Durant une période, les visites chez la Papetière furent fréquentes.
Les mains caressaient les pages des cahiers, en quête des plus douces afin que la plume s'y exprime au mieux.
Avides de couleurs, les yeux s'attardaient sur des objets les arborant.
Sur une petite étagère, un présentoir alignait soigneusement une multitude de précieux petits flacons aux étiquettes aussi variées que colorées.
A ma grande surprise, il s'agissait d'encres J. Herbin. "Lierre sauvage" puis "Lie de thé" étoffèrent une modeste collection.
Je les aime toutes les deux, pour des raisons à la fois différentes et communes.
"Lierre sauvage" s'imposa naturellement en premier sort.
C'est un vert pur et seyant, ni franchement clair, ni résolument foncé. Une touche d'éclat rehausse sa profondeur, apportant du caractère aux caractères.
Il est froid, mais sensible aux différentes pressions et courbes de l'écriture d'une plume fine sous laquelle il glisse doucement, tout en rythmant bien ses tracés.
Sa fraîcheur et sa vivacité font songer à une grande étendue à ciel ouvert, verdoyante, généreuse et sauvage.
A travers sa tour de verre transparent aux parois régulièrement lissées, bien polies et rondement agréables au toucher,
il joue avec les rayons du soleil et renvoie l'éclat de sa présence. Il m'accompagne partout où l'inspiration me suit.
J'aime à retrouver avec lui, la clarté, l'effervescence, la beauté naissante d'un printemps… même en hiver.
