[AVIS PERSONNELS] Vos stylos de marathonien de l'écriture ?

[JFK]

Lamy Safari plume B...

[BillHoony]

Lamy Safari plume B...

Qu'a-t-il de spécial ce stylo ?

[JFK]

Sa glisse et son ergonomie, deux qualités essentielles â mes yeux pour un "marathon scriptural"
Certains trouvent l'emplacement prévu pour les doigts trop étroit, il est néanmoins clairement profilé.

JFK

[BillHoony]

Sa glisse et son ergonomie, deux qualités essentielles â mes yeux pour un "marathon scriptural"
Certains trouvent l'emplacement prévu pour les doigts trop étroit, il est néanmoins clairement profilé.

JFK

Quelle est ta définition du terme "marathon scriptural" ? En nombre de pages environ ?

[Mrs Hobie]

Sa glisse et son ergonomie, deux qualités essentielles â mes yeux pour un "marathon scriptural"
Certains trouvent l'emplacement prévu pour les doigts trop étroit, il est néanmoins clairement profilé.

JFK

et chez moi ça provoque très rapidement des douleurs et un inconfort, ça m'oblige à tenir trop loin de la plume par rapport à ma position habituelle

[Nicobee]

Je viens de recevoir sur un safari d'une connaissance qui ne l'utilise plus... je vais enfin pouvoir tester la prise en main...

[BillHoony]

Je viens de recevoir sur un safari d'une connaissance qui ne l'utilise plus... je vais enfin pouvoir tester la prise en main...

Excellente initiative.

[Laurent]

Si l'on veut pouvoir écrire longtemps, un stylo comme mon Pelikan M200 équipé d'une plume EF (qui correspond en réalité à une F) est parfait, puisqu'il embarque beaucoup d'encre et en consomme peu.
Et puis la plume est douce, précise, assez souple mais non dépourvue d'une certaine fermeté, bref une sensation globale de grand équilibre.
Sans cela on peut éventuellement le trouver un peu petit, mais ce serait bien alors son seul défaut je crois!
En tout cas, c'est clair qu'il a de sacrées réserves pour courir longtemps, longtemps sur le papier!

[JFK]

Sa glisse et son ergonomie, deux qualités essentielles â mes yeux pour un "marathon scriptural"
Certains trouvent l'emplacement prévu pour les doigts trop étroit, il est néanmoins clairement profilé.

JFK

Quelle est ta définition du terme "marathon scriptural" ? En nombre de pages environ ?

Au boulot, les dossiers préparatoires à des comités sont fournis en format PDF et lus sur mon I-Pad que j'apporte en séance.
Ce sont mes notes personnelles (interrogations pour les analystes et les juristes, points d'attention...) qui sont rédigées sur du papier bureautique standard, pas vraiment lisse type Lyreco, A4 recto-verso, en général 6 à 8 pages écrites assez serrées en langage télégraphique et "bullet points".
Lorsque je me sens toujours à l'aise avec un stylo à l'issue de cet exercice, il est déclaré "apte" !

JFK

[BillHoony]

Je viens de finir un test pour avoir une idée de mon Pilot Capless (taille M) ; en remplissant une cartouche ras-la-gueule, je suis arrivé à tenir sur onze pages et demie, sur un cahier Seyès, de la marque Oxford de 180 pages au format 24cm x 32cm.
Il faut que je teste mon Waterman Carène, mais il faut que je me dégotte une grande cartouche (la dernière était fêlée...), même si je peut l'effectuer au convertisseur.

Et vous ? Avez-vous déjà effectué des tests d'autonomie de vos stylos ?

[BillHoony]

Scritch ! Scratch ! On ressort les plumes, les gens !

Et je remonte le sujet !

[outremerBIS]

Bonjour!

Mes miens qui écrivent beaucoup:



Le 845, avec sa plume très fine et son gros converter, est évidemment à même d'assurer de longues séances, tout en confort avec un débit régulier et sans accrocs, et une légèreté d'appui remarquable;


cred: Grimm

Le mien est encré en Tanzanite ou en imperial purple diamine; converti en eyedropper et avec sa plume italique, il permet de réecrire la comédie humaine d'un seul jet!



