Je ne résiste pas à l'envie de partager ceci...
Matin ensoleillé. Enfin, ensoleillé sur le trottoir d’en face. Celui où s’assied tous les jours Louise vers 11 heures. Une fois ses courses faites, ses patates épluchées, le tout au fourneau.
Il arrive. S’approche de porte en porte. Louise, elle, s’appuie un peu plus sur sa canne, cette canne qu’ elle n’a plus quittée depuis ce jour où justement il est parti lui.
Il arrive, il est bientôt chez elle . Il tient son colis à présent dans les mains. Elle aperçoit les timbres, les cachets de la poste faisant foi, les tampons. Il a passé la douane. Un envoi pour vous Louise, de l’étranger, il y a des frais ! Elle accepte Louise parce que ce paquet là vaut bien plus que cela. Le facteur repart, une autre lettre, une autre porte…
Louise est dans sa cuisine. Elle rit , elle pleure, elle n’arrive pas à l’ ouvrir tant il est bien protégé. Ca vient, ça y est, elle le voit, elle se rappelle déjà. C’est bien lui. Mais comment ont-ils fait pour le retrouver ? Marcel l’avait sur lui sûrement.
Mais qui a pensé à le reprendre ? A le lui envoyer. Un Duofold ! Le Duofold ! Celui que Marcel, avait reçu de son père à l’occasion de son départ au bataillon. (Le père qui lui-même l’avait reçu du vieux Mike Fersen lors d’un voyage aux Amériques dans les années 20).
Celui qu’il a emporté avec lui là-bas où il a été tué.
Alors voir revenir la plume c’est un peu voir revenir son fils. La dernière lettre écrite de sa main disait « tout va bien, ne t’inquiète pas ».
Il faut qu’elle pense à utiliser ce Parker pour les remercier. Elle va écrire au Général. Même si, paraît-il, il n’utilise qu’un duo 7, il sera touché c’est sûr.
Evidemment Louise est morte depuis, sans autre héritier. En rachetant la maison les nouveaux ont tout vidé, tout jeté. Dans un tiroir de la cuisine, le Duofold, et une enveloppe avec une lettre où d’une belle écriture un Général disait toute sa sympathie à Louise . Tu jettes la paperasse Marie, le stylo je le mettrai sur Ebay qui sait cela vaut peut-être quelque chose !
C’est ainsi que le petit musée acquit, somme toute à bon compte, cette pièce exceptionnelle.
