www.stylo-plume.org

Il y a quelques années, la question était : "la photographie est-elle un art ?"

- ou: un Ko-An célèbre raconte que le maître exhibe une tasse de thé et dit :" l'appeler une tasse de thé est idiot - cela se voit. Ne pas l'appeler une tasse de thé est tout aussi idiot, vu que s'en est une...
Comment dois-je l'appeler ?"
Il parait que le bonne réponse serait de la présenter au Maître sur un éventail, ou, variante, de la boire, ou autre avariante, de lui f... à travers la tronche.
Moralité : dans le "Grand Véhicule" on vit la chose et l'on sort du conflit binaire propre à la conscience des malheureux occidentaux ( ! ).
La réponse Zen, ici, serait d'encrer son stylo et de s'en servir pour établir la liste des commissions (par exemple !)

Excellent sujet !

En ce qui me concerne, je suis collectionneur, humble collectionneur, du genre peu, doucement dans le temps et dont la collection évolue dans le temps.
Ma vision de la collection démarre d'abord par quelque chose de très profond sur l'amour de l'écriture, quelque chose qui m'a été transmis par un grand-père qui ayant fuit les pays de l'Est dans les années 30 pour venir à pied à Paris, écrivait chaque jour dans un carnet ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait.
Donc avant de parler de l'objet, il y a le rapport à la trace écrite, celle qui reste, celle qui témoigne de ce qui a été et de ce qui se transmet, c'est très émotionnel ( en tout cas pour moi ). Ecrivez une lettre à votre femme, votre mari, un être cher...

Ensuite il y a le plaisir, très primaire, le premier contact avec les yeux, le toucher, l'auscultation....cela sans oublier le contact avec le cédant, parfois ce sont des histoires banales, un vide-grenier, une maison vidée, un tiroir ouvert, parfois c'est beaucoup plus fort, un stylo donné par une femme le tenant de sa mère et voulant qu'il soit entre de bonne main, l'histoire de ce stylo prend de l'épaisseur car il devient aussi l'histoire d'une vie ou d'une personne.

Je boucle là avec Jean, c'est bon ensuite d'essayer de grapiller quelques infos en plus, sur les matériaux, l'ingeniosité, le marketing,
la mode, l'histoire, avec des livres, des rencontres, voir même des vidéo, http://www.youtube.com/watch?v=T9hOhAXaFp4.

Je ne sais si cela relève ou non du divan d'un psy, mais apprendre et éprouver des émotions, du plaisir...donne quelque part du sens à la vie non?

J'ai deux enfants de 8 et 9 ans, déjà en mesure de nommer les marques , et de me faire pleurer de rire lorsqu'ils demandent à leurs copains de classe " Eh toi, tu sais même pas ce que c'est qu'un Snorkel ! " ou de me laisser sans voix lorsque l'un d'eux me dit un jour, " tu sais papa, tu m'avais proposé il y a un mois de me donner un de tes stylos anciens lorsque je serais vieux...j'ai réfléchi et finalement je ne veux pas car lorsque je serais vieux...et que tu me le donnes...cela signifiera que tu sera bientôt mort...

Donc voilà, au travers de quelques expériences vécues, le pourquoi du comment de ma collection.

Bonne soirée
Jean Elie

C’est magnifique Jean Elie.
Un texte plein de sens et très émouvant.

Depuis 25 ans, les couteaux et les automobiles, en fonction des moyens de l'époque, puis très vite les stylos plumes.

Avec le corollaire pour chaque objet, la chasse, la découverte, la reconstruction amenant souvent au plaisir absolu d'une nouvelle mise en route : l'encre sur la plume qui n'est jamais comme nous l'avions imaginé, rien que des plaisirs simples.

Mais aussi, les économies qui enfin nous permettent , comme un enfant, d'aller chercher le stylo, vu il y a quelques mois, et quelque soit la marque, nous a fait rever.

Alors, collectionneur, accumulateur, malade, je m'en moque un peu.Simplement, je vis.
Dans le milieu du couteau, un violent débat déchira les amateurs : les Editions Hachettes ont frappées.

Je n'ai d'ailleurs pas trouvé trace dans notre forum, pourtant très complet d'une telle "bataile d'Hernani

En un mot, lorsque je pars en vacance, en week end, je prends quelques instants pour choisir 3à4 couteaux et 2à3 stylos,
je pourrais en avoir besoin.

libelle a écrit :Pour moi, être collectionneur est indépendant du nombre de stylos que nous procédons, de leurs styles, de leurs plumes.

Tant que nous acquérons des stylos dont nous nous servons plus ou moins régulièrement, quelque uns simultanément, nous ne sommes pas des collectionneurs. « Juste » des gourmands, des insatiables, ....je ne trouve pas de bons mots.
Des objets actifs dans nos vies.