Pelikan M200, toujours fidèle, bonne contenance, confort d'écriture évident et une plume F qui permet beaucoup de pages!

Il est évident qu'une plume fine permet un parcours plus long! J'aime beaucoup mon 3776 en pljme large, mais il ne fait qu'une trentaine de copies...

[creatorcom]

Et vous ? Avez-vous déjà effectué des tests d'autonomie de vos stylos ?

Oui, et c'était un eyedropper
http://stylo-plume.org/viewtopic.php?f=26&t=10695

[lyrane]

Sans hésiter mes Montblanc 145 et 146... je passe mes journées à prendre des notes très rapides quand je travaille et je remplis des pages et des pages sans jamais fatiguer...

[pilotnamiki]

Coucou, un revenant revient vous revoir (mon style marque une nette progression depuis mon absence... )

Je suis en sevrage relatif depuis environ deux ans, même si j'ai "replongé" à trois reprises depuis décembre, dont la dernière fois avant-hier, pour des modèles d'un excellent rapport/qualité prix (un Pilot Elite 95S, un Sheaffer Snorkel à plume large-rare- conique des années 50 et un Parker Sonnet.) J'évite donc, autant que possible de fréquenter ce fort sympathique lieu de tentations multiples menant trop souvent à la perdition.
Et puis, je vogue vers d'autres aventures, particulièrement chronophages et d'une particulière importance. Ce qui signifie concrètement que je ne ferai plus que de rares apparitions ici, à l'image de l'illustre Jimmy.

Cependant, ce sujet revêt, à mes yeux, une particulière importance, l’endurance d'un instrument d'écriture pouvant servir de juge de paix, eu égard à sa vocation première, loin de la frime ou du "snob-effect" distillé par certains modèles.

Je vais donc tenter de vous fournir ma liste de "marathoniens" (non exhaustive, évidemment) testés et approuvés par ma poigne d'acier et par mon trait nerveux et ce, à tout niveau de gamme et à toute époque (modernes et vintages inclus.) Je vous livrerai à la fin de mon laïus, mon vainqueur toutes catégories et époques , sanctionné par un triomphe permanent après presque 15 ans de quasi torture quotidienne!

Basons-nous tout d'abord sur un certain nombre de stylographes mentionnés dans les excellents posts précédents.

Commençons par les Waterman. Oui, les modèles à plume-acier constituent de très bons marathoniens capables d'encaisser des kilomètres d'écriture, sans broncher et j'ai personnellement utilisé durant de longues années, un Hémisphère qui m'a donné entière satisfaction. Je me montrerais plus nuancé vis à vis des Waterman à plume en or, moins fiables que leurs frères modestes. Néanmoins, on peut conseiller sans restriction le Carène, du fait de sa ferme mais douce plume sertie, parfaitement adaptée, avec son conduit caréné (!!!) à une utilisation intensive, style prise de notes. Objectivement, il s'agit d'un très bon stylo, excellemment fabriqué (double joint d'étanchéité, pas de vis interne métallique) qui pourrait donner, en la matière, de rudes leçons à des modèles beaucoup, beaucoup plus huppés (et onéreux.) Je conseillerai un autre Waterman, souvent décrié mais dont je peux attester la grande fiabilité, sa majesté l'Edson. Certes, je reconnais ses nombreux défauts, tarif salé (ça va mieux aujourd'hui en occasion), aspect bling-bling dans certaines finitions, masse excessive capuchon posté et même, plume taillant plutôt fin (la M écrit comme une F, mais cela s'améliore avec une encre fluide.) Cependant, force est de constater que cet engin démarre au quart de tour et s'avère totalement infatigable-jamais de blanc- même avec un empressement coupable et une paluche d’airain. Facile, me rétorquerez-vous avec une plume sertie aussi souple qu'un soc de charrue! En effet, mais elle se montre douce et plutôt agréable sur le papier et son conduit hautement sophistiqué tout comme sa qualité de fabrication ( structure à double paroi et résine ignifugée issue de l’industrie aéronautique) ont de quoi forcer le respect, tout comme sa robustesse, infiniment supérieure à certains teutons portés au pinacle sur ce forum! Il a été surnommé "la Rolls-Royce de l"écrivain" par un célèbre auteur nord-américain.

