J’ai reçu il y a quelques jours ce petit stylo. Il s’agit du Pilot Elite 95S, réédition pour les 95 ans de la marque d’un modèle de pocket pen de 1974, un peu comme le Justus 95, lui aussi ressorti cette année.
A la date où j’écris, on trouve encore assez peu d’information sur ce stylo. Quelqu’un sur internet a dit qu’il a lu quelque part qu’il s’agit d’une édition limitée à 5000 pièces. J’ai épluché le web en entier, sans trouver de confirmation. Or, il semble qu’il arrive parfois que ce qu’on voie sur internet s’avère faux ... Pour cette réédition, je pencherais donc plutôt pour une fabrication sans limite sur le nombre de pièces, mais sur une durée indéterminée, qu'on pourrait penser courte.
Pour cette note, je vous propose de le comparer à son alter ego, le Pilot M90 ou Myu 90, qui servira de référence.
Commençons par la taille:

Trois objets à bout pointu. Dans l'ordre : M90, Elite 95S et Concorde
Les deux stylos sont donc à ranger dans la catégorie des pocket pens, dont la taille en position fermée serait calquée sur celle des pochettes de chemises. Mouais. Je ferais simplement deux remarques. D’abord, là où j’achète mes chemises, il n’y a plus de pochettes pour les stylos. La mode semble être passée depuis quelques temps déjà (encore la faute aux ordinateurs, plus besoin de stylos), où alors je ne vais pas dans les bons magasins. Ensuite, pour les quelques chemises qui me restent avec une pochette, les stylos de taille normale rentrent très bien. Je suppose donc qu’à un moment dans l’Histoire, les fabricants de grands stylos ont fait plier les designers de chemises qui ont dû augmenter la taille des pochettes. Sans doute que Montblanc doit y être pour quelque chose (il faut bien montrer l’étoile blanche), mais je m’égare un peu… Pardon.
Bref, ces deux stylos, en position fermée, sont tous les deux tout petits. A peine une douzaine de centimètres. Une fois le capuchon enlevé, il est quasiment obligatoire de le poster. Certes, on pourrait envisager d’écrire sans poster, mais la petite taille du corps rendrait pénible les longues séances d’écriture. Ainsi, c’est ce capuchon qui confère au stylo ouvert son équilibre et sa bonne prise en main.
En position d’écriture, le Elite 95s est légèrement plus long que le M90. Le diamètre de la section est aussi un poil plus grand. Je n’ai pas sorti mon pied à coulisse, tout cela est du domaine du ressenti, mais cela le rend plus confortable.
>> Léger avantage au Elite 95s pour cela.

Les matériaux, le look.
A côté du M90, tout métal avec sa plume acier intégrée au corps et qui constitue une œuvre d’art en plus d’une prouesse technique, le Elite 95s est plus classique. Le capuchon est métallique, la section et le corps en résine, et la plume en or 14 carats. Noter que le clip du capuchon est articulé, ce qu’on n’imagine pas du premier coup, tant le ressort est raide.
Le capuchon d’ailleurs, tient par frottement. L’encliquetage du capuchon du M90, bruyant et parfois un peu laborieux paraît bien fragile à côté. Le Elite 95s, au contraire, s’ouvre et se ferme en silence, et le capuchon est parfaitement fixé et ajusté. Reste à voir avec l’usure si cela continuera.
Les deux stylos ont un look plutôt vintage, pour autant que cela veuille dire quelque chose pour un stylo plume. Le M90, s’il imite son ancêtre le Myu701, a ainsi transcendé son classicisme, pour devenir intemporel. Le Elite 95s affiche fièrement son logo Elite, à la calligraphie légèrement surannée.
>> pas de comparaison possible sur les matériaux et le design, le M90 est hors concours.
Les performances
Les performances du M90 sont connues. C’est une plume particulièrement raide. Ses détracteurs le comparent trop facilement à un clou. C’est à mon avis une insulte qui rabaisse celui qui la profère. Oui c’est une plume raide, mais c’est ce qu’on attend d’un instrument de précision. On n’utilise pas un M90 pour faire des pleins et des déliés, et c’est tout.
Le 95s est un peu plus subtil dans son comportement. Déjà la plume ne sort pas d’un bloc d’acier, elle est donc un peu plus souple. Quand je dis souple évidemment c’est faux. Elle n’a pas le début de la souplesse d’une plume élastique, mais n’oublions pas qu’on compare au M90. Cette plume (fine pour le modèle ici présent) est donc aussi un instrument de précision, avec un feedback un peu marqué mais qui reste doux. Parfait pour la maîtrise du geste.

La pointe avant basculante du Concorde, la pointe fine du Elite 95S et celle moyenne du M90
Il faut noter qu’elle a fonctionné parfaitement dès la sortie de la boîte, sans rinçage ou nettoyage particulier (j’ai mis de l’Iroshizuku Tsuki Yo).
>> avantage au M90 pour ce qui me concerne, mais je ne suis pas impartial.
Le rapport qualité prix
Le M90 avait un excellent rapport qualité prix à sa sortie. C’est un peu moins vrai maintenant où on ne le trouve plus facilement.
Je rangerais le Elite 95s dans la catégorie moyenne. On le trouve au Japon aux alentours de 70€ en cherchant un peu… On peut comparer au prix d’un vintage et trouver cela cher, mais bon… c’est un stylo neuf, aux standards actuels de production, alors pourquoi pas ?

Un autoportrait du 95S
>> avantage au M90 pour ce qui me concerne, mais je ne suis pas impartial.
Conclusion : Le plaisir vs. le fun
Le M90 n’est pas fun. C’est un bel outil, rare qui plus est, que j’aime utiliser. J’ai quand même toujours une sueur froide quand je le perds de vue au boulot (oui, je sors de chez moi avec…).
Le Elite 95s est un très bon stylo en résine, plus classique et sobre. J’aurais moins de scrupules à l’égarer, donc le fun prend là le pas sur le plaisir.

Une petite page d'écriture... pour le fun