Le collectionneur est, toujours pour moi, celui ou celle qui acquière un stylo sans avoir l’intension de l’utiliser. L’objet pour l’objet, neuf si possible, neuf de stock, « Mint condition » au pire. Des stylos dont toutes les pièces sont d’origines.
La collection est ainsi des stylos exposés dans des écrins sans jamais être encrés.

Et, j’avoue commencer à collectionner …oh pas beaucoup mais quand même

jean-charles a écrit :Si vous avez répondu NON, alors que de nombreux stylo étaient sur la table, je serais curieux de savoir comment vous a décrit le serveur auprès de ses collègues
Jean-Charles

Des fous, des cinglés

Les collectionneurs de stylos sont souvent des collectionneurs de montres ou de couteaux, si si. Sur un forum de montre français bien connu (forum à montres), beaucoup de collectionneurs de montres collectionnent les stylos.

Une raison de plus pour ne pas me sentir "collectionneuse"...

Les collectionneurs de stylos sont souvent des collectionneurs de montres ou de couteaux, si si. Sur un forum de montre français bien connu (forum à montres), beaucoup de collectionneurs de montres collectionnent les stylos.[/quote]

Sans doute le plaisir du "bel" objet, que l'on a dans la main, que l'on "chouchoute", pour lequel on a craqué.
Dans ma poche toujours un couteau: ça sert!
A mon poignet une montre mécanique pour avoir "l'heure" et se divertir en écoutant le tictac.
Dans un étui un stylo plume afin de noter sur mon calepin les "idées" que mon Alzheimer naissant gommerait surement.
Mais de ces objets nulle collection, j'avoue collectionner à ce jour un timbre. Collection sans justification, une collection jardin secret.

Euh, pas d'ac.
Beaucoup de collectionneurs de montres sont peut-être aussi collectionneurs de stylos.
Mais ce n'est pas le cas de la majorité des collectionneurs de stylos.

Les collectionneurs de stylos sont souvent des collectionneurs de montres ou de couteaux, si si. Sur un forum de montre français bien connu (forum à montres), beaucoup de collectionneurs de montres collectionnent les stylos.

Donc, le matin, avant de partir, on cherche dans sa collection de montres celle qui va aller à son poignet aujourd'hui. Puis l'on cherche dans sa collection de couteaux celui qu'on assortira à sa montre. Enfin, on cherche le stylo. Flûte ! Est-il assorti à la montre et au couteau ?
Ah oui ! Ne pas oublier le soir de chercher dans sa collection de réveils celui qu'on montera une heure à l'avance le lendemain pour avoir le temps de trouver lesdits objets.
C'est si fatigant, une vie de collectionneur !

AD71 a écrit : C'est si fatigant, une vie de collectionneur !

Mais ou sont passés les boutons de manchettes ?

libelle a écrit :

AD71 a écrit : C'est si fatigant, une vie de collectionneur !

Mais ou sont passés les boutons de manchettes ?

Ceux de sir Alfred Dunhill, ou ceux de Simon Tissot Dupont ?

Breguet fait des stylos il me semble...tout comme Montblanc qui produit des montre

Wathan a écrit :Breguet fait des stylos il me semble...tout comme Montblanc qui produit des montre

Le stylo plume breguet était fait par montégrappa , la revue ici http://www.fountainpennetwork.com/forum ... pic=131417
et mont blanc a racheté minerva et est entré dans le monde de l'horlogerie haut de gamme avec le chronographe rieussec (rieussec étant l'inventeur du chronographe)

georges zaslavsky a écrit :

Wathan a écrit :Breguet fait des stylos il me semble...tout comme Montblanc qui produit des montre

Le stylo plume breguet était fait par montégrappa , la revue ici http://www.fountainpennetwork.com/forum ... pic=131417
et mont blanc a racheté minerva et est entré dans le monde de l'horlogerie haut de gamme avec le chronographe rieussec (rieussec étant l'inventeur du chronographe)

Merci pour ces précisions. C'est donc en quelque sorte un "emballage". AHMA, outre la question de "légitimité", je trouve ca moyen mais ca ne regarde que moi

… il peut s’établir, entre des personnes et des choses, des rapports complexes de dépendance et de détermination mutuelles qu’on appelle en général une relation de « possession ». On parle en effet de posséder des objets, mais on dit aussi que des personnes sont possédées lorsque leur volonté semble asservie à celle d’une entité extérieure à elles….
In : « Le capitalisme à l’agonie » de Paul Jorion Ed. Fayard.

Je ne suis pas collectionneur. L’écriture est mon travail. En partie. Cinquante pour cent. J’allonge les lignes, remplis les cahiers, les blocs, les carnets avant de passer au clavier.

J’ai actuellement quatre stylos qui me tiennent à cœur. Mon Van Gogh plume B qui m’a servi deux années durant avec fidélité et satisfaction, mon Sapporo et sa plume « Music » qui m’enchante depuis six mois (cfr « la chanson de la Music » dans la rubrique « Plumes et écritures »), un Platinum avec également sa plume « Music » double fente depuis deux mois, qui se rode, qui se cherche, et un Sheaffer Crest plume LO d’une souplesse extraordinaire, un ravissement, à l’essai, et dont je crois qu’il fera définitivement partie de la famille.