Côté vintage, chez Waterman, l'incontournable CF fait parfaitement le job. J'adore son design signé Harley J Earl, sa plume sertie et je ne déplore que la finesse un peu excessive du diamètre de sa section et l'indisponibilité de ses cartouches originelles.

Côté japs, je vous conseillerai à peu près tout, sauf les plumes souples, supple ou falcon, parfaites pour la calligraphie, mais pas pour le marathon scriptural avec leurs becs de plumes s'écartant la moindre attaque ou accélération un peu sérieuse. Par contre, un simple Pilot Custom 74 standard cumule à peu près toutes les qualités ( robustesse, fiabilité à toute épreuve, plume précise et agréable, légèreté, ergonomie, débit parfait, prix accessible pour une plume or, gabarit équilibré.) Parmi mes chouchous figure le remarquable Pilot Custom 823 chez qui j'aime tout: le look de demonstrator, le chargement à piston plunger (à dépression), la robustesse,la fiabilité (à condition de ne pas chercher à le démonter soi-même) et la merveilleuse plume N°15 maison qui parvient à concilier admirablement une certaine souplesse (mais pas de vrai flex préjudiciable à un bon contrôle) à un débit parfait à condition d'utiliser l'encre maison ou tout au moins, la plus fluide possible. A cette condition, le Custom 823 assure un service irréprochable. On pourrait en dire autant du Capless, à condition de supporter sa masse plus importante ( corps en étain) et la position particulière de son agrafe. J'affectionne également, particulièrement le petit Pilot Elite 95 S, adorable stylo de poche, sorte de Parker 45 sauce wasabi. Son look très 60's (c'est une réédition du Pilot Elite des années soixante) fait vibrer ma corde nostalgique mais plus encore, je craque totalement pour sa splendide plume or sertie qui cumule douceur, fiabilité avec une petite souplesse. En version bordeaux avec capuchon métallique satiné (très bien fini), c'est une véritable mini tuerie néo-rétro extrêmement pratique et compacte et proposée à prix doux sur la baie.

On citera, bien évidemment, l'incontournable Platinum 3776, très bon quoique un cran en dessous des Pilot en terme de qualité de plume (assez ferme en métallique ou 14K, moins précises dans le tracé) mais parfaitement apte à un service intensif avec l'avantage de digérer les encres occidentales sans encombre et d'accepter les cartouches internationales via un petit adaptateur. Ma version préférée est la cannelée, l'originelle, réplique du Waterman Hundred Years des années 40 et destinée aux écrivains ainsi que les versions haut de gamme Maki-é dotées de plume 18K notablement plus souples que leurs collègues plus modestes.

Les Sailor à plume 21K standard, excellents au demeurant me semblent un peu trop souples et délicats pour une utilisation intensive et enlevée...

Chez les teutons, Faber Castel jouit d'une bonne réputation de fiabilité et on peut conseiller tous les Pelikan du Pelikano au M800, le M1000, trop souple et volumineux ne pouvant remplir parfaitement la mission de marathonien. On peut opter également pour un Lamy à plume acier (rigide mais fiable) ou l'iconique 2000 au débit et à la fiabilité irréprochables.

