Ainsi le jeune homme commença à partager ses lignes avec un Waterman à la belle plume dorée. Hélas, déjà durement touché par le vol crapuleux de son Parker Falcon (un nom pareil le prédestinait sans doute), le garçon n'osa bientôt plus emmener son précieux sur les bancs du lycée. Se sentant délaissé, l'ingrat instrument commença à bouder et, l'encre séchant, se condamna de plus en plus à l'inactivité.
Les années passèrent et bien que suivant toujours les valises de l'homme devenu grand, le stylo ne sortait plus guère de son étui que pour faire payer à la main libératrice de trop longues heures de solitude. Un trait capricieux, une mauvaise mine (un comble pour une plume), peut-être un peu fin pour des mains devenues adultes, l'engin regagnait bien vite le satin jaune de son écrin. Un regret coupable de ne pas utiliser ce tendre cadeau venant s'ajouter à l'affaire, l'emplacement de la boite disparu de la mémoire de son propriétaire.
Un beau matin de printemps, l'homme se remit à la belle écriture. Il réveilla son vieux compagnon de fac, lui adjoint les services d'un diplomate et reprit une activité épistolaire. Le souvenir du fameux Waterman revint bien vite à sa mémoire mais après quelques déménagements, il se trouva dans l'incapacité de mettre la main dessus. Il fit donc appel à l'esprit de sa défunte aïeule pour obtenir un coup de pouce. Celle-ci, encore pleine de bienveillance, le mit bien vite sur la piste. C'est le coeur plein d'espoir que le toujours jeune homme déboucha le stylo.
Le temps l'avait un peu épargné mais l'encre séchée défiait à nouveau le bon débit des mots. Qu'à cela ne tienne, suivant les conseils qu'il avait lu sur un excellent forum, l'apprenti calamophile envoya toute la section prendre un bain. De longues heures plus tard, et équipé d'un converter tout neuf, vitalisé à l'asa-gao, le bel objet se décida à parler sans heurt.
C'était donc l'histoire d'une résurrection.
Sortie de boite



After

