et la résine de coton des OMAS était aussi un excellent matériau. Dommage que cette marque ait disparu, j'aimais beaucoup le 360 (la 1ère version, celle avec un capuchon de forme ogivale et à l'agrafe incurvée comme un archet de violoncelle) et je regrette de ne pas en avoir acheté un quand il était encore produit.

En ce qui concerne les stylos MB, j'ai déjà dit le bien que je pensais d'un 114 de 1998 ► sur ce fil. J'y explique aussi en quoi le 114 diffère des autres Meisterstück et pourquoi ces différences font que je l'apprécie.

Pour ce qui est du 149, je n'en achèterais pas un neuf aujourd'hui car j'estime qu'en tant qu'instrument d'écriture son tarif actuel n'est pas justifié et car je n'apprécie pas l'image "bling bling" qui lui est associée dans l'imaginaire collectif.

Mais si je tombe sur un 149 vintage en bon état pour un prix raisonnable je le mettrais volontiers dans ma collection et c'est avec plaisir que j'écrirais avec.

Ho put1 v'là-t-y pas que j'ai des envies de 149 vintage. Addiction calamophile quand tu nous tiens

Juste pour info,
Chez Waterman, le nouveau "Emblème" (69€) sera fait en résine "précieuse" également

D'ici à ce que les chinois s'en mèlent ...

Oliv' a écrit : ↑17 nov. 2019 11:42 Fainéasse !

J’assume totalement !

stylodor a écrit : ↑17 nov. 2019 11:47 Les Omas (si mes souvenirs sont bons) sont parfois fabriqués dans une résine "noblissime" à base de coton.

Oui, en celluloïd, donc du coton traité avec de l’acide nitrique et de l’acide sulfurique, suivi d’un ajout de camphre pour lui conférer sa plasticité. Pas très noble quand c'est dit comme ça, mais le vrai travail est dans la coloration et les matériaux multi-couches absolument splendides qu’on peut en faire.

Shimaree a écrit : ↑17 nov. 2019 12:12 Merci Olorin pour cet exposé dépassionné et intéressant.
Le celluloïd est brillant, sa couleur est lumineuse, et dans le capuchon on peut voir qu'il est translucide.
Le marbré du Pelikan est iridescent, donnant une sensation de profondeur analogue à la laque.

C’est exactement ça. Dans les deux cas, ce ne sont « que » des dérivés du coton, mais quel beau travail pour obtenir un résultat aussi esthétique.

jddegap a écrit : ↑17 nov. 2019 12:21 @ Olorin : merci pour ce beau texte qui a le mérite de revenir sur l'origine de la polémique.
Je m'autocite depuis le SDD de l'autre jour :
viewtopic.php?f=37&t=18181#p282009

Je l’avais lu, et je veux bien le croire : je n’ai pas les stylos nécessaires pour m’en convaincre moi-même.

darazs a écrit : ↑17 nov. 2019 13:31 Merci pour cette jolie contribution. En fait, chez MB, c'est le positionnement "luxe" qui a tendance à agacer et tout ce qui s'y rapporte.
[…]
Après tout, il s'agit d'instruments d'écriture. La plume, l'équilibre, le toucher, voici la trinité qui décide de la cote d'un stylo. Et non pas le nom du matériau.

Je suis d’accord avec les problèmes liés à leur image.
Je rajouterais sans doute le visuel aussi.

GGeorge a écrit : ↑17 nov. 2019 14:48 Je préfère nettement le discours de Pelikan, pour qui les stylos sont en "résine de haute qualité", ce qui a déjà plus de sens si l'on considère le celluloïd dont est fait le corps des Souverän à pyjama rayé (attention : celui des noirs noirs n'est pas en celluloïd).
Et la résine de coton des OMAS était aussi un excellent matériau. Dommage que cette marque ait disparu, j'aimais beaucoup le 360 (la 1ère version, celle avec un capuchon de forme ogivale et à l'agrafe incurvée comme un archet de violoncelle) et je regrette de ne pas en avoir acheté un quand il était encore produit.
Mais si je tombe sur un 149 vintage en bon état pour un prix raisonnable je le mettrais volontiers dans ma collection et c'est avec plaisir que j'écrirais avec.
Ho put1 v'là-t-y pas que j'ai des envies de 149 vintage. Addiction calamophile quand tu nous tiens

Détail marrant: en allemand, Pelikan utilise aussi le terme Edelharz, mais ils le traduisent différemment…
Par contre, il ne s’agit pas de celluloïd, mais d’acétate de cellulose. Certes, c’est proche, mais la différence se sent (au nez).

OMAS par contre utilisait le celluloïd (dérivé du coton, voir plus haut), et oui, leurs stylos étaient superbes.

En ce qui me concerne, j’ai acheté deux Montblanc récents : deux 146 de la série « Petit Prince », un bleu et un brun. Non pas parce que j’avais spécialement envie d’un Montblanc en particulier, mais parce que le thème de ces stylos me parlait, de façon très personnelle et profonde. Je les ai encrés une fois, pour vérifier qu'ils écrivent bien (et ils écrivent très bien), et maintenant je vais les mettre de côté pour un jour les donner à mon fils, accompagnés d'une longue lettre lui expliquant pourquoi ils me font tellement penser à lui.

creatorcom a écrit : ↑17 nov. 2019 15:09 Juste pour info,
Chez Waterman, le nouveau "Emblème" (69€) sera fait en résine "précieuse" également

D'ici à ce que les chinois s'en mèlent ...

Comme quoi, on peut être précieux à un dixième du prix d'un MB

Olorin a écrit : ↑17 nov. 2019 15:23 Comme quoi, on peut être précieux à un dixième du prix d'un MB

On a déjà parlé moultes fois de ce problème de traduction. Je vous laisse chercher edelharz qui est effectivement le terme d'origine allemand.

En effet. Et pourtant le terme suscite toujours des réactions aussi virulentes.

Je trouve agaçant le terme "résine précieuse", même si je peux toucher la différence entre les différents matériaux; aussi bien que la mentalité "c'est hyper cher, ça doit être bien" de Montblanc.

Le plus "plastoc": Platinum Cool (modèle Balance en transparent), un stylo quand même vendu aux $35.

Bonne finition en aluminium et pour un stylo de €18: Muji.

Sensation de solidité dégonflée para la fragilité de la finition: Lamy Studio (sauf celui en acier brossé).

Meilleure sensation: Faber Castell Ambition en bois de poirier; étrangement le solide capuchon bouge un peu une fois fermé.

Corps solide, (métal et laque?): Carène, Man 100; plume encrustée et donc fragile du premier, rouille au col du second.

Pour le reste, des Lamy Vista aux Pelikan et Sailor Professional Gear: ça marche, que ce soit du vilain plastique ou autre chose.

Attention, le Man 100 noir est.... en plastique. Seuls les exemplaires Patrician sont laqués si je ne m'abuse.

Ce fut un gros coup au coeur lors de la visite de l'usine Wateman, lorsqu'on m'expliqua que les tubes plastiques que je voyais étaient destinés au Man 100! Jusque là je ne m'étais jamais posé la question de leur matériaux, mais il ne m'étais pas venu à l'esprit qu'ils pussent être en plastoc!!!

Breizhexil a écrit : ↑20 nov. 2019 11:45qu'ils pussent être en plastoc!!!

Et ça te gratte ?

Pourquoi est-ce un problème?