Chez Parker, les vintages depuis le Duofold des années 20 jusqu'au 75 produit jusqu'au début des années 90 font d'admirables marathoniens. Mention spéciale au petit Parker 45 lancé au début des années 60, encore relativement facile à trouver et accessible ou encore aux modèles d'entrée de gamme à plume acier tels que les Jotter ou Vector, testés et approuvés par des générations d'écoliers et d'étudiants! Je n'évoquerai pas les Duofold(s) modernes dont je ne possède aucun exemplaire, préférant l'original des années 20 aux copies actuelles, même s'ils jouissent d'une bonne réputation, en particulier, le Centennial au meilleur débit (conduit à triple conduit d'arrivée d'encre contre un seul pour l'International.)
Je déconseille, par contre, le Sonnet à plume or (semi-flex) au débit quelque peu riquiqui et qui n'apprécie vraiment pas la manière forte, de surcroit il taille plutôt étroit (une M vaut à peine des F concurrentes.) Par contre et on en apprend tous les jours, j'ai jeté mon dévolu, il y a deux jours sur un Sonnet récent à plume ACIER proposé par une boutique à -50% et l'engin me bluffe totalement. J'ai eu l'occasion de le confronter à un Sonnet ciselé en argent massif à plume 18K bicolore (le top de la gamme) et les deux diffèrent totalement sur le papier. Le Sonnet or s'avère, certes souple, mais son débit assez faible et l'étroitesse de son tracé ne m'ont jamais convaincu (je lui préfère de très loin son ancêtre, le 75, totalement fiable, lui.) Le Sonnet à plume en acier se situe aux antipodes avec un débit généreux et infaillible (jamais aucun blanc, malgré toutes mes tentatives) avec, certes une plume assez notablement plus ferme que sa cousine 18K, mais pas totalement rigide et une largeur de trait infiniment supérieure avec une M généreuse lorgnant presque sur une large, une excellente surprise! De surcroit le Sonnet quelque soit sa plume jouit d'une excellente qualité de fabrication et d'un bon rapport qualité/prix, optez donc pour une entrée de gamme à plume acier!

Chez Sheaffer, on conseillera sans réserve à peu près tous les modèles depuis les Flat-tops des années 20 (le mien de 1927 ridiculise par son endurance la plupart des stylographes modernes.) Mes préférés sont, bien entendu, les modèles à plume Triumph conique des années 40 et les "Inlaid", surtout le PFM, initiateur du genre. Les Triumph-imperial, Targa jusqu'à l'Intrigue font d'excellents marathoniens par leur bon débit, tout comme les anciens modèles à plume acier mais je ne commenterai pas les performances des Sheaffer actuels ,made in China, qui ne m'intéressent pas du tout.

Chez les italiens, je conseille d'opter pour le turinois Aurora que ce soit en plume acier ou or. Mes chouchous se nomment, bien-entendu, Optima et 88, au débit irréprochable (avec l'encre maison ou un substitut de qualité) grâce au conduit maison en ébonite et à la plume "in-house" également plutôt ferme, mais vivante dont toucher particulier (moins douce mais incisive et plus communicative qu'une Bock par exemple) peut enchanter, ou, au contraire rebuter totalement. Néanmoins un Aurora se révèle toujours prêt pour une longue séance d'écriture, sans caprice, aucun.

Un mot pour mentionner les économiques, d'entrée de gamme, peu évoqués, avec comme choix évident le Pelikano dont la qualité de la plume acier peut en remontrer à des stylos valant plus de 20 fois son prix! Le Bic (ex Stypen) X-Pen fait également très bien son travail avec une plume plutôt ferme mais glissant agréablement sur le papier et un conduit qui suit sans problème, sa qualité de fabrication s'avère bonne et son prix très accessible (autour de 8 Euros.)

Passons aux choses sérieuses, vous vous demandez à ce stade sur quelles plumes je jette personnellement mon dévolu lorsque je dois me lancer dans de longs travaux d'écriture.

Si j'opte pour un moderne (cas le moins fréquent), mécaniquement, je me dirige naturellement (on ne se refait pas) sur un de mes très nombreux Pilot à plume or, infatigables et fiables comme une Honda ou une Mazda, ils vous mènent au bout de la nuit (de labeur) sans faiblesse ni encombre. Lorsque j'ai envie d'un peu de changement, je ressort un de mes Platinum ou Aurora, excellents et tout à fait dignes de foi.

Mais, je préfère nettement mes vintages, en raison de leur matériaux, toucher, forme, histoire, originalité et surtout, fiabilité (ils surpassent, en la matière 99% de la production actuelle.) Je ne peux ici tous les énumérer, car trop nombreux et tous épatants , mais, en fait, mon choix se fixe souvent sur deux spécimens, assez semblables d'ailleurs.

