Alors là, vraiment, c’est une très belle idée que ce carnet voyageur !
J’ai passé plus de 5 heures en continu à m’imprégner de toutes ces belles pages. Mais quel plaisir !
Et puis alors, c’est un véritable nuancier. Moi qui me posais quelques questions concernant le rendu de certaines encres …
J’ai, comme bien trop souvent, hypothéqué une bonne part de mon sommeil mais tant pis : ça en valait la peine.
Concernant ma propre contribution, je me suis bien amusé avec une histoire de science-fiction calamophile que je m’empresse de partager avec vous. (J'avais déjà donné un aperçu de mon stylo du XXXVè siècle dans un SDD).

Le règlement, c'est le règlement : un dessin pleine page donne droit à cinq pages au total plutôt que trois … Mais je suis bien conscient de mieux "dessiner" avec un appareil photo !
Apostille.
L’orbitale Eratosthène.
Vaste anneau d’une circonférence de 325 000 kms, l’orbitale Ératosthène, du nom de la géante gazeuse autour de laquelle elle circumnavigue, assure, par de subtiles orbites, 16h de jour pour 8h nocturnes à chacun de ses 650 segments d’une dimension uniforme de quelques 500 kms de long sur les 200 kms de largeur de l’artefact.
1er Thème.
Robert, un étrange aubergiste.
Robert, installé à un bureau auprès d’une des grandes fenêtres donnant sur la cascade, profitait de l’ambiance feutrée de son propre établissement. Il jouait avec l’instrument d’écriture, songeant au jour où ses ingénieurs le lui avaient offert à l’occasion de ses 120 ans, lesquels coïncidaient avec son départ à la retraite.
Les ingénieurs voulaient ainsi démontrer, à leur richissime fondateur, la grande technicité acquise par l’entreprise dans les processus fins de maîtrise de la gravité. L’objet renfermait une pincée d’atomes primordiaux, récupérés dans les cendres d’une naine blanche, après son implosion due à sa contraction d’étoile massive.
Offrant au stylo sa propre énergie illimitée, cette poussière élémentaire lui permettait, via de savants algorithmes, de réguler son propre poids ; sans ce mécanisme, il eut pesé plusieurs centaines de kilos.
2sd Thème
Le Stylographe à plume.
Ce très beau stylo, au corps légèrement renflé, est recouvert d’une matière noire, lisse, inaltérable, et pourtant chaleureuse. En l’observant bien, un semblant de mouvement parait animer sa substance même, comme un reflet du trou noir qu’a fini par devenir l’étoile qui, en s’effondrant, lui a offert son énergie. A chacune de ses extrémités, ainsi qu’à celle du capuchon, des cerclages d’un métal mat du plus bel effet. La plume est peut-être de même alliage, d’élégantes arabesques la parcourent. Y figure également le dessin d’un étrange volatile.
Juste au-dessus de l’endroit où poser les doigts, une fenêtre translucide montre la couleur de l’encre que la machinerie interne distille avec les éléments de la poussière d’étoile combinés à l’atmosphère ambiante. Via l’interface neurale du scripteur, le stylo reconstitue n’importe laquelle des encres jamais produites, allant jusqu’à restituer les imperfections, selon des notions abstruses de viscosité et autre tension superficielle.
La plume adopte la forme appropriée pour une écriture fine, épaisse, en oblique … une infinité de choix.
3ème thème
L’Auberge
Dessin
Apostille.
Le segment N° 342.
Richissime retraité, Robert est l’unique propriétaire du segment numéro 342 de l’orbitale. Il y a ingénieré une cascade fantastique qui, se jouant des règles ordinaires de la gravité, s’offre en spectacle aux hôtes de la gigantesque auberge de pierre blonde, qu’il a fait ériger en surplomb d'un grand lac.
Nota Bene.
Ce court récit, expressément rédigé pour ce carnet, vient en complément d’une nouvelle, « la Rencontre », où l’on découvre l’auberge et ses occupants.