Ce sont des outils de travail et chacun me satisfait à sa manière. J’alterne au gré de ma fantaisie sans règle préconçue. Je les ai acquis simplement parce que ce que je recherche est une qualité d’écriture qui me facilite cette opération qui consiste à tracer des lettres, des mots, des phrases structurant une pensée, des idées, des histoires. Ce à quoi sert un stylo, finalement. Je me fous royalement de leur habillage, ce qui importe, c’est la plume. Elle seule me donne une sensation, une volupté, un frisson lorsque j’écris. Elle ajoute le plaisir du toucher, de la caresse, du velours à celui de la création. Une plume amie mouille au contact de mes mots, elle en facilite la venue. Complice, elle les laisse s’écouler, se laissant guider par la main, la main au service de l’imagination. La plume est vivante, elle mue, se plie à votre écriture, elle l'épouse, elle s'y colle, y adhère. La plume est l’âme du stylo et dans votre main, l'âme de votre écriture, sa raison d’exister. Sans écriture, la plume se dessèche, le stylo reste un objet mort.

Whaou, que c’est beau et que vos mots Loucques, vos phrases expriment bien l’essentiel, sans pour autant me “foutre” de l’habillage qui complète ce plaisir de l’écriture par plume par le plaisir visuel du bel objet.

Tu livres, Loucques, une citation et une réflexion que je juge intéressantes : tu ne ressens pas le besoin de posséder coûte que coûte (cette dernière expression au propre et au figuré), et donc tu n'es pas possédé par le besoin d'acheter.
C'est cette jouissance d'écrire - le geste, les mots, les idées - qui nous habite et motive notre quête de la plume "ultime" , dixit Loositen il me semble.

Loucques a écrit :… il peut s’établir, entre des personnes et des choses, des rapports complexes de dépendance et de détermination mutuelles qu’on appelle en général une relation de « possession ». On parle en effet de posséder des objets, mais on dit aussi que des personnes sont possédées lorsque leur volonté semble asservie à celle d’une entité extérieure à elles….
In : « Le capitalisme à l’agonie » de Paul Jorion Ed. Fayard.

Je ne suis pas collectionneur. L’écriture est mon travail. En partie. Cinquante pour cent. J’allonge les lignes, remplis les cahiers, les blocs, les carnets avant de passer au clavier.

J’ai actuellement quatre stylos qui me tiennent à cœur. Mon Van Gogh plume B qui m’a servi deux années durant avec fidélité et satisfaction, mon Sapporo et sa plume « Music » qui m’enchante depuis six mois (cfr « la chanson de la Music » dans la rubrique « Plumes et écritures »), un Platinum avec également sa plume « Music » double fente depuis deux mois, qui se rode, qui se cherche, et un Sheaffer Crest plume LO d’une souplesse extraordinaire, un ravissement, à l’essai, et dont je crois qu’il fera définitivement partie de la famille.

Ce sont des outils de travail et chacun me satisfait à sa manière. J’alterne au gré de ma fantaisie sans règle préconçue. Je les ai acquis simplement parce que ce que je recherche est une qualité d’écriture qui me facilite cette opération qui consiste à tracer des lettres, des mots, des phrases structurant une pensée, des idées, des histoires. Ce à quoi sert un stylo, finalement. Je me fous royalement de leur habillage, ce qui importe, c’est la plume. Elle seule me donne une sensation, une volupté, un frisson lorsque j’écris. Elle ajoute le plaisir du toucher, de la caresse, du velours à celui de la création. Une plume amie mouille au contact de mes mots, elle en facilite la venue. Complice, elle les laisse s’écouler, se laissant guider par la main, la main au service de l’imagination. La plume est vivante, elle mue, se plie à votre écriture, elle l'épouse, elle s'y colle, y adhère. La plume est l’âme du stylo et dans votre main, l'âme de votre écriture, sa raison d’exister. Sans écriture, la plume se dessèche, le stylo reste un objet mort.

Oh ! Que je suis d'accord avec toi sur la primauté de la plume (ce d'autant que moi aussi, je suis plutôt adepte des plumes généreuses). Je ne suis pas accroc à l'esthétique du stylo non plus.
Néanmoins, j'attache de l'importance à la tenue du stylo dans la main tout de même. Son poids et son équilibre restent importants pour moi.

Aussi d'accord avec toi, jva. La main qui tient le stylo doit aussi y trouver son compte, question poids, équilibre, matière. Et si l'oeil se régale aussi, pourquoi s'en plaindre ? Mais dans ce domaine, pour moi, "small is beautiful".

AD71 a écrit :Mais dans ce domaine, pour moi, "small is beautiful".

Et pour moi, ce serait "léger est idéal".