Le numéro 2 se nomme Sheaffer Crest, un modèle de 1945-47, dernière génération fabriquée en celluloïd dont la qualité de fabrication atteint des sommets inégalés (le pourtant mythique PFM fait franchement plastoc voire camelote à côté!) Sa ligne aérodynamique est un pur délice ans même évoquer la splendide plume Triumph conique de première génération due au génial Lynn P Martin. Certes totalement rigide, elle glisse sur le papier avec une douceur de satin parfaitement épaulée par un conduit en ébonite dit radial (!) par les réclames de l'époque car de forme circulaire. Le mien est équipé d'une très rare plume coarse soit une large (moins de 5% de la production de l'époque) qui évoque une moyenne généreuse d'aujourd'hui. Sa prise en main est facilitée par une section légèrement striée pour l'adhérence et une circonférence d'environ 13 mm le rendant tout à fait confortable lors des longue séances d'écriture, contrairement aux trop fins Thin Models qui s'imposeront quelques années plus tard à Fort Madison. Il s'agit, incontestablement de mon Sheaffer préféré, devant le PFM et tous les autres.

On en arrive naturellement au king absolu, le roi de la jungle, le maître incontesté. Cela va constituer une immense surprise pour beaucoup et je risque d'en choquer certain(e)s. Bon, je me lance, il répond au doux nom de Zinoviev Pobjeda (victoire) 353 . Son histoire mérite un chapitre entier. Anatoli Zinoviev, son concepteur était un éminent ingénieur en aéronautique soviétique et a été impliqué dans la conception des remarquables chasseurs Yak1, Yak3 et Yak9 de la deuxième guerre mondiale. la paix revenue, Zinoviev quitta les usines d'armements Yakovlev et fut nommé à la tête du combinat N°37 de Rostov sur le Don qui fabriquait divers produits dont des instruments d'écritures très basiques aux détestables plumes en acier. Zinoviev, ému de leur mauvaise qualité lança un contrôle qualité effectif et participa à un concours opposant diverses usines et destiné à commémorer le 1er anniversaire de la "victoire glorieuse de la grande guerre patriotique." Chaque combinat devait expédier à un jury, trié sur le volet un exemple de leur savoir faire. Zinoviev assisté de Primakov, un ingénieur et designer industriel renommé créa, tout simplement, le plus méconnu et le plus fabuleux stylographe de tous les temps. Il se basa sur des design américains, sans l'avouer, bien entendu. Il reprit à Wahl-Eversharp l'idée de la plume ajustable qui pouvait varier, grâce à une petite molette du full-flex au rigide absolu. Mais il alla plus loin en créant une plume quasi-conique, fortement inspirée de Sheaffer en or 23K (Da, Da!!), SVP! Mais il ne s'arrêta pas en si bon chemin. Sur une idée d'un dénommé Jivkov, le Pobjeda 353 (pour 353ème projet du combinat N°37) fut, en plus doté d'une plume rentrante, à l'image des safeties d'avant-guerre. Son dessin s'inspirait énormément des Wahl-Eversharp Doric et de l'Omas Extra-Lucens, mais en plus aérodynamique, à l'instar d'un Sheaffer Balance. Sa fabrication fait appel à un celluloïd digne des plus somptueux italiens et son corps arbore trois larges bagues en argent massif gravées, l'une à l'effigie de Lénine, père de la nation, la deuxième à l'image du camarade Joseph Staline et la 3ème commérant le sacrifice héroïque des peuples de l'Union Soviétique face à la barbarie nazie. Les hommes du combinat N°37 travaillèrent d'arrache pied afin de pouvoir présenter leur prototype dans les délais impartis au jury, ce qui fut fait. Deux objets retinrent