Le modèle présenté a vu le jour en 1949. C’est le chant du cygne de la marque Matador et de son fabricant, Siebert & Löwen, fondé à Elberfeld en 1895 et présent un peu partout en Europe. Bien que de second rang, il avait à son actif de belles réussites : en Allemagne (Matador Express, Turbo et Turbino, Garant, Standard…) en France (safety en ébonite rouge et en habillage laminé or, dont certains produits par Laureau semblerait-il, mais également des « automatiques » en ébonite guillochée) et même en Pologne, où S&L avait implanté une usine en 1931 avec la complicité de Leon Goldfink, à Cracovie plus précisément, où de magnifiques Turbo en celluloid marbré ont vu le jour.
Les produits, notamment les pistons, étaient tous de bonne facture; quant aux plumes, le débat est ouvert car l’origine et les gravures changent d’un stylo à l’autre (un travail de recompilation serait bienvenu à ce sujet !)
Le Click
Avec la reprise des activités après la IIe guerre, la concurrence s’exacerbe dans l’univers du stylo.
L’innovation du Click – le capuchon qui ne se visse pas mais qui « s’encliquète » en faisant ce bruit caractéristique – portait tous les espoirs de la marque, qui s'employa à en faire un stylo décidément européen: on en trouve, avec des variantes de couleur et de finition, de la Suède jusqu’en Italie, où le Presbitero Click était produit probablement sous licence par un petit fabricant milanais.
Et voilà mon Matador Click 220, en plume F







Je lui trouve un petit air de ressemblance avec le Pelikan 140, ici présenté en plume EF et souple. Les deux ont une fenêtre (à mon avis le bout du piston n'est pas le même, je ne suis pas assez calée pour le dire) mais la forme du conduit est différente. Le débit est excellent sur les deux stylos.



Quelques info techniques, en Robert Oster Blue/Black sur TR 52g

Le Matador Click est à peine un cm plus long que le volatile, mais cela fait une grande différence quand on aime écrire, comme moi, sans capuchon.
Quant à la contenance, c’est la même qu’avec le Pélikan ; le Matador Click se remplit en 4 tours et demi du piston. À noter que le stylo est arrivé en excellent état (le vendeur est de confiance !), je n’ai eu qu’à mettre un peu de graisse de silicone sur le haut du piston et dans la fenêtre (c’est pratique, ces stylo à piston !). À noter également que dans certains Matador Click, le groupe plume-conduit se visse dans le corps, alors que dans le mien il s’agit d’un « friction fit ».
Comparatif d'écriture, en Pelikan 4001 Blue/Black (et oui, j'ai osé !) :


Mon ressenti :
Comme le Pelikan, le Matador Click est un « workehorse », toujours prêt à l’emploi, sans rechigner, sans « railroader ». Un vrai régal, ces Allemands !

La sensation sur le papier est très proche du Pelikan, mais je trouve la plume plus longue, ce qui est très agréable, et plus flexible : sans être incontrôlable, elle demande moins de pression qu’un semi-flex Pelikan pour une variation de trait à peu près identique. Tout cela reste néanmoins très subjectif …
Merci à tous pour avoir passé votre temps précieux à lire tout cela.
Si vous voulez en savoir plus et voir de belles images :
le fil ouvert par notre ami Christoph sur FPN, qui a su catalyser les efforts d’une communauté internationale d’amateurs Matador
http://www.fountainpennetwork.com/forum ... ead/page-1
le non moins spectaculaire fil de Azuniga, qui compile les modèles connus à aujourd'hui
https://estilograficas.mforos.com/21196 ... e-matador/
un fil italien, avec le Click Presbitero
http://forum.fountainpen.it/viewtopic.php?f=72&t=7508
sans parler des fils allemands et polonnais
https://www.penexchange.de/forum_neu/vi ... .php?t=384
https://www.piorawieczneforum.pl/topic/333-matador/