Merci pour cette présentation ! A défaut d'être pratique, ce modèle est atypique en tout cas ! C'est un peu un Capless à bouchon.
L'avantage des Duke est qu'en général, ils sont plutôt bien finis, ce qui se ressent d'ailleurs sur le prix (quelques euros de plus en moyenne)
Dans la vie, il faut savoir être souple ! Orange = modération, Noir = sans modération.
En cas de désaccord avec la modération, veuillez avoir l'obligeance de contacter Leibniz ou PDZ.
Je suis allé voir la revue du Cybergraph et je le trouve beaucoup plus réussi que le Duke.
J'aime beaucoup ce que fait Lépine, et aussi ces stylos "usines à gaz", avec des caractéristiques improbables (ici le remplissage).
Dans le style cyber j'ai retrouvé ça, en pur plastique argenté, dont j'ignore la marque.
Armand a écrit :
J'aime beaucoup ce genre de stylos
Est il possible de les transformer en eyedropper, j'aime bien voir l'encre circuler dans les veines des stylos
Le Pelikan, non, c'est un modèle à piston, mais dans la mesure où se sont des "démonstrators", donc transparents par définitions, on voit déjà "l'encre circuler dans les veines" : quel est donc l’intérêt d'une transformation en eyedropper ?
En fait l'encre bouge constamment et j'aime voir cela
Lors de la rencontre à Sarrebourg, Invictus avait un twsbi transformé et j'ai trouvé cela magnifique
Armand
nous ne sommes que les gardiens éphémères d'un patrimoine qui appartient au passé
Un stylo-plume, ça sert accessoirement à écrire, non ?
J’avais une dizaine d’années et mon frère, de dix ans mon ainé, avait un Waterman tout noir, avec une grande plume en or. Il le remplissait directement en le faisant boire dans une étrange bouteille à facettes.
Il se prétendait poète et exhibait l’objet avec l’air de ceux qui savent la vérité.
S’il avait été un bon communiquant, il aurait vendu de la lessive et serait passé à Apostrophe.
J’étais à l’âge où l’on écrivait encore au porte-plume et au crayon, car l’institution « Education Nationale », à travers ses maîtres respectés, nous interdisait l’usage du stylo-bille. Le stylo-plume était sans doute jugé trop élitiste ou trop cher pour rentrer dans nos trousses.
Mes parents n’ont jamais eu de stylo-plume.
Les gens modestes de leur génération et de leur milieu populaire, étaient passés directement des plumes sergent-major de l’école au stylo-bille, avec une longue période intermédiaire d’écriture au « crayon-encre » que l’on mouillait du bout de la langue pour tracer des mots bien gras et vaporeux.
Mon père, dans son travail, n’écrivait qu’au Bic cristal.
Ma mère écrivait peu.
A la fin de leur vie, ils utilisaient les stylos-billes publicitaires donnés ici ou là.
Au moment du passage en sixième, les choses ont complétement changé.
Exit l’encre violette distribuée religieusement dans les encriers en début de journée par un élève méritant.
Le stylo-bille était devenu de rigueur, et j’ai fait défiler dans ma trousse tous les Bics et Reynolds de l’époque, jusqu’au « quatre couleurs » dont le propriétaire était jalousé et populaire.
Le stylo-plume était interdit pendant mes deux premières années de collège, sans doute pour les mêmes raisons qu’à l’école primaire.
Pourtant les Stypens commençaient à faire des ravages avec leur horrible pointe en acier plié qui trouait le papier si l’on avait une écriture trop vigoureuse.
Mais ces machins n’étaient pas des stylos-plumes.
Ils n’avaient pas un corps trapu et noir, une pompe pour les gaver d’encre noire.
Ils étaient le reflet de cette époque à venir, celle du marqueting, de l’obsolescence, de la médiocrité.
Moi je voulais un vrai, comme celui de mon frère, car je commençais maladroitement à écrire de petits poèmes dans un long carnet. Je rendais aussi service aux copains, en écrivant des poésies sur-mesure pour celles qu’ils convoitaient et espéraient ainsi séduire plus facilement.
Le maigre argent de poche, un franc par semaine, parfois deux quand j’allais voir mon arrière-grand –mère, n’aurait pas suffi à acheter l’objet de ma convoitise.
Je ne pouvais pas piquer celui du frangin ; son utilisation m’aurait obligé à la clandestinité vivement dangereuse, sans compter l’obligation de dissimuler une bouteille d’encre pour alimenter la bête.
J’avais envisagé la chose, et renoncé rapidement, car je redoutais les terribles conséquences si j’étais découvert : mépris familial et surtout raclée monumentale de la part du poète blessé à l’outil même de son génie.
On ne vole pas sa plume d’oie à Victor Hugo, ou son Parker 51 à Hemingway.
Il y avait au village une petite maison de la presse, tenue par un garçon pas très malin, mais qui avait le sens du commerce, du moins quand sa clientèle avait une douzaine d’années.