particulièrement l'attention à savoir, une montre mécanique de haut niveau comportant de nombreuses complications telles qu'une alarme réglable intégrée ou encore la prise en compte des différents fuseaux horaires de cet immense pays et , bien entend, notre Pobjeda 353. Lequel impressionna immédiatement le président du jury, un certain Ivan kabanov, écrivain de son Etat et surtout, nègre en chef dudit camarade Staline. Il le surnomma immédiatement "Krasovets", ce qui signifie beauté. Mais sa ligne somptueuse et sa qualité de fabrication parfaite ne sont que peu de chose à côté de la suavité inégalable de son ensemble plume/conduit, ce que remarqua immédiatement Kabanov. En ce moment je savoure cet absolu que constitue le Pobjeda 353 et rien, franchement rien de connu en ce monde, ne peut rivaliser avec ce pur caviar de la stylographie, même la plume d'un Namiki Empereur semble rêche et grossière en comparaison! Zinoviev remporta donc le très convoité concours et une petite série d'une vingtaine d'exemplaires fut commandée dont deux à destination du petit père des peuples et le reste à l'usage exclusif des membres du Politburo! Deux exemplaires ont survécu jusqu'à nos jours dont un acheté plus de 50000 dollars US en 2011 par un riche collectionneur de Hong-Kong, un certain Li. L'autre exemplaire, ayant appartenu à Staline, se trouve en ma possession. Il n'est évidemment pas à vendre tant il me fascine et comble mes désirs les plus fous. J'ai oublié de vous préciser que ce chef-d’œuvre se recharge par un système à dépression très sophistiqué et qu'il peut avaler une encre à séchage instantanée, inspirée de la célèbre Parker Superchrome.
A la suite du concours, Zinoviev a été convoqué au Kremlin pour y être chaudement félicité et décoré de l'ordre de Lénine. Il s'est vu, en outre attribué une somme rondelette de 200000 roubles, une automobile de standing la GAZ (usine automobile Gorki de Nijni Novgorod) Pobjeda qui porte donc le même nom que cette merveille ainsi qu'une datcha, assez confortable.
J'ai personnellement eu l'immense privilège de rencontrer son concepteur, l'illustre Anatoli Zinoviev, car il est encore parmi nous, à l'âge de 97 ans. Je me suis rendu au fin fond de la Russie afin de célébrer dignement son anniversaire, le 1er avril dernier, mais rien ne s'est déroulé comme prévu. L'homme est devenu quelque peu atrabilaire avec l'âge et m'a reçu assez rudement. Farouche et solitaire, il n'apprécie guère les intrusions et possède un pistolet Tokarev 7.62 ainsi qu'un AK 47 qu'il a tendance à dégainer à tout bout de champ. Son humeur ne s'est pas calmée lorsqu'il a contemplé son cadeau, un gros et magnifique stylo noir, fabriqué à Hambourg qu'il m'a immédiatement balancé à la figure affirmant que je l'insultait avec " un machin en plastoc pareil indigne même de Youri, mon matou galeux à 3 pattes!" Il m"a ensuite vertement engueulé et m'a qualifié de "joli petit enfoiré" pour oser vous perdre votre temps avec un stylo né dans mon imagination féconde et honteuse...
On a terminé la soirée à siffler des vodkas en se marrant comme des baleines : mdr: en vous imaginant toutes et tous en train de vous ruer depuis de nombreuses minutes sur un moteur de recherche afin d'identifier ce mystérieux Zinoviev Pobjeda 353, on visionnait vos teints écarlates, vos mines déconfites vos mâchoires pendantes voire décrochées, c'est une honte, certes , mais c'est bon!

N'empêche, l'histoire paraissait presque crédible, dîtes-moi à quel endroit de mon récit vous avez flairé le canular.

