Mais qu'est-ce que ce GV400 dont je n'avais jamais entendu parler ? Il me restait à peine deux heures pour investiguer sur cet objet qui ressemblait quand même furieusement à un volatile saxon. Quel loup transalpin se cachait derrière cette mise à prix plus que raisonnable et le manque de succès de ces enchères ? Pas de trace d'un GV400 sur mon forum plumitif préféré, rien sur la toile francophone. Rien dans la bible germanophone de l'éleveur de Pelikan, https://www.pelikan-collectibles.de. Quelques rares indices datant d'une dizaine d'années sur The Foutain Pen Network et de très mauvaises photos tirées de vieilles annonces Ebay semblaient décrire ce qui n'était pas autre chose qu'un M400 dans son plumage le plus traditionnel accompagné d'un encrier, le tout emballé dans un coffret au goût approximatif !
Qui ne tente rien, n'a rien. Vu le montant, je ne risquais pas grand-chose et c'est vingt secondes avant la fin des enchères que j'ai cliqué sur le bouton d'envoi. Quelques secondes plus tard, j'étais propriétaire d'un objet quasi inconnu mais pour un tarif plus qu'intéressant… Pour peu que la promesse du vendeur soit tenue. Celui-ci et les postes italiennes puis françaises ayant été suffisamment diligents, j'ai eu la bonne surprise de voir arriver le colis en tout juste cinq jours, dimanche compris.
Mais venons en au vif du sujet de ce qu'on ne peut pas appeler une « revue de stylo » mais plutôt une « revue d'emballage ». Qu'est-ce que le Pelikan GV400 ? Précisons tout d'abord qu'il conviendrait d'écrire, d'après le catalogue Pelikan, « GV 400 », avec une espace. Malheureusement, cette graphie ne facilite pas le travail de recherche sur la toile, c'est pourquoi je continuerai à l'écrire sans espace.
Donc, le Pelikan GV400 est avant tout un beau coffret en carton. Enfin, « beau »… Je vous laisse juge ! Pour ma part, je le trouve plutôt kitch. Le mien est arrivé dans un état assez médiocre : ouvert sans soin, écrasé au retour d'un voyage dans une valise déjà trop pleine à l'aller, puis stocké sans attention au fond d'un placard pendant des années. Au déballage du colis, le premier contact est, pour le moins, mitigé.

„Aufwendig gearbeitete klassische Geschenk-Verpackung aus hochwertigem Karton mit Seideneinlage. Gestaltet nach Motiven aus dem Jahre 1897“ qu'ils disaient dans le catalogue de 1988. Je laisse les germanophones savourer l'hyperbole. Quant aux autres, peut être vaut-il mieux qu'ils restent dans l'ignorance de peur de voir s'effondrer le mythe du sérieux germanique.
Heureusement, dans le coffret, il y a un contenu. Et là, le sourire revient : un authentique Pelikan Souverän M400, absolument neuf, qui n'a jamais vu l'encre, privé des ces petites marques que laisse tout usage même soigneux, avec son étiquette encore en place, son mode d'emploi et un flacon, bien aussi baroque que le coffret, mais plein de 50 ml. d'encre Pelikan königsblau. Le tout couché sur un lit de velours de soie rose saumon dépassé, dans le plus pur style pompier.

Le lecteur raisonnable, mais aussi ignare que je l'étais il y a peu, s'interroge : « Mais pourquoi encartonner un stylo-plume dont la qualité ne fait aucun doute, dans une bonbonnière aussi dénuée d'intérêt ? » La réclame, mon ami ! La réclame ! En effet la grande surface du couvercle du GV400 permettait d'imprimer tout slogan, annonce ou logo relatif à une entreprise ou à un événement. Ainsi, celui que j'ai reçu fut offert à un client ou un employé de la société ITALGEL à l'occasion d'une rencontre qualité qui s'est tenue à Istambul en 1989.

Pour les curieux : ITALGEL est une entreprise italienne spécialisée, je vous le donne en mille, dans les produits surgelés. Entre autres marques plus ou moins connues, les Gelati Motta. Elle fait aujourd'hui partie du groupe Nestlé. Bien sûr, j'aurai préféré Maserati ou Alfa Roméo (Alfa Roméo, ça sonne bien et, dans les années quatre-vingt, ils auraient eu grand besoin de « incontro sulla qualità »). Mais il faut faire avec ce que l'on a et aujourd'hui je me contente d'ITALGEL.
Je vous passe, la revue du Pelikan M400. D'autres s'y sont essayés avec bien plus de talent que moi. Sachez seulement que je ne suis pas sûr que ce stylo me convienne parfaitement. La section me semble trop courte. La plume F est plus large que les M dont j'ai l'habitude mais ça n'est pas vraiment une surprise. Elle est plutôt souple et glisse sans bruit sur le papier classique d'un bloc Rhodia ou Clairefontaine. C'est même un peu trop lisse et silencieux à mon goût. J'aime bien les plumes qui chantent à l'instar de celles de mes Sailor, par exemple. Peut-être faudra-t-il que j'essaie une EF sur un M800 ?

