Re: Ce bonheur matériel d'écrire...
Posté : 23 janv. 2014 23:33
Est-ce que cela ne pourrait pas être une plume à réservoir ?


Je ne sais pas si cela s'appelle ainsi, mais j'ai écris avec ce type de plumes lorsque j'étais en bureau d'études, à mes débuts.manohan a écrit :Est-ce que cela ne pourrait pas être une plume à réservoir ?
2'000 quand même ! Bravo et merci Marsu.Marsu a écrit :Oh ! Que oui...![]()
J'en ai encore une boîte quasi identique pour l'instant encore chez mon père qui a, lui-même, encore quelques instruments de dessin industriel... Il faudra que je les rapatrie un de ces jours.
C'est avec cela que j'ai fait quelques premières armes sur des bancs de lycée avant de passer aux autres Graphos et Rotring.
Ecrire des cotes, titres et cartouches... le tout sur des calque et contrecalque ou, plus tard, sur du "film", bien plus souple.
Eh ! C'est mon 2 000e message.
Heureusement que nous savons maintenant que le bug de (l'an) 2 000 n'aura pas lieu !
... en même temps, le 1er texte ci-dessus prouve que je suis bien du siècle dernier... on ne rajeunit pas, diantre !
Oui bravo MarsuAlain146 a écrit : 2'000 quand même ! Bravo et merci Marsu.
Merci Jimmy,jpeg a écrit :Dans un des plus beaux chapitres de « La maison des marées » intitulé « L’atelier atlantique », Kenneth White écrit ces lignes sur son atelier, son scriptorium. Il est dommage de ne pouvoir en citer qu’un petit morceau, il y a de très belles choses avant et après cet extrait d'abord sur le lieu et l'atelier, puis sur l’encre et le papier. Ceci aurait sa place dans le fil SDD sur le scriptorium.
[…] Lorsqu’une brume épaisse enveloppe ma maison de pierre isolée, comme c’est le cas ce matin, j’ai vraiment l’impression de vivre dans quelque ancien monastère de l’époque où les grues dansaient encore parmi les roseaux du Shannon. Et cette impression est encore plus forte lorsque, comme c’est le cas ce matin, je copie des manuscrits, tel un moine dans un ancien scriptorium.
J’ai toujours copié des textes, avec l’idée que ce faisant, je pouvais en quelque sorte me les incorporer. En bas, dans la bibliothèque, j’ai des copies d’Une saison en enfer de Rimbaud, par exemple, ou de The man with the Blue Guitar de Wallace Stevens, effectuées dans des chambres meublées cernées par les brouillards de Glasgow, ou dans ma mansarde de Fairlie, avec Arran, l’île des cerfs, à l’horizon, et les mouettes qui lançaient des cris apocalyptiques au-dessus de la lucarne. Mais celles-là étaient faites avec l’instrument que j’avais sous la main : une plume ordinaire trempée dans de l’encre ordinaire.
Or, depuis quelques années, j’ai développé une pratique qui va au-delà de la simple copie : des amis peintres me proposent des livres faits en plusieurs exemplaires, généralement trois ou quatre, avec des papiers très divers recouverts d’aquarelle ou de gouache ; je vis avec eux pendant un moment, cherchant un texte adéquat qu’ensuite je calligraphie.
Au moment où j’écris ceci, j’ai trois exemplaires d’un assez grand livre, de trente centimètres sur quinze, à la couverture d’un noir goudron traversé d’une flamme rouge, et dont les épaisses feuilles sont colorées de diverses manières : des lavis sépia, des traits bleus et rouges, des éclairs de sémaphore, des avalanches d’aquarelle, de claires plages de vide et de brusques brèches. Ces peintres savent les fonds que j’aime.
Alors je débarrasse la table, sors la coquille Saint-Jacques dans laquelle je verse une épaisse encre de Chine noire, et choisis ma plume. J’ai écrit avec toutes sortes d’instruments : un bambou aiguisé, un rameau d’églantine, des plumes techniques graphophlex de diverses tailles, mais actuellement j’utilise un porte-plume ordinaire muni d’une plume spéciale que j’ai trouvée récemment à Paris, dans une petite boutique près du Panthéon. […]
Suivent deux pages sur le scriptorium médiéval, les influences étrangères, sur un sutra japonais « … calligraphié sur un fond de feuilles et de vagues » et sur « le Genji Monogatari copié […] sur un papier couleur d’or brun, comme un splendide automne. »
White termine maintenant :
Jour de décembre, épais brouillard autour de la maison. Trempant ma plume à une cadence régulière dans la coquille encrier, j’écris le livre. Grand silence, seulement la plume qui gratte - et le livre qui avance page après page.
Où sommes-nous ?
Dans un paradis poétique
Un matin dans l’éternité.
Kenneth White, La maison des marées, traduction de Marie-Claude White, Albin Michel éditeur, 2005, pp 69 et 70.
Pour le plaisir. J'aime l'idée de copier pour s'incorporer le texte.
Jimmy
"A quoi servent les livres s'ils ne ramènent pas vers la vie, s'ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d'avidité ?"borelek a écrit :
Reste la tension : faut-il vivre, faut-il écrire ?
Cela me semble parfaitement clair et efficace pour la lecture.AD71 a écrit :"A quoi servent les livres s'ils ne ramènent pas vers la vie, s'ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d'avidité ?"borelek a écrit :
Reste la tension : faut-il vivre, faut-il écrire ?
Henry Miller (citation trouvée quelque part sur un blog littéraire)
Quand on sent qu'on doit écrire, on ne se pose pas de question. On écrit et c'est tout.borelek a écrit :Cela me semble parfaitement clair et efficace pour la lecture.AD71 a écrit :"A quoi servent les livres s'ils ne ramènent pas vers la vie, s'ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d'avidité ?"borelek a écrit :
Reste la tension : faut-il vivre, faut-il écrire ?
Henry Miller (citation trouvée quelque part sur un blog littéraire)
Si pour que nous puissions lire, certains doivent écrire, devons-nous pour autant tous écrire sous la promesse de mieux vivre ? En une expression, le paresseux en moi demande : le jeu en vaut-il la chandelle ? Certes, beaux papiers, bons stylos et encres subtiles aident à fausser la donne. Merci au forum.
Entendu. Je pars relire Lettres à un jeune Poète de RilkeGoélande a écrit : Quand on sent qu'on doit écrire, on ne se pose pas de question. On écrit et c'est tout.
Parcourant ce fil que je n'avais pas lu, sur ce détail, pour faire le pédant : on trouve l'expression chez Apollinaire, dans un des poèmes à Lou :Goélande a écrit :Un "porte-plume réservoir" ? Traduction littérale, non ?
Est-il possible d'apercevoir ces photos quelque part (il me semble, mais ce n'est certainement qu'une impression, que j'en ai déjà vu) ? Des publications ?Goélande a écrit :Il y aurait cependant encore plus à dire sur les photos de Marie-Claude que sur les textes de Ken...
Eh ben ... Voilà une phrase d'une rare puissance. Je suis époustouflé.AD71 a écrit : "Ce qu'il n'a pas pu écrire ne me manque pas. En revanche, je suis peiné par le désespoir d'un homme doté d'un puits d'encre où tremper sa plume qui lui fut scellée d'un bout de plomb dans le cerveau."