Bon revenu de ce long délire (je présente mes plus plates excuses aux familles traumatisées et aux parents impressionnables), je vais enfin vous révéler le must absolu de l'endurance et de la robustesse. Petit indice, il s'agit d'un contemporain du Sheaffer Crest mentionné plus haut mais non mentionné, jusqu'ici, un oubli regrettable. Petits indices, il a été voulu par Kenneth Parker, conçu par Marlin S Baker et dessiné par Lazlo Moholy Nagy et peut être considéré comme le plus grand succès de l'histoire de l'écriture. Vous y êtes, bien-sûr, faîtes entrer sa majesté Parker 51. Certains ici ne l'aiment pas, c'est leur droit mais lorsque les critères dominants se nomment fiabilité, solidité et constance, le Parker 51 s'impose. A condition d'opter pour un aerometric (le plus fiable) et qu'il soit bien conservé ( cas le plus fréquent), il vous emmènera au bout du monde et de votre endurance car vous vous fatiguerez bien avant lui. Le P51 accepte toutes les négligences, avale toutes les encres, sans jamais rechigner ni causer le moindre désagrément à son propriétaire. Son design Bauhaus, à la fois ultra moderne et classique mériterait de figurer dans l'exposition permanente du Moma. Sa plume ferme mais d'une douceur de satin autorise les prises de notes les plus échevelées sans souci. Sa qualité de fabrication frise la perfection et sa fraicheur dans le temps impressionne (mon exemplaire de 1949 parait sortir d'usine alors que nombres de stylos modernes semblent défraichis, rayés et fatigués au bout de 3 ou 4 ans d'utilisation un peu sérieuse.) Le mien est doté d'une rare plume large, absolument paradisiaque de douceur avec un conduit au débit généreux. Un éminent membre de ce forum, grand amateur de Sheaffer devant l'éternel l'avait qualifié de "ZE PLUME!", on ne saurait mieux dire. Ajoutons qu'il se trouve en plusieurs coloris avec différents types de capuchons métalliques plus ou moins précieux. S"il vous tente, rendez-vous chez Styl'Honoré Arabian (spécialiste du modèle) ou chez A.Mora à Paris, dans les deux cas.
Le P51 est un peu le croisement d'une DS (la vraie, celle de 1955) pour l'audace technique et esthétique et d'une Volvo Amazon de la même époque pour la robustesse à toute épreuve, le meilleur des deux mondes réunis. Mon P51 à plume large me suit quotidiennement absolument partout depuis presque 15 ans et n'a jamais failli à sa tâche, un compagnon fidèle et discret qui fût mon tout premier vintage et qui demeurerait le seul et dernier si devait vendre l'intégralité de ma collection. Chacune et chacun s'accorde à le trouver splendide et il me semble, chaque jour plus actuel et moderne que la veille.
Parker, à son lancement lui accordait 10 ans d'avance sur la concurrence, il a, aujourd'hui, au bas mot 50 sur les"trucs" actuels.

En ce jour, je vote donc pour le Président incontesté le Parker 51, au dernier tour de scrutin, avec la certitude de ne pas me faire gruger ultérieurement, un phénomène rare de nos jours.

That's all folks, ravi d'avoir refait ce petit tour (dans tous les sens du terme) ici!

[silverado]

Un grand merci - de bonne heure - pour ce moment de bonheur, qui va éclairer ma journée !





Dommage que le P51 me semble aussi moche avec sa plume honteuse et camouflée... Surtout s'il est si bien construit et si proche de la perfection stylo graphique...

[Grisemine]

Canular ? Quel canular ?
Merci pour le... la... enfin, merci

[creatorcom]

Quel plaisir de vous relire pilotnamiki

"N'empêche, l'histoire paraissait presque crédible, dîtes-moi à quel endroit de mon récit vous avez flairé le canular"
Ayant, suivi quelques aventures de "pilotnamiki détective privé calamophile", pas plus de deux ou trois lignes

[Nicobee]

"N'empêche, l'histoire paraissait presque crédible, dîtes-moi à quel endroit de mon récit vous avez flairé le canular"

N'ayant pas encore été confronté à ce phénomène (si si un phénomène), et un peu trop naïvement sans doute, j'ai "tiqué" à certains déclarations mais cela restait plausible jusqu'à la rencontre... un premier avril et armes aux poings... non j'y crois plus mais j'ai quand même bien ri... à la fin du recit... pour le texte d'une part, mais aussi ri un peu jaune pour ma naïveté d'autre part... mon prof d'unif nous avait pourtant bien dit de ne pas croire tout ce qui était écrit sur le net

[BillHoony]

Pilotnamiki a réchappé de peu au goulag.
Mais pas à celui du forum. Mais comme le Parker 51 a été mentionné, les membres du forums seront peut-être plus conciliants.