C’est chez lui que j’allais m’alimenter une fois par mois en Spirou et plus tard Pilote.
Ce devait être un jeudi.
Il avait mis un nouveau présentoir près de sa caisse ; de beaux scarabées noirs brillaient.
C’étaient des stylos-plumes. La petite étiquette indiquait 2,50 nouveaux francs, ce qui était une somme que je n’avais pas sur moi.
Le vendeur, qui avait remarqué mon intérêt pour les nouveaux venus, y alla de son boniment.
Un stylo cent pour cent français (sans doute un Mallat), pas besoin de cartouche capricieuse et hors de prix, mais un astucieux système en accordéon qui permettait de pomper une bonne quantité d’encre. Sans parler de cette plume généreuse et dorée, et de ce capuchon vissant pour plus de sécurité.
Je bavais littéralement devant l’austère objet.
Ma vie prenait un nouveau sens : il me le fallait et vite.
Mon père pendait sa veste dans le couloir.
La poche gauche, alourdie par des pièces d’un franc, tirait le vêtement en provoquant une petite bosse sur l’épaule droite, qui restait une fois la veste enfilée.
Pour ce stylo, je me fis voleur.
Je commençais prudemment en le soulageant d’une pièce d’un franc et attendis nerveusement le lendemain, pour voir si le larcin avait été découvert.
Rien de spécial.
Je m’enhardissais en en prenant deux de plus, ce qui ne provoqua aucune réaction.
Riche de 4,50 nouveaux francs, je retournais chez le commerçant.
J’achetais enfin le stylo et une bouteille d’encre bleue des mers du sud, ainsi qu’un nouveau carnet plus grand et sans lignes.
J’avais déjà prévu où je cacherais le tout, derrière le dernier tiroir de la commode de ma chambre, celui qu’on n’ouvrait jamais car il se coinçait facilement.
La nuit venue, je commençais fiévreusement le cérémonial.
Je dévissais le capuchon, comme on me l’avait expliqué, et je trempais la plume prudemment dans l’encrier.
J’appuyais délicatement sur le bouton en verre et des bulles éclatèrent à la surface du récipient, maculant mes doigts et le bureau d’encre.
J’étais surpris et affolé ; pas de Sopalin à cette époque.
Après avoir enduit mon mouchoir à carreaux, j’allais discrètement aux WC pour récupérer une bonne longueur de papier hygiénique.
L’encre avait imprégné le bois et résistait aux frottements et à la salive.
Ma mère ne manquerait pas de s’en apercevoir.
Mes craintes n’étaient rien face au désir d’essayer ce nouvel outil qui saurait me donner le talent que je méritais.
La plume grattait, se tordait, jusqu’à laisser sur le papier de petites taches crispées.
Déçu je rangeais le stylo et dépeçais un Bic pour justifier les marques accusatrices sur le bois.
Je regardais mes mains bleuies et m’endormais en pleurnichant sur mon triste sort.
Je fis deux autres tentatives, mais par prudence dans le jardin.
Je n’obtins pas plus de succès, et par dépit j’arrachais l’accordéon en caoutchouc et la plume de l’infidèle, avant de le finir à coups de marteau.
Ma deuxième tentative stylographique eut lieu quelques mois plus tard aux Nouvelles Galeries.
J’étais là avec ma mère pour acheter un pantalon et je ne sais quel hasard nous fit passer devant le rayon papèterie.
J’avais eu de bons résultats scolaires et j’argumentais qu’un bon stylo-plume ne pouvait que pérenniser la chose.
Ma mère, sensible à l’argument mais limitée dans son pouvoir d’achat, orienta mon choix sur un modèle austère mais à cartouches, avec une petite plume en acier, un capuchon doré, et le corps bien noir.
C’est avec fierté et enthousiasme que je ramenais l’objet convoité et non clandestin à la maison.
Ma mère ne me laissa pas le choix.
Elle voulait procéder à la mise en encre du stylo, prétextant ma maladresse, que je sus plus tard congénitale.
Le corps du stylo était rempli de deux petites cartouches placées tête-bêche, pour bien rentrer dans cet espace.
Il n’était pas vissé complétement, pour ne pas engager la cartouche sur le conduit.
Ma mère qui trouvait en vissant que la cartouche ne s’enfonçait pas assez, sortit la deuxième cartouche et inversa sa position.
Elle vissa plus fortement, mais la cartouche inversée fit éclater le bout du stylo.
Il était opérationnel, mais son corps fendu et blessé lui enlevait tout attrait.
Devant ma mine décontenancée, ma mère décréta que cela pouvait s’arranger avec un bout de scotch, puisque le stylo fonctionnait.
Il a fini sa carrière dans une boite et j’ai renoncé aux stylos-plumes pendant des années.
Merci Stylodor de nous raconter ainsi la découverte des stylos !
C'est passionnant, nous attendons la suite!
Dans la vie, il faut savoir être souple ! Orange = modération, Noir = sans modération.
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